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Vidéo François Léotard est persuadé que Jacques Chirac connaissait la manipulation qui l'impliquait dans l'assassinat de Yann Piat

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Durée de la vidéo : 4 min
VIDEO. François Léotard est persuadé que Jacques Chirac connaissait la manipulation qui l'impliquait dans l'assassinat de Yann Piat
VIDEO. François Léotard est persuadé que Jacques Chirac connaissait la manipulation qui l'impliquait dans l'assassinat de Yann Piat VIDEO. François Léotard est persuadé que Jacques Chirac connaissait la manipulation qui l'impliquait dans l'assassinat de Yann Piat
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Injustement mis en cause dans l’assassinat de la députée du Var Yann Piat en 1994, l’ancien ministre de la Défense François Léotard parle pour la première fois depuis vingt ans sur ce crime. Quand Jacques Chirac le convoque, avec Jean-Claude Gaudin, également mis en cause, pour leur expliquer qu’il n’y est pour rien, François Léotard affirme : "C’était un mensonge." Extrait du magazine "19h le dimanche" du 11 mars.

Le 25 février 1994, sur les hauteurs de Hyères, la députée du Var Yann Piat est abattue par deux hommes à moto. Est-ce l'œuvre des gangsters arrêtés ? Qui sont les vrais commanditaires ? Deux journalistes du Canard enchaîné vont passer des mois à chercher. Une source les met sur la piste de deux commanditaires présumés : Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille, et François Léotard, alors ministre de la Défense. Dans leur livre, les journalistes ne donnent pas leurs noms, se contentant de les surnommer Encornet et Trottinette. Selon eux, l’élue aurait été en possession de documents compromettants pour les deux hommes politiques qui l’auraient fait exécuter.

"Je voudrais bien qu’un jour les Français se posent la question de la façon dont leur démocratie est vécue, affirme en colère François Léotard à la télévision le 7 octobre 1997. Et moi, je me la pose personnellement. Avez-vous le droit d’affirmer comme ça que monsieur Untel, votre voisin de palier, est un assassin ? Et puis après, vous partez tranquillement à la pêche ? Qu’est-ce que cela veut dire ?" Injustement mis en cause dans l’affaire, l’ancien ministre parle pour la première fois depuis le crime au magazine "19h le dimanche" (Facebook, Twitter, #19hLD). En vingt ans, il n’était jamais revenu sur ces accusations.

"C’est vraiment la volonté de tuer, de démolir quelqu’un... comme si vous lui tiriez dans le dos avec un revolver"

"Ce sont des épreuves que l’on traverse, dit-il aujourd’hui. Il y en a des pires, mais celle-ci, elle m’a touché, c’est évident. Là, c’est vraiment la volonté de tuer, de démolir quelqu’un, de le descendre, comme si vous lui tiriez dans le dos avec un revolver. C’est à peu près la même chose." A l’époque, la présidentielle de 1995 est en vue et la droite se déchire : d’un côté, les balladuriens avec François Léotard en tête ; de l’autre, Jacques Chirac et ses quelques alliés. Ce dernier est élu, mais la victoire n’a pas effacé les rancœurs. "Je pense que le milieu le plus élevé de la République était, à travers le ministre de l’Intérieur de l’époque, tout à fait informé et peut-être à l’origine de cette démonstration de bêtise", affirme l’ex-homme politique.

Cela implique-t-il Jacques Chirac, le président de la République de l’époque ? "En tout cas, c’est une façon étrange de laisser faire. Etrange… ce qui est malheureusement conforme au personnage", répond-il. Rapidement, il apparaît que tout ce qui est écrit dans l’ouvrage est faux. Une manipulation a été orchestrée : les deux journalistes ont été volontairement désinformés. François Léotard et Jean-Claude Gaudin se rendent au fort de Brégançon à l’invitation du chef de l’Etat. "C’était à la fois solennel et familier, se souvient-il. Chirac nous avait convoqués pour expliquer que ce n’était pas lui. J’ai pas ouvert la bouche. C’était un mensonge." Etait-il persuadé que c’est lui ? "Oui ! Mais j’allais pas lui casser la gueule…" François Léotard sera blanchi de tout soupçon et arrêtera la politique trois ans plus tard. Le livre est interdit à la vente et ses deux auteurs condamnés. Yann Piat est la seule femme députée assassinée sous la Ve République.

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