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Qui sont les supporters de François Asselineau, candidat surprise à l'élection présidentielle ?

Le candidat de l'UPR présentait son programme, mardi soir, lors de son premier meeting depuis l'obtention de ses 500 parrainages.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Le candidat de l'UPR à l'élection présidentielle, François Asselineau, lors d'un meeting à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 14 mars 2017. (LOUIS BOY / FRANCEINFO)

Vous n'en aviez peut-être pas entendu parler, mais vous verrez ses clips de campagne aux côtés de ceux d'Emmanuel Macron, Benoît Hamon ou Marine Le Pen : François Asselineau a obtenu, vendredi 10 mars, les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle. Le leader de l'Union populaire républicaine (UPR) est méconnu du grand public, mais revendique 18 000 adhérents à son mouvement, et a obtenu ses signatures grâce à des démarcheurs dévoués.

Partisan d'un "Frexit" (une sortie de la France de l'UE), porteur d'un discours sur la domination américaine qui flirte avec le complotisme, François Asselineau tranche avec ses rivaux. Mardi 14 mars, ce candidat à l'Elysée a présenté son programme lors d'un meeting à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), devant des centaines de supporters acquis à sa cause. Franceinfo est allé à leur rencontre pour comprendre leur engagement.

"Je me suis demandé pourquoi le journaliste le cassait comme ça"

Arrivé un peu en retard, Philippe, 63 ans, est venu en curieux. Il n'avait jamais entendu parler de François Asselineau avant l'annonce de l'obtention de ses 500 parrainages survenue vendredi. "Ce qui m'a intéressé, c'est la réaction des journalistes, notamment Hervé Gattegno", explique-t-il. Sur BFMTV, vendredi, l'éditorialiste s'était interrogé sur le sens de la candidature de François Asselineau, évoquant la possibilité qu'il ne se présente que pour récolter des dons. "Je me suis dit 'comment se fait-il qu'il le casse comme ça ?'" Pour Philippe, "ne pas laisser indifférent" est "une bonne chose", et entendre Jean-Jacques Bourdin, sur RMC, qualifier le candidat souverainiste de "gourou" l'a plus intrigué que rebuté.

Philippe, retraîté de 63 ans, venu écouter le meeting de François Asselineau, le 14 mars 2017 à Saint-Denis. (LOUIS BOY / FRANCEINFO)

Ce fonctionnaire à la retraite évoque aussi, de lui-même, le "phénomène des affiches" : celles du candidat de l'UPR sont très présentes malgré son manque de notoriété. "Tout à l'heure, j’ai vu quelqu'un qui en collait et sa motivation m'a frappé. Il avait recouvert toute une palissade, il m’a proposé d’en coller avec lui, et il répétait qu’il allait gagner."

De François Asselineau, Philippe apprécie des formules qu'il trouve "bien trouvées" comme "participez à l'histoire", et sa posture d'homme providentiel. Lui est nostalgique de Charles De Gaulle mais "aimait bien" aussi François Mitterrand. Aujourd'hui, il apprécie François Fillon et son image de "combattant". Mais est séduit par la sortie de l'Europe proposée par François Asselineau : "C'est plus rassurant de ne pas dépendre des autres si ça ne va pas."

"La France appartient aux banques et à la finance"

Abdelrahmane a participé à son premier meeting. S'il n'avait pas découvert François Asselineau sur internet, cet informaticien de 38 ans explique qu'il n'aurait sans doute pas voté : "Je vote pour le général De Gaulle." Sa défiance envers la classe politique est au cœur de son intérêt pour le candidat de l'UPR. Pour Abdelrahmane, "la politique française va à l'encontre des intérêts des Français" et le pays "appartient à la banque et la finance". Il cite notamment la Constitution européenne, adoptée malgré la victoire du "non" au référendum de 2005. Il en veut également à l'usage de l'article 49.3 par Manuel Valls. "La loi Travail est passée au forcing parce qu'elle avait été commandée par des intérêts plus importants", estime-t-il, sans élaborer. Il pense aussi que la France, qui a inventé le TGV et maîtrisé le nucléaire, "n'ose plus rien faire" et qu'elle décline, face à une Allemagne qui n'a "pas de complexes".

