Climat : les 1% les plus riches émettent deux fois plus de gaz à effet de serre que la moitié la plus pauvre de la population
Dans un rapport publié lundi, l'ONG Oxfam souligne le poids disproportionné du mode de vie des populations les plus riches dans le réchauffement climatique. Elle réclame plus de justice sociale, notamment dans les plans de relance post-Covid-19.
Le chiffre est impressionnant. Avec leurs grosses voitures et leurs voyages d'affaires en avion, les 1% les plus riches du monde émettent deux fois plus de gaz à effet de serre que la moitié la plus pauvre de la population, selon un rapport d'Oxfam, publié lundi 21 septembre. L'ONG s'est penchée sur la période 1990-2015, 25 années pendant lesquelles les émissions mondiales de CO2, responsables du réchauffement d'une planète qui a déjà gagné plus de +1°C depuis l'ère pré-industrielle, ont augmenté de près de 60%.
Selon son analyse, "les 1% les plus riches de la population (environ 63 millions de personnes) étaient responsables à eux seuls de 15 % des émissions cumulées", soit "deux fois plus que la moitié la plus pauvre de la population mondiale". Et les 10% les plus riches de la population mondiale (environ 630 millions de personnes) étaient responsables de 52% des émissions de CO2 cumulées. "Au cours des 20-30 dernières années, la crise climatique s'est amplifiée et le budget carbone mondial limité a été dilapidé au service d'une intensification de la consommation d'une population nantie, et non pour sortir des personnes de la pauvreté", dénonce Oxfam.
"La frange la plus riche de la société pollue de manière disproportionnée"
Et les groupes qui "souffrent le plus de cette injustice sont les moins responsables de la crise climatique" : les plus pauvres et les générations futures, poursuit l'ONG, appelant les gouvernements du monde entier à rectifier le tir en plaçant justice sociale et lutte contre le climat au cœur des plans de relance économique post-Covid. "Il est clair que le modèle de croissance économique très émetteur de carbone et très inégalitaire des 20-30 dernières années n'a pas bénéficié à la moitié la plus pauvre de l'humanité", a dénoncé Tim Gore, expert de l'ONG.
Pour inverser cette situation, l'ONG propose notamment d'utiliser les leviers suivants : "impôt sur la fortune, taxes carbone sur les produits et services de luxe (comme des taxes carbone sur les ventes de SUV, les jets privés ou les super-yachts, ou des taxes sur les vols fréquents ou en classe affaires)", "arrêt de l’exonération fiscale sur le carburant d’aviation", investissements dans des infrastructures moins émettrices de carbones (transports publics, vélos, rénovation énergétique) ou encore "interdiction de la publicité dans les lieux publics".
"La pandémie de Covid-19 fait inévitablement ressortir la nécessité de reconstruire mieux et d'inscrire l'économie mondiale sur une voie plus juste, plus durable et plus résiliente, estime dans le rapport l'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Cet engagement collectif doit avoir comme priorité de réduire les émissions de CO2 de la frange la plus riche de la société, qui pollue de manière disproportionnée."
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