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Face-à-face Cahuzac-Mélenchon : "Gauche réaliste" contre "lutte des classes"

Le ministre du Budget et le leader du Front de gauche se sont radicalement opposés lors d'un face-à-face sur France 2, lundi soir.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Jérôme Cahuzac et Jean-Luc Mélenchon sont les invités de "Mots croisés" sur France 2, le 7 janvier 2013 à 22h55. (SIPA)

Fragilisé depuis plusieurs semaines par les informations de Mediapart, selon lesquelles il aurait détenu un compte en Suisse, Jérôme Cahuzac n'avait pas franchement grand intérêt à accepter de débattre avec Jean-Luc Mélenchon, lundi 7 janvier, dans l'émission "Mots Croisés" sur France 2. Plus de coups à prendre que de médailles à recevoir. Mais face à un contradicteur aussi vindicatif et houspilleur qu'à l'accoutumée, le ministre du Budget ne s'est pas laissé démonter.

Dans un face-à-face "gauche contre gauche" très âpre, notamment sur les moyens de réduire la dette, Jérôme Cahuzac et Jean-Luc Mélenchon ont défendu deux lignes radicalement différentes pour sortir le pays de la crise, sans mâcher leurs mots l'un envers l'autre. L'un, Jean-Luc Mélenchon, défendant le principe de "lutte des classes", l'autre, Jérôme Cahuzac, reconnaissant "n'y avoir jamais cru"

Mélenchon : "Vous serez Cahuzandréou…"

"Faire croire qu'on va rembourser 1 800 milliards d'euros facilement, comme ça, un peu comme par magie (…) c'est se foutre du monde", a ainsi lancé le ministre délégué au Budget au coprésident du Parti de gauche, qui affirmait que s'il arrivait un jour au pouvoir, "la dette, on la paiera à mesure qu'on pourra" et que "ceux à qui on (la) doit attendront".

Jean-Luc Mélenchon a également estimé que le gouvernement ne pourra pas tenir ses objectifs de croissance de 0,8% en 2013 et de réduction du déficit public à 3% du PIB d'ici à la fin de l'année, ce qui obligera le gouvernement à adopter, selon lui, un "deuxième plan d'austérité". "Vous serez Cahuzandréou avec Hollandréou, d'un plan à l'autre, austérité et austérité, et encore austérité", a ajouté le responsable du Parti de gauche.

Cahuzac : "Arrêtez de faire le clown"

"Arrêtez de faire le clown, vous méritez mieux que cela. Vous avez 4 millions de suffrages sur votre nom, cela ne vous autorise pas à faire le clown en direct à la télé", a répliqué sèchement Jérôme Cahuzac, protestant contre le jeu de mots que venait de faire Jean-Luc Mélenchon sur son nom, allusion au nom de l'ancien Premier ministre grec, Georges Papandréou, forcé de quitter le pouvoir en raison de la crise qui a balayé la Grèce.

Et Jérôme Cahuzac de prendre à défaut son adversaire d'un soir sur la fiscalité, et en particulier sur l'évolution de la CSG. "C'est votre spécialité. Si j'avais su, je serais venu avec mes fiches", s'est agacé en retour Jean-Luc Mélenchon. Non sans arrogance, Jérôme Cahuzac s'amuse : "Il se fâche…  Je m'étais dit 'il ne faut pas le fâcher', et ça y est, je l'ai fâché."

"Vous êtes un homme seul, monsieur Mélenchon"

Les piques les plus définitives sont venues à la fin, après un débat d'une heure et demie au ton longtemps contenu. "Vous allez à l'échec parce que tout le monde le sait. Vous avez déjà échoué en Grèce, en Espagne, au Portugal et en Italie", a lancé Jean-Luc Mélenchon. "Au fond de vous-même, vous souhaitez l'échec de ce gouvernement de gauche. Et je trouve cela très triste. Vous ne gagnerez jamais le pouvoir parce que vous êtes un homme seul, monsieur Mélenchon", a conclu Jérôme Cahuzac, sans doute avec le sentiment d'avoir rempli la mission qui était la sienne.


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