Le violoniste français de renommée mondiale Renaud Capuçon fait réviser son outil de travail dès qu’il est à Paris, entre deux avions… Son violon est un guarnerius de 1737 appelé le "Vicomte de Panette". Le virtuose de 41 ans ne le quitte jamais et donne en sa compagnie 120 concerts par an dans le monde entier."Il sonne bien mais on va quand même vérifier un peu si tout est en ordre", dit-il dans le taxi qui le conduit chez son luthier Pierre Barthel. Il lui confie cette œuvre d’art de 280 ans : "J’étais à Abou Dhabi il y a cinq jours, et je ne sais pas si c’est le temps, mais j’ai l’impression qu’il s’est un peu rétréci… Regarde le chevalet, je me demande s’il n’est pas un peu en avant…"Un violon "aussi exceptionnel qu’un Manet ou un Modigliani""Le médecin va agir", affirme Renaud Capuçon en donnant son instrument fétiche au luthier qui est "l’unique personne qui a le droit d’y toucher. Personne d’autre". Quelques infimes réglages sont réalisés. L’artiste teste alors sa merveille au milieu de l’atelier-boutique : "C’est encore un tout petit peu voilé, un rien, comme si le chant était un petit peu plus étroit."Le luthier analyse de son côté : "Il est peut-être un tout petit peu moins rond, mais plus dynamique. Il manque de profondeur." Le guarnerius repasse alors entre les mains d’or de Pierre Barthel pour une ultime mise au point. Pour Renaud Capuçon, son violon est "aussi exceptionnel qu’un Manet ou un Modigliani... Cela fait rêver de voir l’étiquette, un bout de parchemin qui date de centaines d’années… 1737, c’est dingue !"