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A J-100, une présidentielle est-elle jouée ?

Cent jours avant le premier tour, les jeux sont-ils déjà faits? La confortable avance de François Hollande dans les sondages ne permet pas de préjuger du résultat: les surprises peuvent survenir jusqu'au dernier moment. La preuve en cinq exemples.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le plateau de la soirée électorale de TF1, en avril 1981. (ROCHE / TF1 / SIPA)

Plus que cent jours avant le premier tour de l'élection présidentielle. A ce stade, François Hollande garde une confortable avance dans les sondages. Les jeux sont-ils déjà faits ? FTVi s'est replongé dans les archives pour voir à quoi ressemblait l'échiquier politique cent jours avant le premier tour des précédentes présidentielles. Un enseignement : rien n'est encore joué.

• 1981 : une campagne qui se fait attendre

A cent jours du scrutin de 1981, qui porte François Mitterrand au pouvoir, la dynamique est clairement du côté du président sortant, Valéry Giscard d'Estaing. Dans les sondages, il devance nettement son adversaire socialiste au premier tour. Il n'est crédité que de 51 % au second tour, mais 60 % des Français pronostiquent sa réélection. Erreur... L'élection s'est donc cristallisée plus tard. Il faut dire que cent jours avant le scrutin, aucun des trois candidats majeurs ne s'est encore officiellement déclaré. François Mitterrand est investi quelques jours plus tard, le 24 janvier, lors d'un congrès du Parti socialiste lors duquel il présente ses 110 propositions. Jacques Chirac ne se déclare que le 3 février, et Valéry Giscard d'Estaing le 2 mars.

• 1988 : Mitterrand déjà sur la voie royale

En janvier 1988, la seule incertitude semble être de savoir qui de Jacques Chirac ou de Raymond Barre aura le privilège d'affronter François Mitterrand au second tour. Le 16 janvier, à 99 jours du premier tour, Jacques Chirac, qui compte quatre points de retard sur son rival centriste Raymond Barre, choisit d'officialiser sa candidature. L'écart entre eux se réduit depuis plusieurs semaines. Le mois suivant, les deux courbes s'inversent, la déclaration de candidature de Raymond Barre, le 8 février, n'y changeant rien. Mais la victoire finale de François Mitterrand, elle, semble scellée depuis plusieurs mois. Les sondages le donnent flirtant avec les 40 % au premier tour et les 55 % au second. Une position de favori qui lui permet d'attendre le dernier moment – le 22 mars – pour se lancer officiellement dans la course.

• 1995 : Balladur sur son petit nuage

A l'approche des élections de 1995, la gauche, toujours pas remise de sa raclée électorale de 1993, est en lambeaux. Tous les regards sont donc rivés sur la droite, divisée entre chiraquiens et balladuriens. En janvier, personne ne parie un kopek sur une victoire de Jacques Chirac. Seuls 12 % des Français croient à l'élection du maire de Paris, parti très tôt en campagne, dès le mois de novembre. Le 12 janvier, Edouard Balladur compte encore douze points d'avance sur son rival, qui pointe en troisième position derrière Lionel Jospin. Quelques jours plus tard, le Premier ministre annonce sa candidature dans une allocution très solennelle depuis son bureau de Matignon. Ce n'est que fin février-début mars que la roue tourne. Edouard Balladur tombe de haut : archifavori en janvier, il est éliminé dès le premier tour en avril.

• 2002 : Chirac et Jospin ne voient rien venir

Plus encore qu'en 1988, le second tour de l'élection présidentielle est promis aux deux sortants issus des cinq années de cohabitation que vient de connaître le pays. Le 11 janvier 2002, Libération écrit : "Quelle que soit l'issue, un fait aujourd'hui s'impose. Sauf extraordinaire, le duel de second tour verra s'affronter Chirac et Jospin (...). Aucun troisième homme n'a émergé pour prétendre disputer à ces deux-là leur place de finaliste." De fait, à cette date, ils sont tous deux crédités de plus de 20 % au premier tour, tandis que Jean-Marie Le Pen ne dépasse pas les 10 %.

A trois mois de l'élection, le président et son Premier ministre, qui ne se sont pas encore déclarés, s'observent en chiens de faïence : "Ils ressemblent ces jours-ci à deux coureurs cyclistes sur piste en équilibre sur leur vélo en haut d'un virage : aucun ne bouge ; chacun attend que l'autre démarre le premier car, en principe, il signe sa perte", écrit alors Le Parisien. Mais cette année-là, tous les pronostics politiques sont balayés le 21 avril, lorsque Jean-Marie Le Pen, à la surprise générale, parvient à se qualifier pour le second tour.

• 2007 : Le rouleau compresseur Sarkozy se met en place

Contrairement aux élections passées, la période du centième jour précédant le scrutin de 2007 constitue un tournant. Avant janvier, Ségolène Royal était régulièrement donnée gagnante avec 51 à 52 % des suffrages au second tour. Après janvier, c'est Nicolas Sarkozy qui vire systématiquement en tête.

Que s'est-il passé à la mi-janvier ? Le 14, Nicolas Sarkozy est désigné candidat par 98 % des militants UMP lors d'un congrès triomphal à la porte de Versailles, devant près de 100 000 personnes. Les velléités du Premier ministre, Dominique de Villepin, honni par sa propre majorité, et le faux suspense entretenu par Jacques Chirac sur une éventuelle candidature sont vite oubliés. Nicolas Sarkozy réussit à fédérer son camp grâce à un discours rassembleur axé sur la France et le travail, et à un slogan qui fait mouche : "Ensemble, tout devient possible."

En face, les socialistes piétinent. Pendant que la droite se rassemble, une polémique s'ouvre entre François Hollande, alors premier secrétaire du PS, qui veut augmenter les impôts des contribuables aisés, et Ségolène Royal, qui s'y oppose. Le début d'une campagne émaillée de couacs et qui aboutira à la défaite.

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