Cet article date de plus de douze ans.

Parrainera, parrainera pas ? Paroles de maires

Courtisés par les candidats en quête des 500 signatures pour se présenter à la présidentielle, les élus des petites communes sont souvent réticents, parfois hésitants ou au contraire ravis de parrainer. Témoignages.

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
(De gauche à droite) Haut : Louis Dubreil, Michèle Cousse. Bas : Joséphine Martelli et Pascal Laperche : élus de petites communes de France au 94e Congrès de l'Association des maires, mercredi 23 novembre 2011 à Paris. (SALOME LEGRAND / FTVi)

Tour à tour, les petits candidats à la présidentielle se rendent au 94e congrès de l’Association des maires de France les 22, 23 et 24 novembre à Paris. Ils viennent y glaner les signatures nécessaires pour valider leur candidature à la présidentielle. Qu’ils parrainent ou non les postulants, ces élus locaux ont un avis sur la question. FTVi a identifié trois catégories parmi ceux qu'il a interrogés. 

• Ceux qui disent : "Non, c’est non"

Claude Ehlinger, maire d’Urbès, Haut-Rhin, 500 habitants :  "Je n'ai pas à signer, et je ne le fais pas ! Parce que c'est publié au Journal Officiel et qu'ensuite, tout le monde met son nez dedans. Surtout la presse et c'est ça qui me déplaît. Si ça n'était pas public, oui, je signerais. Mais là, c'est compliqué. Je ne connais même pas la sensibilité politique de mes adjoints !"

Alain Ribolleda, maire de Durban, Gers, 150 habitants : "Je ne parraine personne, je trouve qu’il y a trop de candidats. Il y a des candidatures de gens qui ne souhaitent que faire parler d’eux, des candidatures totalement loufoques. Ils n’apportent rien, donc je ne veux pas participer à ce manque de lisibilité. C’est un choix."  

Pascal Laperche, maire de Beaupuy, Haute-Garonne, 1 300 habitants : "Je suis élu d’une petite commune et dès le départ, j’ai tenu le discours d’une candidature non partisane. Et parrainer un candidat, c’est permettre sa candidature, donc le soutenir. Je ne sais même pas où se situent, les gens de mon conseil municipal. Peut-être à l’extrême droite, à l’extrême gauche, donc ce n’est pas à l’ordre du jour."

Michèle Cousse, maire de Montégut-Arros, Gers, 300 habitants : "Je suis maire d’une petite commune sans étiquette et je respecte le choix de mes électeurs. Et puis pourquoi parrainer une personne plutôt qu’une autre ? C’est une décision personnelle."

Georges Poncelet, maire d’Urschenheim, Haut-Rhin, 700 habitants: "En 2007, j’ai parrainé Arlette Laguiller alors que je ne suis pas du tout proche de Lutte ouvrière, mais pour qu’elle puisse s’exprimer. Et parce que je me suis fait embobiner par son représentant. Je regrette un peu, il y a eu des retombées. Surtout dans la presse, on m’a dit : 'Vous avez soutenu l’extrême gauche'. Donc cette année, je m’abstiens."

• Ceux qui hésitent 

Daniel Demarty, maire d'Aureil, Haute-Vienne, 900 habitants : " Je suis proche du PS et j'estime que je suis tenu à une certaine discipline même si, cette année, on n'a pas encore eu de consignes. D'ailleurs, j'ai déjà signé contre l'avis du PS il y a quelques temps mais là, il n'y a pas de candidats que j'ai envie de soutenir. Maintenant, je ne signe plus de parrainage. Par contre, je trouve qu'il ne devrait pas y avoir de barrage, par exemple, pour les candidats du FN. Je ne dis pas qu'au fond de moi, je n'ai pas envie de les parrainer, mais de là à sauter le pas, c'est autre chose. Ça a du sens quand même, même si on dit que ce n'est pas un soutien."

Louis Dubreil, maire de Saint-Brice-en-Coglès, Ille-et-Vilaine, 2 800 habitants : "Pour l’instant, ma position, c’est de rester prudent sur la question. Notamment parce que cette année, il y a un vrai risque d’émiettement des candidatures. Autant je suis très favorable au débat ouvert, autant je ne veux pas que 2002 se reproduise. Donc je suis plutôt frileux."

• Ceux qui parrainent sans problème

Jean-Robert Richard, adjoint à La-Roche-de-Rame, Hautes-Alpes, 850 habitants : "On va y réfléchir mais depuis très longtemps, on s’arrange pour parrainer de très petites formations, de droite ou de gauche. Il n’y a pas vraiment de critères, on en discute entre maire et adjoints et on se décide. En 2007, on avait soutenu une liste trotskyste dissidente, et en 2002, ben... je ne me souviens plus !" 

Michel Fèvre, maire de Châtellenot, Côte-d'Or, 150 habitants : "Oui, je parraine euh .. je ne sais plus comment elle s’appelle. Ah si ! Nathalie Arthaud, de Lutte ouvrière. Parce qu’il y a un ami, un électeur qui m’a dit : 'Tiens, je m’occupe d’elle', et voilà. Et parce que j’estime que les petits partis ont leur mot à dire bien sûr."

Joséphine Martelli, maire de Pigna, Haute-Corse, 100 habitants : "Je suis socialiste mais comme notre candidat n’a pas besoin de mon parrainage, j’ai parrainé Eva Joly. C’est important pour le débat, je trouve. A mon avis, c’est nécessaire qu’elle soit présente, on ne peut pas se permettre de l’écarter. Comme je respecte toutes les tendances dans mon conseil municipal, et que le parrainage, on le donne en tant que personne et pas au nom du village, ça ne pose pas de problème !"

Sébastien Meurant, Saint-Leu-la-Fôret, Val-d'Oise, 15 000 habitants : "Je parrainerai le candidat UMP, ça me paraît naturel. Même si je comprends bien que d'autres tendances demandent à s'exprimer. Mais je ne me vois pas du tout soutenir quelqu'un d'autre, il faut un minimum de cohérence avec ce que je défends."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.