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Rentrée au goût amer dans les écoles, après les attentats de Paris

Rentrée particulière ce lundi pour des milliers d'élèves. Les enseignants ont eu la lourde responsabilité d'écouter, d'expliquer, de donner des réponses aux innombrables questions des enfants après les attaques qui ont frappé Paris vendredi.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Une minute de silence a été observée dans toutes les écoles ce matin © Maxppp)

Dans cette école rue de Tanger, dans le 19e arrondissement de Paris, le directeur de l'école a réuni les enfants dans le préau à 11 heures ce lundi matin, pour leur expliquer le drame et tenter de les rassurer. Les enfants ont allumé une bougie avant d'observer une minute de silence. Un moment d'hommage essentiel, explique la psychanaliste Claude Halmos : "C'est un acte symbolique, qui leur montre bien ce que c'est qu'être humain. Quand il arrive quelque chose à des humains, les autres humains se rassemblent pour célébrer. En plus c'est important parce que c'est quelque  chose de collectif. Tous les adultes et les enfants sont ensemble, s'épaulent ."

"Un enfant à qui on parle des choses, il sait qu'il a le droit d'en parler" La psychanalyste Claude Halmos au micro de Céline Bayt-Darcourt

Rassurer et ouvrir la voie au dialogue 

Ce temps d'échange est aussi décisif pour mettre des mots sur l'inimaginable, et pour ouvrir la voie du dialogue. "On leur a expliqué les choses, ils sont au courant. Un enfant à qui on parle des choses, il sait qu'il a le droit d'en parler ."

Parmi les enfants que notre journaliste a rencontré ce matin, il y a Hamzat, élève de CM2. Avant la minute de silence, il a, comme d'autres enfants, fait un dessin :

"Moi j'ai dessiné "Liberté, fraternité, et un cœur brisé bleu blanc rouge. Moi j'étais là au Stade de France. Au début je croyais que c'était des pétards, mais ce n'était pas des pétards ."

Témoignages d'élèves d'une école du 19e arrondissement recueillis par Célia Quilleret

Les parents eux aussi comptent beaucoup sur l'école. Car certains enfants ont peur. Cette maman, Fatoumata, a dû accompagner son fils ce matin : "Il a dit 'Maman, j'ai peur, je lui ai dit 'non, il n'y a a rien'… A 10 ans, il vient tout le temps tout seul mais aujourd'hui il m'a dit 'Maman, tu m'accompagnes'."

Les enseignants au premier plan  

Les enseignants, en première ligne, sont également très affectés. Ils se sont préparés, peut-être mieux que pour le 8 janvier, jour de l'attentat de Charlie Hebdo, car ils ont eu plus de temps. Elodie a des trémolos dans la voix. Elle enseigne en CP-CE1 : "Moi je suis venue en courant ce matin, parce que vraiment on a la chance de travailler avec l'enfance, l'enfance c'est un espoir, j'avais vraiment très envie d'être avec eux pour partager ce moment. Essayer de faire du français, des maths, reprendre le quotidien, ils en ont besoin. Et puis accueillir leur émotion sans déverser la nôtre… nous, on a eu le week-end pour le faire dans des lieux dédiés, maintenant c'est à eux. "

Pour Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale, l'essentiel est "que les enseignants aident les élèves à mettre des mots sur ce qui s'est passé, à comprendre qui sont ceux qui procèdent à ces attentats. C'est une organisation terroriste, qui a décidé de nous détruire. Pourquoi ils le font ? Qu'est-ce qu'ils combattent chez nous ?"

"L'important, c'est que les enseignants aident les élèves à mettre des mots sur ce qui s'est passé" (Najat Vallaud-Belkacem)

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