Affaire Angélique : tenir une conférence de presse est "nécessaire", "sans forcément faire un récit détaillé"
La conférence de presse, un exercice "nécessaire" mais qui doit se faire dans "le respect des familles" selon Frédéric Chevallier, procureur de la République de Blois. Il a réagi mardi sur franceinfo aux propos du procureur en charge de l'affaire Angélique, qui ont heurté certaines personnes lundi.
La conférence de presse du procureur de Lille (Nord) très détaillée sur le viol et le meurtre de la jeune Angélique Six a suscité un certain émoi lundi. Frédéric Chevallier, procureur de la République de Blois et animateur de formation en communication à l’École nationale de la magistrature, a expliqué mardi 1er mai sur franceinfo qu'une telle conférence de presse est "nécessaire" mais doit "respecter les familles".
franceinfo : Quelle formation reçoit un procureur avant de s'exprimer devant la presse ?
Frédéric Chevallier : Le principe de la procédure pénale en France c'est qu'il y a un secret lié à l'enquête et à l'instruction. La loi Guigou prévoit que dans certains cas le procureur de la République peut communiquer, pour éviter la propagation d'informations parcellaires ou inexactes d'une part, et d'autre part pour mettre fin à un trouble à l'ordre publique. Dans l'affaire de la petite Angélique, la communication du procureur de la République était évidemment nécessaire. La question est de savoir quand il doit communiquer et pour dire quoi. Ce temps de la communication c'est le procureur qui doit le maîtriser. Il choisit le moment le plus opportun avec un triple respect très important à prendre en considération : le respect des nécessités de l'enquête, la présomption d'innocence et puis le respect des familles, celle de la victime mais également celle du mis en cause. Le rôle du procureur c'est aussi de rassurer ou dire comment les choses ont pu se passer sans forcément en faire un récit détaillé.
Est-ce que le problème ce n'est pas tant ce que disent les procureurs mais plutôt le fait que ce soit diffusé en direct sur les chaînes d'info ?
Dorénavant, la communication est un geste professionnel. Avant on pensait que ça faisait partie du package sans y prêter trop attention. Aujourd'hui, c'est devenu un temps quasiment indispensable dans certaines affaires. Il n'y a pas à le regretter. En revanche, les procureurs doivent absolument s'organiser pour savoir quand et quoi dire au moment de cette communication, qu'elle soit en direct ou pas. La modalité du canal importe peu, c'est surtout le message à délivrer et les conditions dans lesquelles on doit délivrer ce message qui sont importants.
Un procureur peut risquer un rappel à l'ordre, voire plus, s'il va trop loin ?
S'il ne respecte pas la loi, comme tout le monde, on pourrait lui reprocher un certain nombre de choses. Mais pas à partir du moment où il respecte ce que la loi lui permet de dire, c'est à dire de rendre public des éléments objectifs tirés de la procédure.
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