Le préfet accusé de propos racistes se défend
Le préfet soupconné d'injures racistes, Paul Girot de Langlad, se défend et crie à la "manipulation"Le préfet soupconné d'injures racistes, Paul Girot de Langlad, se défend et crie à la "manipulation"
Mis en cause par un agent de sûreté de l'aéroport d'Orly, le préfet a été "immédiatement" suspendu vendredi par le ministère de l'Intérieur et une enquête a été ouverte pour "injures publiques à caractère racial".
Samedi, Paul Girot de Langlade a affirmé sur France Inter qu'il "ne voyait pas" ce qu'on pouvait lui "reprocher" dans cette affaire.
"Les comportements et les propos qu'on me fait tenir dans les médias depuis deux jours ne sont pas les miens et ne reflètent ni la réalité ni ma personnalité. Je n'ai toujours pas eu connaissance d'une plainte et je ne vois pas ce qu'on peut me reprocher", a-t-il déclaré.
"Je m'étonne que des propos qui n'ont jamais été tenus soient véhiculés sans vérification approfondie", a-t-il ajouté.
"L'hôtesse d'Air France qui m'accompagnait pour le transit à Orly entre deux avions, était indignée elle-même par le comportement de l'agent de sécurité et m'a présenté des excuses au nom de sa compagnie", a-t-il assuré. "Je leur ai dit +dépêchez-vous+, de façon agressive, certes, mais c'est tout ce que je leur ai dit", a-t-il assuré.
"Il s'agit sans doute, pour moi, d'une manipulation en lien avec les deux procès qui ont été engagés à mon encontre par le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), pour lesquels je vous rappelle il a été débouté à deux reprises", a poursuivi le préfet.
Ce n'est pas la première plainte engagée contre M.Girot de Langlade, préfet hors cadre, qui a déjà obtenu une relaxe et un non-lieu pour des propos concernant les gens du voyage.
Les faits reprochés au préfet
Le préfet Paul Girot de Langlade est soupçonné d'avoir tenu des propos raciste le 31 juillet vers 06H50 à l'aéroport d'Orly-Ouest. Une plainte pour injures racistes a été déposée le 4 août au commissariat de Corbeil-Essonnes (Essonne) par une agent de sûreté d'origine antillaise de la société Securitas. L'enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
Selon la plaignante, âgée de 27 ans, l'alarme ayant retenti alors que le préfet franchissait le portique de sécurité, une de ses collègues lui a demandé de vider ses poches. Le préfet aurait alors lancé le contenu de ses poches sur l'agent.
La jeune femme lui demandant de garder son calme, M. Girot de Langlade lui a répondu, toujours selon les termes de la plainte : "On est là où ? On se croirait en Afrique ici", arguant de sa qualité de préfet.
Alertés par l'incident, des membres de la hiérarchie et du personnel d'Aéroports de Paris se sont approchés. "De toutes façons, il n'y a que des Noirs ici", a alors ajouté le préfet devant ces témoins.
Le préfet coordonnait pour la Réunion les Etats généraux de l'outremer
Le préfet, qui était coordonnateur local pour la Réunion des Etats généraux de l'Outre-mer, a été suspendu "immédiatement" de sa fonction de coordinateur, a précisé vendredi le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux. "Je ne tolèrerai jamais que des propos racistes ou discriminants soient tenus dans notre pays, d'autant plus par un représentant de l'Etat, quel qu'il soit", a dit le ministre.
Le délégué interministériel à l'Outre-mer Patrick Karam a salué cette décision, signe d'une "tolérance zéro" du gouvernement. Tout en rappelant que le préfet est "innocent jusqu'à preuve du contraire", M. Karam a estimé que "lorsque vous êtes haut fonctionnaire, dépositaire de l'autorité publique, en plus en charge des Etats généraux sur l'Outre-mer à la Réunion, vous devez être irréprochable".
M. Girot de Langlade avait remis le 30 juillet son rapport de synthèse sur sa mission à la Réunion.
Les associations antiracistes demandent des sanctions "exemplaires" si les faits sont avérés
Les associations de lutte contre le racisme sont montées au créneau, demandant une sanction "exemplaire" si les faits étaient avérés. Qualifiant le préfet de "beauf de la République", Mouloud Aounit, président du Mrap, a demandé que "la justice soit exemplaire" s'agissant d'un "multirécidiviste".
SOS Racisme s'est prononcé pour la "révocation pure et simple" du haut fonctionnaire, si l'enquête confirmait les propos visés. Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a réclamé une "mesure disciplinaire de mise à pied".
Mis en cause pour des propos contre les gens du voyage, puis relaxé
Paul Girot de Langlade avait été relaxé en appel en juin 2008 pour des propos assimilant les gens du voyage à des délinquants, tenus alors qu'il était préfet d'Indre-et-Loire. Dans La Nouvelle République du Centre-Ouest, il avait déclaré "il y en a trop (des gens du voyage ndlr) dans le département. On a été trop laxistes pendant trop longtemps. Chacun sait que quand ils arrivent quelque part, il y a de la délinquance".
Il avait déjà fait l'objet d'une procédure concernant les gens du voyage en 2002 quand il était préfet du Vaucluse. Celle-ci s'était soldée par un non-lieu, confirmé en appel en 2005, les faits étant prescrits.
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