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Policiers blessés, magasins pillés, bâtiments incendiés... Le point région par région après cette quatrième nuit de violences

Des nouvelles scènes de violences ont secoué plusieurs villes de France vendredi, mais la nuit a été marquée par des violences d'une "intensité bien moindre" que les précédentes selon les autorités, quatre jours après la mort de Nahel, tué par un tir policier lors d'un contrôle routier à Nanterre.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Des jeunes affrontent les forces de l'ordre à Marseille, le 30 juin 2023. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

"Une plus faible intensité", selon le ministère de l'Intérieur. Après la mort de Nahel, ce jeune de 17 ans tué par un policier lors d'un contrôle routier mardi, la France a connu une quatrième nuit consécutive de violences. 1 311 personnes ont été interpellées et 79 policiers blessés selon un bilan encore provisoire du ministère de l'Intérieur, contre 249 la nuit précédente. 

>> Violences après la mort de Nahel : suivez les dernières informations en direct

Par ailleurs, 31 attaques de commissariats, 16 attaques de postes de polices municipales et 11 casernes de gendarmerie ont eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi. La nuit précédente, on dénombrait 39 attaques de locaux de la police nationale, 24 de la police municipale, 16 casernes de gendarmerie.

Enfin, 266 bâtiments ont été incendiés ou dégradés, dont 26 mairies, 24 écoles et 5 établissements de justice. 2 560 incendies sur la voie publique ont été constatés contre 3 880 dans la nuit de jeudi à vendredi, 1 350 incendies de véhicule contre 1919 la nuit précédente et 234 incendies ou dégradation de bâtiments contre 492.

Voici le point sur les principaux points de tension en France dans la nuit de vendredi à samedi : 

Île-de-France

406 personnes ont été interpellées en région parisienne dans la nuit de vendredi à samedi, selon le dernier bilan communiqué par la préfecture de police, lors de la 4e nuit d'émeutes suite à la mort de Nahel, ce jeune de 17 ans tué par un policier lors d'un contrôle routier mardi. Il s'agit des chiffres de la préfecture de police de Paris pour sa zone, qui couvre la capitale, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne. Il y avait déjà eu plus de 400 interpellations dans la nuit de jeudi à vendredi. 

Dans le détail, 15 personnes ont été interpellées pour avoir tenté de s'introduire dans un magasin d'électroménager. Neuf individus "porteurs de jerrican et cocktail Molotov" ont été interpellés à Nanterre. 

Dans le Val-d'Oise, la mairie de Persan-Beaumont a été filmée en flammes cette nuit. C'est dans cette commune qu'est mort en 2016 Adama Traoré, peu après son interpellation par les gendarmes. 

À Saint-Denis, le centre administratif de la ville a été incendié, dénonce sur Twitter le maire PS, Mathieu Hanotin : "Attaquer la maison du peuple, c’est attaquer la République. Cette nuit des vies humaines ont été mises en danger. Cet acte inqualifiable ne restera pas impuni."

Provence-Alpes-Côte d'Azur

95 personnes ont été interpellées dans la nuit de vendredi à samedi à Marseille, selon le dernier bilan de la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. 31 policiers ont été légèrement blessés. 

Il y a eu de "nombreux magasins pillés", précise la préfecture de police et le magasin Aldi des Flamants, dans le 14e arrondissement de la ville, a été incendié. La situation est restée "assez calme" dans le reste du département, avec quelques interpellations. Quelques armes de chasse ont également été dérobées dans une armurerie mais sans munition, selon la préfecture de police. 

Une unité de CRS est arrivée en renfort dans la nuit, conformément aux annonces du ministre de l'Intérieur, assure la préfecture de police. Des renforts de gendarmerie ont également été déployés à Marseille, en appui des policiers.

Ces communes qui ont connu leur première nuit de violences

En Loire-Atlantique, les villes de Saint-Nazaire et La Roche-sur-Yon ont connu leur première nuit d'émeutes : plusieurs magasins pillés et des tirs de mortiers à Saint-Nazaire, le poste de police de la Roche-sur-Yon victime d'un début d'incendie. Il n'y a pas eu de blessés. 

À Niort, dans les Deux-Sèvres, une soixantaine de personnes ont brûlé des voitures, deux baraques et des engins de chantier. 

À Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques, 5 personnes ont été interpellées. Des jets de projectiles ont détruit la vitrine d'un bureau de Poste et une quinzaine d'individus ont tenté d'établir un barrage et d'y mettre feu, sans succès. 

