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La mère d’une victime de Merah sifflée à cause de son voile lors d'une intervention à l'Assemblée nationale

Latifa Ibn Ziaten a été obligée d'expliquer qu'elle le portait pour faire son deuil.

Article rédigé par franceinfo
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Latifa Ibn Ziaten, à Paris, le 19 novembre 2015. (JACQUES BRINON / AFP)

A la veille de la journée de la laïcité, l'incident est du plus mauvais effet. Mardi 8 décembre, Latifa Ibn Ziaten, la mère d'un des trois soldats tués à Montauban (Tarn-et-Garonne), le 11 mars 2012, par Mohamed Merah, a été huée et sifflée dans une salle de l'Assemblée nationale, à Paris. Elle était invitée à prendre la parole à l'occasion d’une conférence du groupe socialiste sur la laïcité. 

Que s'est-il passé ?

Selon certains participants, interrogés par Buzzfeed, c'est parce qu'elle portait un foulard que la présence de Latifa Ibn Ziaten a été contestée. Pascale Tournier, la journaliste de La Vie, était dans la salle. Elle raconte sur Twitter :

Selon d'autres témoins, Latifa Ibn Ziaten a été obligée, durant son discours, d'expliquer qu'elle portait ce foulard pour faire le deuil de son fils.

Le député Jean Glavany, qui organisait l'événement, témoigne dans La Dépêche du midi : "Il y a eu un ou deux cons – je le dis franchement – très minoritaires, deux types sur les 200 dans la salle, qui ont souhaité qu’elle réponde sur le voile. Ils étaient vulgaires et agressifs. Mais ce n’était pas prévu qu’elle réponde, elle devait s’en aller... Je les ai quasiment mis dehors."

Ce dernier point est toutefois contesté par d'autres participants qui reconnaissent seulement que l'élu a défendu Latifa Ibn Ziaten devant l'auditoire. L'incident a signé la fin des débats.

Qui étaient les fauteurs de troubles ?

Si la conférence était organisée par le groupe socialiste à l'Assemblée, ce ne sont pas des députés qui sont à l'origine de cet incident, comme l'a précisé une journaliste de La Vie, pour démentir des rumeurs sur Twitter.

En revanche, selon des témoins cités par Buzzfeed, les huées venaient de "nombreuses personnes" et pas seulement de deux d'entre elles.

Que disent les protagonistes ? 

L'ancienne ministre et députée socialiste Yvette Roudy, présente mardi, reconnaît avoir dit à Latifa Ibn Ziaten que ce n’était pas une bonne idée de porter un foulard. "Il y a des lois en France, on ne les fait pas respecter. Si Latifa Ibn Ziaten est en fonction, elle ne devrait pas avoir le droit de le porter", fait-elle valoir. Pourtant, comme le rappelle Buzzfeed, elle n'est pas agent de la fonction publique et a donc le droit de le porter dans un lieu public, comme l'Assemblée nationale. 

De son côté, Jean Glavany a publié un communiqué sur Facebook pour expliquer ce qui s'était passé. Il estime que "jamais un socialiste digne de ce nom n'aurait sifflé et encore moins hué cette femme éminemment respectable". Il a reconnu qu'inviter une femme portant le voile dans ce type de débat "était presque une provocation de [sa] part" mais l'ancien ministre s'est dit écœuré par cet incident : "Il ne faut pas que des gens de gauche emboitent le pas du Front national à ce point, c’est délirant, c’est l’absence de lucidité démocratique et républicaine."

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