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Que faire pour lutter contre les inégalités salariales au sein du couple ?

Selon une étude de l'Insee publiée jeudi 6 mars, les trois quarts des Françaises en couple gagnent moins que leur conjoint masculin. 

Article rédigé par franceinfo - Jéromine Santo Gammaire
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Ces inégalités de revenus dans le couple s'expliquent, notamment, par le fait que les femmes travaillent davantage à temps partiel que les hommes. (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)

L'égalité n'est pas encore pour demain. Mais on progresse... Deux jours avant la Journée internationale des droits des femmes, l'Insee publie, jeudi 6 mars, une étude selon laquelle, en France, les trois quarts des femmes en couple avec un homme gagnaient, en 2011, moins que leur conjoint. En moyenne, elles apportent 36% de revenus au ménage, un chiffre toutefois en augmentation de trois points par rapport à 2002.

L'étude montre que la situation évolue, sans néanmoins marquer de nette tendance. Elle fait surtout l'analyse des critères qui ont une influence sur les écarts de revenus entre hommes et femmes au sein du couple. Existe-t-il des solutions pour favoriser l'égalité de revenus ? Francetv info fait le point. 

Sur le niveau de diplôme 

Le constat. Plus le niveau de diplôme de la femme augmente, plus elle participe aux revenus du ménage. "Mais une meilleure qualification ne se traduit pas toujours pas un revenu supérieur à celui du conjoint, témoigne Pascale Breuil, chef de l'unité des études démographiques et sociales à l'Insee. Quand la femme est cadre ou profession intermédiaire, et l'homme ouvrier ou employé, ils contribuent tous les deux en moyenne à la moitié des revenus du couple, notamment parce que la femme peut être à temps partiel." Selon l'étude, lorsque le diplôme de la femme est plus élevé que celui de son conjoint, elle participe à hauteur de 41% aux revenus du foyer. Globalement, les femmes sont davantage diplômées que les hommes, mais dans des filières qui sont moins reconnues ou moins valorisées.

La solution. Revaloriser les filières d'études ainsi que les métiers qui comptent le plus de femmes. "La solution n'est pas la mixité directe au sein de toutes les filières, estime Rachel Silvera, auteur de Un quart en moins, des femmes se battent pour en finir avec les inégalités de salaires (Ed. La découverte). Il faut faire évoluer les mentalités." Elle préconise pour cela "une rémunération équivalente entre les métiers qui comptent les plus de femmes et ceux comptant le plus d'hommes"

Sur la composition de la famille

Le constat. Lorsque la famille s'agrandit, la femme a tendance à accepter plus facilement un contrat à temps partiel et va parfois jusqu'à arrêter son activité. Ce fait témoigne-t-il d'un souhait ou d'une contrainte ? Difficile à déterminer, mais la contribution moyenne d'une femme passe de 39% des revenus dans un couple sans enfant à 38 % et 36 % quand il y a un ou deux enfants, puis à 27% lorsqu'il y a trois bambins ou plus. De même, dans les couples mariés, les femmes participent moins aux revenus du ménage. "Dans ce cas, plusieurs facteurs peuvent intervenir, explique Pascale Breuil. Le choix de se marier lui-même peut être lié aux écarts de revenus au sein du couple, permettant d'assurer davantage de sécurité à l'un des conjoints."

La solution. "Il faut mieux équilibrer le temps de travail entre hommes et femmes, estime Pascale Breuil. "Le temps total consacré aux activités domestiques et professionnelles est le même pour les femmes et les hommes, indique Pascale Breuil. Mais la répartition n'est pas la même : les femmes consacrent plus de temps aux activités domestiques non rémunérées que leurs conjoints".

Sur les inégalités du marché du travail

Le constat. "Les femmes travaillent sont près de trois fois plus souvent que les hommes en temps partiel subi", ajoute Pascale Breuil. Dans ce cas, la femme participe aux revenus du couple à hauteur de 34%. Mais l'Insee note que, lorsque les deux conjoints travaillent à temps complet, "la femme contribue en moyenne pour 44 % aux revenus, niveau le plus proche de la parité des revenus". Si ce taux n'atteint pas 50%, cela s'explique par les inégalités présentes sur le marché du travail : les femmes ont accès à des emplois moins qualifiés et, à poste égal, leurs salaires sont inférieurs... même si les écarts de salaire ont désormais tendance à se réduire, après une longue période de stagnation.

Les solutions. "Les femmes ne doivent pas hésiter à négocier, exiger un vrai bilan sur les écarts de salaires au sein de leur entreprise", soutient Rachel Silvera. Lorsqu'elles s'estiment victimes de discriminations au travail, elles peuvent faire valoir leurs droits en justice. "De plus en plus d'accords sont signés, 500 entreprises ont été mises en demeure, énumère l'auteur. Je pense que l'on va dans le bon sens. La menace de la sanction peut être un bon moyen de faire bouger les choses." 

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