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Malgré les accidents dans le Doubs et à Rochefort, "l'autocar reste le moyen le plus sûr pour aller à l'école"

Christophe Trébosc, secrétaire général de l'association nationale pour les transports éducatifs de l'enseignement public, assure à francetv info que les drames survenus dans le Doubs, mercredi, et en Charente-Maritime, jeudi, sont très rares.

Article rédigé par Violaine Jaussent - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La police à côté de la carcasse d'un car scolaire accidenté à Rochefort (Charente-Maritime), le 11 février 2016.  (CITIZENSIDE / FABRICE RESTIER / AFP)

En deux jours, huit adolescents sont morts dans des accidents de la route, alors qu'ils se rendaient à leur collège, ou leur lycée. Deux d'entre eux ont été tués après la sortie de route d'un car scolaire près de Montbenoît (Doubs), mercredi 10 février. Jeudi 11 février, six sont morts dans un accident entre un minibus scolaire et un poids lourd à Rochefort (Charente-Maritime).

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Ces deux drames incitent à se poser des questions sur les transports scolaires : sont-ils plus dangereux ? Pour avoir des éléments de réponse, francetv info a interrogé Christophe Trébosc, secrétaire général de l'Anateep, l'association nationale pour les transports éducatifs de l'enseignement public.

Francetv info : Y a-t-il plus d'accidents avec les véhicules de transports scolaires qu'avec les voitures, ou les motos par exemple ?

Christophe Trébosc : Non. Notre bilan n'est pas exhaustif, mais nous estimons qu'en 2011, il y a eu 27 accidents dans les transports en commun d'enfants de 3 à 18 ans et qui ont fait quatre morts. Cela donne un aperçu de la situation [En 2011, la Sécurité routière recense, elle, 80 accidents impliquant un bus ou un car scolaire et 9 morts, sur 65 024 accidents].

En majorité, ces accidents mortels surviennent au point d'arrêt d'un bus ou d'un car, à la montée ou à la descente. Il s'agit de personnes qui se font écraser car le conducteur ne les a pas vues, pas d'accidents survenus pendant la circulation du véhicule. 

Avant mercredi, le dernier accident mortel de transport scolaire remontait à 2014, en Moselle. L'autocar reste le moyen le plus sûr pour aller à l'école. Beaucoup plus qu'une voiture, un deux-roues motorisé ou la marche... Etre piéton représente un risque. La situation actuelle est exceptionnelle, on n'avait pas vu ça depuis des années...

Une réglementation particulière existe-t-elle pour les chauffeurs de cars scolaires par rapport aux conducteurs de bus ?

Non, il n'y a pas de spécificité réglementaire pour les transports scolaires. La règle est la même pour tous les conducteurs d'autocars de transports en commun, que ce soit en zone urbaine ou rurale. Au niveau technique, tous les bus et cars sont équipés d'éthylotests antidémarrage depuis septembre 2015, de ceintures de sécurité, d'un boîtier électronique qui permet de savoir à quelle vitesse roule le conducteur... Un dispositif qui va être utile pour l'accident survenu dans le Doubs [les enquêteurs privilégient la piste de la "vitesse excessive"]. Les contrôles techniques sont réguliers : sur les transports en commun de personnes, ils ont lieu tous les six mois.

Par ailleurs, les chauffeurs d'autocars sont très suivis : outre la formation initiale dispensée pour obtenir le permis de conduire, ils bénéficient d'une mise à niveau de 35 heures tous les cinq ans. Ils ont des visites médicales obligatoires. Leur temps de conduite est réglementé au niveau européen : par exemple, ils ne peuvent pas conduire en continu pendant neuf heures. C'est une profession sous contrôle.

Depuis 2003, le port de la ceinture de sécurité est obligatoire pour les occupants des véhicules de transports en commun de personnes. Est-ce respecté ? Et comment le chauffeur peut-il s'en assurer ?

Le conducteur se doit d'informer les passagers de cette obligation, mais il n'a pas la responsabilité de s'assurer qu'ils portent la ceinture. Il doit se concentrer sur la conduite. Chaque passager doit vérifier si sa ceinture est bien attachée, quel que soit son âge. Il est vrai que dans les autocars, la pratique a du mal à se mettre en place.

C'est pourquoi notre association fait beaucoup de prévention pour sensibiliser les jeunes. Mais il ne faut pas les stigmatiser : on fait aussi de la prévention pour les moins jeunes, car tous les autocars sont concernés, pas seulement ceux du transport scolaire. Il faut répéter cette obligation, faire preuve de patience et d'humilité... De temps en temps, on aimerait une opération coup de poing de la police ou de la gendarmerie, pour faire respecter cette obligation.

Parfois, un adulte est chargé de surveiller les élèves dans le véhicule, surtout les très jeunes. Il peut contrôler le port de la ceinture. On y est favorable. Mais ce n'est pas obligatoire. Embaucher du personnel encadrant dépend du bon vouloir de chaque commune, car cela a un coût.

Pourtant, le port de la ceinture peut sauver des vies. Cela évite d'être éjecté du véhicule. L'enquête le dira, mais c'est peut-être ce qui s'est passé dans le Doubs. Mais dans d'autres cas, porter la ceinture ne change rien. A Rochefort, la ridelle latérale d'un camion-benne s'est ouverte et a cisaillé le côté latéral du bus qui venait dans l'autre sens. S'il était passé dix minutes plus tôt, sans croiser le bus, peut-être que cela ne se serait pas produit. C'est malheureusement un enchaînement de circonstances.

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