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Police de sécurité du quotidien : "Le rapport entre la police et la population est un gage de réussite"

L'ancien directeur départemental de la sécurité publique de Haute-Garonne, Jean-Pierre Havrin, a déclaré jeudi sur franceinfo qu'il attendait que "la police soit légitime et que les citoyens aient envie de lui parler."

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Jean-Pierre Havrin en uniforme de directeur départemental de la sécurité publique de Haute-Garonne le jour de la visite de Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur de l'époque, à Toulouse, le 26 février 2003. (MAXPPP)

Avec son projet de police de sécurité du quotidien, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb veut apaiser les relations entre les policiers et la population. "C'est un gage de réussite et d'efficacité de la police nationale", a reconnu, jeudi 8 février sur franceinfo, Jean-Pierre Havrin, ancien directeur départemental de la sécurité publique de Haute-Garonne. Il avait été débarqué par Nicolas Sarkozy en 2004 au moment de la suppression de la police de proximité. Le ministre de l'Intérieur de l'époque avait estimé lors d'un déplacement à Toulouse (Haute-Garonne) en 2003 que "la police n'est pas là pour organiser des matchs de rugby dans les quartiers mais pour arrêter les délinquants !"

franceinfo : Avez-vous le sentiment qu'on refait la police de proximité ?

Jean-Pierre Havrin : Je ne suis pas sûr. Ce qui m'intéresse dans cette démarche c'est la philosophie de rapprochement entre la police et la population qui est remis en œuvre. Je pense que c'est vraiment très important. Je ne vois pas pourquoi la police française serait l'une des rares polices à être coupée de la population. Je pense que ce rapport entre la police et la population est un gage de réussite et de l'efficacité de la police nationale. Il faut que la police soit légitime et que les citoyens aient envie de lui parler. Aujourd'hui, on a de très bons services de renseignement mais il leur manque un service de base. Les sociologues appellent cela "les signaux faibles", c'est-à-dire qu'on a besoin d'avoir très tôt des renseignements sur l'attitude d'un jeune dans les quartiers qui pourrait se radicaliser.

Les policiers qui jouaient au rugby avec les jeunes, était-ce utile selon vous ?

Oui, ce n'était pas le moyen essentiel mais c'était le résultat d'un rapprochement au bout de quatre ans après avoir repris une situation quasiment insurrectionnelle dans les quartiers difficiles. Avec les relations que les policiers avaient nouées avec la population et les jeunes, ils pouvaient jouer au rugby. C'était symbolique. C'était le résultat positif et un affichage de la réussite de ce rapprochement. Quand on nous a accusés de faire un travail d'assistance sociale, c'était assez malvenu. On avait toujours bien fait attention à l'équilibre entre la prévention, le contact et la répression. On avait des résultats judiciaires et du renseignement qui étaient exceptionnels par rapport à avant.

La police de proximité à l'époque était-elle efficace ? Y avait-il des résultats ?

Absolument. Au niveau judiciaire par exemple, on avait des renseignements très précis. On ne les aurait jamais eus si on était juste une police d'intervention. Les gens se confiaient. C'est un cercle vertueux, les gens se confient aux flics qu'ils commencent à connaître. Aujourd'hui, je pense même que dans le renseignement terroriste, ça peut être extrêmement utile.

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