Habituellement peu intéressé par la politique, il apprécie que François Asselineau soit un "énarque qui connaît ses dossiers" et la pédagogie de ses discours très longs et détaillés, même s'il reconnaît ne pas avoir regardé ses longues conférences sur internet"Quand François Asselineau lance des idées, elles se basent sur des constats documentés", juge Abdelrahmane. "Il donne des faits facilement vérifiables." Ce convaincu ne comprend donc pas que l'on accuse son candidat de complotisme : "Pour moi, le complotisme, c'est quand le gouvernement parle des gentils rebelles syriens qu'il faudrait armer", avance-t-il. "Alors que le fait avéré, c'est qu'on finance Daech", poursuit-il, sans citer d'argument concret soutenant une telle thèse.

"J'en ai marre qu'on oppose mes côtés patriote et religieux"

Mohammed, qui dit suivre François Asselineau depuis dix ans, et son épouse Aïcha, qui a voté pour lui au régionales en 2015, ont été les premiers surpris de sa candidature : "On ne s'attendait pas à ce qu'il ait les signatures." Sans cela, ils auraient été tentés par l'abstention, après avoir été déçus par la gauche, par Nicolas Sarkozy puis par François Hollande. Le débat politique leur donne "l'impression d'être devant une pièce de théâtre", entre des candidats adeptes de "la pensée unique".

La première qualité que ce couple de cinquantenaires trouve chez François Asselineau, c'est son "discours équilibré, rassembleur, fédérateur". Tous deux sont musulmans, Aïcha porte le voile. "Les autres veulent diviser pour mieux régner. Ici [dans les rangs de l'UPR], on ne discrimine pas telle ou telle communauté", estiment-ils. "Je suis musulmane et française", poursuit Aïcha, un drapeau bleu-blanc-rouge à la main. "J'en ai marre qu'on oppose mon coté patriote et mon côté religieux." Un patriotisme qui les fait se réjouir que François Asselineau critique "la mainmise américaine sur le monde" et veuille "défendre la culture française".

"Il porte les questions qui correspondent à l'enjeu de cette présidentielle"

"OK, il n'est pas jeune. OK, ses conférences sont longues." Fabien, 43 ans, qui a arrêté d'écouter pendant quelques minutes le leader de l'UPR, reconnaît que son candidat n'est pas le plus facile d'accès. "Mais il est pédagogue." Ce sont ces longs discours détaillés qui l'ont poussé à rejoindre l'UPR en 2015. Il découvre alors le nom de François Asselineau, cité par un économiste, et se plonge, pendant six mois, dans les vidéos de ses interventions mises en ligne sur YouTube. "J'ai vérifié ses sources, les citations. Et à la fin de ces six mois, j'ai adhéré." Pour lui, la relative austérité de son champion est une force : "Beaucoup de gens ont besoin qu'on ne leur parle pas comme à des abrutis."

Fabien, 43 ans, adhérent de l'UPR, lors d'un meeting de François Asselineau à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 14 mars 2017. (LOUIS BOY / FRANCEINFO)

Fabien est particulièrement séduit par un argument qui distingue François Asselineau des autres candidats : s'appuyant sur la Constitution, il explique que le rôle du président, auquel il aspire, est de garantir "l'indépendance de la France". Les autres questions – de la fiscalité à l'immigration – seraient du ressort du Premier ministre et des députés. En parlant notamment des sorties de l'Union européenne et de l'Otan, "il porte les questions qui correspondent à l'enjeu de l'élection à laquelle il se présente", estime donc Fabien, à qui cette rigidité plaît. "Dans mon travail, j'en reviens souvent aux contrats. Là, il y a un contrat de la présidentielle, et lui y répond."

Sur son temps libre, Fabien organise "des déjeuners politiques" avec des amis et des collègues pour leur parler de François Asselineau. Il travaille dans le domaine du logement social, et a participé à l'élaboration du volet logement du programme de l'UPR. Et il promet que "le programme des législatives", pas encore entièrement dévoilé, "va vous faire tomber de votre chaise, en terme de pertinence".

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