Cet article date de plus de cinq ans.

Ce qu'on le sait des aveux de Jacques Rançon pour le meurtre d'Isabelle Mesnage, il y a 33 ans

Des "blessures similaires" à celles infligées à ses deux victimes de Perpignan avaient été retrouvées sur la victime, assassinée en 1986, près d'Amiens.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Jacques Rançon, le 26 mars 2018, lors de son procès pour le meurtre de deux femmes à Perpignan, en 1997 et 1998.  (RAYMOND ROIG / AFP)

C'est un meurtre vieux de 33 ans qui vient d'être élucidé. Déjà condamné à la perpétuité pour le viol et le meurtre de deux jeunes femmes à la fin des années 1990, Jacques Rançon a avoué, jeudi 20 juin, avoir commis le viol et l'assassinat en d'Isabelle Mesnage, en 1986, près d'Amiens (Somme). 

L’enquête ouverte par les gendarmes avait exploré de nombreuses pistes pendant plusieurs années, sans résultat. Franceinfo vous explique comment les enquêteurs ont remonté la trace du "tueur de la gare de Perpignan". 

Que savait-on de ce meurtre jusqu'ici ?

Le corps d'Isabelle Mesnage, une jeune informaticienne de 20 ans, avait été découvert le 3 juillet 1986 aux abords d'un chemin de Cachy, près d'Amiens. Elle avait disparu depuis cinq jours alors qu'elle était partie faire une randonnée. Ses vêtements étaient en partie déchirés et des objets lui appartenant avaient été retrouvés disséminés près d'elle. Son corps portait des traces de coups. 

L'enquête, ouverte par les gendarmes, avait exploré de nombreuses pistes, en vain, jusqu'à un non-lieu prononcé en 1992. Mais en 2016, la famille Mesnage a saisi deux spécialistes des cold case : les avocats Corinne Herrmann et Didier Seban. Ces derniers insistent auprès du parquet pour rouvrir l’enquête, confiée depuis octobre 2018 à deux juges d'instruction en raison de "charges nouvelles", pouvant impliquer le "tueur de la gare de Perpignan", peut-on lire dans un communiqué du parquet. 

Qu'est-ce qui a mené les enquêteurs à Jacques Rançon ?

Leurs investigations, qui ont établi la présence de Jacques Rançon près d'Amiens à l'époque des faits et des similitudes dans le mode opératoire du tueur, ont permis de faire un rapprochement avec l'affaire Mesnage. "Il a commis plusieurs viols dans la région à cette époque, dont l'un à proximité" de l'endroit où a été retrouvé le corps d'Isabelle Mesnage, avait indiqué Didier Seban. 

Surtout, les enquêteurs ont fait exhumer le corps de la victime et ont pu mettre à jour des "traces compatibles avec des mutilations génitales", indique Le Parisien. C'est-à-dire des mutilations similaires à celles infligées aux deux jeunes femmes tuées à Perpignan. "La famille est à la fois dans l'angoisse et dans l'espoir d'avoir une réponse 33 ans après", avait confié il y a quelques jours à l'AFP Corinne Herrmann. 

En 2018, lors du procès de Jacques Rançon pour le viol et le meurtre de deux jeunes femmes à Perpignan, l’hypothèse d'un nombre plus important de victimes avait émergé. "On n'est pas sûr qu'il n'y ait pas eu d'autres victimes", avait ainsi avancé l'un des avocats des deux femmes survivantes et des familles, Philippe Capsié. L'un des avocats des parties civiles, Étienne Nicolau, s'était également étonné des "périodes blanches" de Jacques Rançon, notamment entre sa première agression sexuelle en 1976, à l'âge de 16 ans, pour laquelle il n'a jamais été condamné, et celle de 1992.

Quelle est la version de Jacques Rançon ?

Cet ancien cariste-magasinier de 59 ans a été extrait mardi matin de la prison de Béziers (Hérault), où il purge une peine de réclusion à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, et placé en garde à vue pour être interrogé par les gendarmes. Jacques Rançon, qui "ne souhaitait pas l'assistance d'un avocat", a "réfuté initialement les faits avant de les reconnaître avec de nombreux détails", a déclaré dans un communiqué le procureur de la République, Alexandre de Bosschère. 

Il a notamment "expliqué avoir enlevé Isabelle Mesnage le jour de sa disparition alors qu'elle faisait du stop. Il l'avait frappée, violée, avant de l'étrangler. Il avait ensuite porté atteinte à son corps avec le même mode opératoire que celui qui sera utilisé pour ses futures victimes en 1997 et 1998", précise le parquet. 

Selon Jacques Rançon, il s'agissait de son tout premier meurtre. Il affirme qu'il n'existe pas d'autres victimes d'homicide que les trois victimes identifiées à ce jour.

communiqué de presse du parquet d’Amiens

Après ces aveux, il été mis en examen et placé en détention provisoire, a annoncé jeudi le parquet d'Amiens.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.