"Le silence n'est jamais de bon conseil" : comment travaille la cellule médico-psychologique mise en place après la disparition de Lina

Après la disparition inquiétante de l'adolescente de 15 ans, samedi, dans le Bas-Rhin, une cellule médico-psychologique a été ouverte. Dominique Mastelli, psychiatre et membre de cette cellule, revient sur "la situation d'inquiétude extrême" des habitants.
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Alsace
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Une zone interdite d'accès par les gendarmes, qui recherchent toujours Lina, 15 ans, disparue depuis samedi à Plaine. (PATRICK HERTZOG / AFP)

La cellule médico-psychologique mise en place après la disparition inquiétante de Lina dans sa ville d'origine, à Plaine (Bas-Rhin), aide à "ne pas fabriquer des symptômes, se replier, créer du silence" explique Dominique Mastelli, psychiatre, membre de la cellule et invité de France Bleu Alsace ce jeudi matin.

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Après la disparition inquiétante de Lina samedi, une cellule médico-psychologique a été ouverte mercredi après-midi dans une salle polyvalente de la mairie de Plaine, la commune d'origine de l'adolescente. Lina, âgée de 15 ans, devait se rendre à pied samedi matin depuis son domicile, jusqu'à la gare de Saint-Blaise-la-Roche, à trois kilomètres, où elle devait prendre le train vers midi pour Strasbourg afin de rejoindre son petit ami. Elle n'est jamais arrivée à destination. "C'est une situation d'inquiétude extrême, analyse le psychiatre, qui peut mettre tout le monde en difficulté ou réactiver des difficultés, des inquiétudes, des angoisses à propos d'événements antérieurs ou des histoires personnelles ou partagées.

"Retisser un dialogue"

Le parquet de Saverne a ouvert une enquête pour disparition inquiétante. Elle a été confiée à la section de recherche de Strasbourg, co-saisie avec le groupement de gendarmerie du Bas-Rhin. Plusieurs ratissages ont été organisés depuis samedi après-midi sur les lieux potentiels de la disparition, mobilisant notamment une équipe cynophile. Des battues ont été conduites, encadrées par la gendarmerie et assistée d'un hélicoptère équipé de caméras thermiques.

"Le travail d'enquête nécessite beaucoup de personnes, beaucoup de personnes se sont aussi mobilisées, près de 400 personnes sont venues pour les battues, ça participe à l'enquête, ça aide, mais effectivement ça fait un point de fixation, d'angoisse", explique Dominique Mastelli.

Le psychiatre a déjà reçu des personnes dans la cellule médico-psychologique mercredi. "Il n'y a pas de profil type, des familles peuvent venir, des jeunes de l'âge de Lina, mais aussi des enfants qui avaient des questions, pour retisser un dialogue avec des parents qui des fois avaient des difficultés à répondre aux questions des plus jeunes".

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"Dire la vérité, dire ce qu'on sait, ce qu'on ne sait pas..."

Face à ses questionnements, le psychiatre conseille de ne rien cacher aux enfants. "Le silence n'est jamais de bon conseil, une question doit être prise âge par âge, poursuit Dominique Mastelli. L'idée, c'est d'expliquer, de dire la vérité, dire ce qu'on sait, ce qu'on ne sait pas, dire pourquoi on est inquiet, pourquoi on peut être rassuré, pourquoi il y a des forces de police qui enquêtent, qui interviennent, pourquoi les enfants sont protégés aussi à chaque niveau : dans leur école par les enseignants et les encadrants, par leur famille dans la maison, pour ne pas fabriquer des symptômes, se replier, créer du silence".

Le dispositif de cellule médico-psychologique est "fait pour se projeter sur le terrain", pour répondre au plus proche, car "on est quand même à plus d'une heure de Strasbourg", précise le psychiatre, mais aussi de "recueillir les demandes et de les orienter puisque chacun aura une réponse adaptée". Certaines personnes seront entendues "sur place dans l'immédiat, certaines plus tard sur rendez-vous, certaines individuellement, certaines en petits groupes". L'équipe médicale présente mercredi à Plaine reviendra la semaine prochaine "de façon régulière et hebdomadaire".

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