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L'Autorité de la concurrence veut faire baisser votre note chez le garagiste

L'instance affirme vouloir briser le monopole des pièces détachées automobiles, entre les mains des constructeurs et de leurs équipementiers, dans un avis rendu lundi 8 octobre. 

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'Autorité de la concurrence a rendu un avis, lundi 8 octobre 2012, qui propose de mettre fin au monopole des constructeurs d'automobiles sur les pièces détachées.  (MYCHELE DANIAU / AFP)

ECONOMIE – Un rétro arraché, un pare-chocs enfoncé, et c'est une note salée à la clé. L'automobile représente 12% du budget des ménages français et l'entretien, un tiers de la somme. 

Or l'Autorité de la concurrence a rendu un avis, lundi 8 octobre, soulignant des pratiques coûteuses pour le consommateur français. Et demande des évolutions. 

Quel est le problème ?

Aujourd’hui, pour changer un rétroviseur, une aile ou un phare, la pièce de rechange doit être certifiée, et donc fabriquée par le constructeur ou son équipementier. Le garagiste, même indépendant, n'a pas d'autre choix pour se fournir.

Cette situation ne tourne pas forcément à l'avantage du consommateur car en moyenne, depuis dix ans, le prix de l'entretien a grimpé de 30% (hors inflation) et celui des pièces de 15%, d'après l'Autorité de la concurrence. 

"Nous avions calculé que le prix d’un rétroviseur d'une Renault Modus avait sauté de 78% sur l'année 2008", s'étrangle Yves Riou, contacté par FTVi. Selon le délégué général de la Fédération des syndicats de la distribution automobile (Feda), qui représente les entreprises de distribution de pièces détachées, "quand vous payez 400 euros pour un bouclier (pare-chocs avant), c'est le prix d'un ordinateur ! Avec l'ouverture à la concurrence, le prix pourrait baisser de 25 à 30%."

Mais le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) conteste ces chiffres. Faire réparer sa Peugeot 308 après une collision coûterait moins cher en France qu'en Italie ou en Espagne. Dans ces deux pays, pourtant, les garagistes et les particuliers peuvent déjà acheter des pièces où ils le souhaitent.

Que propose l'Autorité de la concurrence ?

Pour faire baisser les prix des réparations, l'Autorité veut ouvrir progressivement le marché et mettre en concurrence les fabricants de pièces détachées. La première année concernerait les "pièces de vitrage et d'optique", la deuxième les "rétroviseurs et pare-chocs". Enfin, le marché des "pièces de tôlerie" serait à son tour libéralisé, les quatrième et cinquième années.

Les particuliers ont déjà des techniques pour contourner le monopole. En quelques clics, des dizaines de sites proposent des pièces à prix cassé fabriquées à l'étranger. Car la "clause de réparation" qui autorise la concurrence est déjà appliquée dans onze pays de l'Union européenne. D'autres automobilistes préfèrent faire des kilomètres pour s'équiper moins cher. "Croyez-moi, les Français frontaliers sont au courant. Ils vont chercher leurs pièces en Italie ou en Belgique pour les poser eux-mêmes ou les faire poser par leur garagiste", explique Yves Riou. 

Faut-il craindre des suppressions d'emplois ?

"Aujourd'hui chez Renault ou Peugeot, on gagne plus d'argent sur l'entretien et la réparation que sur la vente des Clio ou des 208", rappelle le journaliste David Barroux, sur son blog des Echos. Les constructeurs misent en effet beaucoup sur l'après-vente, considérée comme une chasse gardée : les réparateurs agréés représentent plus de la moitié de la valeur du marché. Selon les constructeurs, jusqu'à 3 000 emplois sont menacés par cette ouverture à la concurrence.

L'Autorité explique que ces "pertes éventuelles" devraient être limitées et qu'à l'inverse, des postes seront créés chez les fabricants de pièces détachées. La Feda précise que la France se prive en effet d'un secteur qui recrute chez nos voisins. On laisse "s'établir les usines de fabrication de pièces de l'autre côté de nos frontières plutôt que sur notre propre territoire", explique Yves Riou.

Les grandes enseignes spécialisées dans l'entretien automobile comme Norauto, Speedy, Feu Vert ou Midas feraient partie des grands bénéficiaires de la mesure. Et pour les fournir, des équipementiers sont déjà prêts, comme le Français Valéo ou l'Italien Magneti Marelli. 

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