Auvergne-Rhône-Alpes

Quatre policiers ont été blessés à Vaulx-en-Velin (Rhône), près de Lyon, ce vendredi soir, par des tirs de fusil à grenaille, a appris franceinfo auprès du ministère de l'Intérieur. Une enquête est ouverte par le parquet de Lyon. Deux policiers souffrent d'hématomes, deux autres ont été touchés par des grenailles, sortes de petites billes d'acier ou de fer : au nez pour l'un et à la cuisse pour l'autre.  

Dans le 6e arrondissement de Lyon, près du centre-ville, un poste de dépôt de plainte "a fait l'objet d'une intrusion et de dégradations", selon la préfecture.

À Chambéry, en Savoie, les locaux de la Fédération des Œuvres Laïques ont été totalement incendiés ce vendredi soir. 

À Grenoble, en Isère, 53 personnes ont été placées en garde à vue, annonce le procureur Eric Vaillant. Les émeutiers ont pillé plusieurs magasins de vêtements et de chaussures. À 23 h, ce vendredi soir, un hélicoptère équipé d'un puissant projecteur tournait dans les airs, au-dessus du centre-ville.

Bretagne  

À Brest, un restaurant KFC de la zone Carrefour Iroise a été incendié. 5 personnes ont été interpellées, des mineurs pour la plupart. 

Grand Est

En Moselle, à Metz, la bibliothèque Jean Macé a été complètement détruite par un incendie, selon le maire François Grosdidier. "Les sapeurs-pompiers, victimes de tir de mortier, n’ont pas pu intervenir", écrit-il sur Facebook.

En Meurthe-et-Moselle, 16 personnes ont été interpellées dans le département. À Jarville-la-Malgrange, un centre culturel qui avait déjà été la cible d'un incendie a subi de nouvelles dégradations. À Mont-Saint-Martin, une trentaine de personnes ont fait irruption dans l'hôtel de ville, selon le maire, Serge de Carli, provoquant un incendie.

"C'est une vision d'apocalypse et de totale désolation puisque tout est démoli, tout est détruit, dégradé, dévasté et la mairie est morte", témoigne Serge de Carli. La mairie "a été visitée de fond en comble, sauf la salle du conseil municipal". Selon le maire, "tout est à refaire" : "Il y a de la suie partout, les vitres sont brisées. Tout le mobilier est cassé : les photocopieurs, les ordinateurs, les meubles. Tout est dévasté". 

Hauts-de-France

À Amiens, la médiathèque d'Etouvie a été incendiée pour la deuxième fois cette semaine. Au petit matin, des dizaines de pompiers tentaient encore de neutraliser les flammes, qui se sont propagées sur le bâtiment.

Des tensions ont aussi éclaté à Abbeville, selon la préfecture, avec intervention d'un hélicoptère de la gendarmerie.

Nouvelle-Aquitaine

À Niort, dans les Deux-Sèvres, une soixantaine de personnes ont brûlé des voitures, deux baraques et des engins de chantier. 

À Bayonne, 5 personnes ont été interpellées. Des jets de projectiles ont détruit la vitrine d'un bureau de Poste et une quinzaine d'individus ont tenté d'établir un barrage et d'y mettre feu, sans succès. 

Normandie

A Evreux (Eure), un hypermarché a été pillé et un poste de police visé par des engins incendiaires, selon la préfecture.

Occitanie

36 personnes ont été interpellées à Toulouse. Une crèche et un bâtiment associatif du quartier du grand Mirail ont été ciblés. Trois policiers ont été légèrement blessés pour des tirs de mortiers et des jets de projectiles.

Pays de la Loire

Comme précisé ci-dessus, en Loire-Atlantique, les villes de Saint-Nazaire et La Roche-sur-Yon ont connu leur première nuit d'émeutes : plusieurs magasins pillés et des tirs de mortiers à Saint-Nazaire, le poste de police de la Roche-sur-Yon victime d'un début d'incendie. Il n'y a pas eu de blessés. 

Dans la Sarthe, une partie de la mairie de Coulaines a brûlé. Des tirs de mortiers ont visé la façade du bâtiment, mais aussi les forces de l'ordre. 34 personnes sont en garde à vue. 

Une centaine d'individus cagoulés ont aussi dégradé des véhicules et pillé plusieurs magasins dans le centre-ville du Mans. À Allonnes, le chauffeur d'un camion est intervenu pour ne pas se faire voler son véhicule. 

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