Dans l'académie de Poitiers, critiques sur une circulaire du rectorat sur la radicalisation religieuse
Le syndicat Snes-FSU parle de racisme, car la circulaire ne parle que du basculement dans l'islam radical.
Malentendu, maladresse ou racisme ? Une circulaire du rectorat de l'académie de Poitiers visant à aider les enseignants à détecter les élèves en phase de radicalisation religieuse est critiquée par des syndicats, seul l'islam étant visé.
Barbe longue et moustache rasée
Dans ce document de 14 pages, intitulé Prévention de la radicalisation en milieu scolaire et révélé par le site d'information Mediapart, les enseignants sont appelés à prendre en compte plusieurs critères. Parmi ceux-là figurent une "barbe longue non taillée (moustache rasée)", des "cheveux rasés", un "habillement musulman", le "refus du tatouage", une "perte de poids liée à des jeûnes fréquents".
Sont mentionnés également dans ce document des comportements de type "repli identitaire", "exposition sélective aux médias", "rhétorique politique" concernant notamment la Palestine, la Tchétchénie, l'Irak. La circulaire invite aussi à surveiller ceux qui s'intéressent de près à l'histoire des débuts de l'islam.
"Racisme pur et dur"
Le rectorat de Poitiers a confirmé la diffusion de la circulaire, mais n'a pas souhaité faire d'autre commentaire. Interrogée sur France 3, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a évoque un document "sans doute perfectible, c'est incontestable" et "une démarche isolée (...) faite dans cette académie".
La secrétaire académique du syndicat Snes-FSU, Magali Espinasse, a dénoncé pour sa part auprès de France Bleu Poitou une "caricature grossière". Pour elle, "on signale des traits physiques qui pourraient permettre de reconnaître des personnes dangereuses, des attitudes, ou même des propos (...). C'est du racisme pur et dur."
"Les termes employés sont maladroits"
Pour le secrétaire départemental du syndicat Unsa, Jean-François Roland, "les termes employés sont maladroits". "Ce n'est pas vraiment le vocabulaire qu'emploie habituellement l'Education nationale. Je pense qu'il a manqué une relecture avant diffusion", a-t-il ajouté, également auprès de France Bleu.
Selon Mediapart, la note aurait été rédigée par l'équipe mobile de sécurité (EMS) de l'académie. Les EMS ont été créées en 2009 dans le cadre d'un plan de sécurisation des milieux scolaires. Elles sont composées de personnels de l'Education et de spécialistes de la sécurité, souvent d'anciens policiers et gendarmes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.