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Made in France : l'ex-ministre Yves Jégo appelle les candidats à la présidentielle à réserver "25% des marchés publics" aux "produits français"

"Produire en France, c'est de l'emploi", a assuré Yves Jégo jeudi sur franceinfo, alors que le salon du made in France s'ouvre Porte de Versailles à Paris. 

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Conférence sur le label Origine France Garantie à la CCI de Besançon avec Yves Jégo, ancien ministre et président d'honneur du label, le 13 mars 2018.  (SAMUEL COULON / MAXPPP)

Yves Jégo, fondateur et président d’honneur de la certification Origine France Garantie, a appelé jeudi 11 novembre sur franceinfo "les candidats à la présidentielle" à s'engager "à ce que 25% des marchés publics soient réservés aux produits français". Alors que le salon du made in France débute jeudi jusqu'à dimanche 14 novembre Porte de Versailles à Paris avec 800 exposants, l'ancien ministre devenu chef d'entreprise loue la prise de conscience des consommateurs français qui "ont compris qu'au fond, ne plus acheter français, c'était trop dangereux".

franceinfo : Est-ce que la crise du Covid-19 a renforcé l'importance du made in France ?

Yves Jégo : Les Français ont découvert qu'on ne savait plus faire de masques, qu'on ne savait pas faire de respirateurs, qu'on ne savait plus faire de gel hydroalcoolique, qu'on savait plus faire de blouses, qu'on ne savait même plus faire de vaccins. Je pense que c'était un révélateur. C'était un choc.

"Cela fait dix ans que ces questions-là taraudent l'opinion et certains, dont je suis, se battent pour le retour de la France des usines."

Yves Jégo, fondateur et président d’honneur de la certification Origine France Garantie

à franceinfo

Mais là, on en a vu les conséquences et je pense qu'il y aura un après Covid-19 pour le made in France. Le succès espéré de ce salon, avec ses 800 exposants, en est une preuve de plus. Les Français ont compris qu'au fond, ne plus acheter français, c'était trop dangereux. On est passé du combat de quelques isolés dont je faisais partie avec Arnaud Montebourg, avec d'autres sur ce sujet, et effectivement, aujourd'hui, à une prise de conscience plus large au fond, que produire en France, c'était de l'emploi. Mais produire en France, c'est aussi du circuit court, de la souveraineté, c'était bon pour la planète et qu'au fond, il y avait beaucoup de vertus à essayer de retrouver cette France des usines.

Existe-t-il des secteurs dans lesquels produire en France est impossible ?

Il n'y a rien d'impossible. On sait bien que le secteur de l'électronique, par exemple, est compliqué et qu'on n'a plus la production des produits de base nécessaires pour ce faire. Le textile, qui est le premier secteur à être parti massivement, est en train de revenir massivement. Il n'y a rien d'impossible. Il faut d'abord qu'il y ait des conditions macro-économiques qui permettent ce retour du made in France. Et puis, il faut que les Français aient l'achat français au cœur et que quand ils achètent quelque chose, ils s'interrogent pour savoir où c'est fabriqué. Il y a aussi beaucoup de fraudes. Il y a beaucoup de gens qui mettent du bleu, blanc, rouge sur des produits qui ne sont pas français. Cela m'agace beaucoup parce que c'est tromper le consommateur et ça ne va pas dans le bon sens. Si vous voyez du bleu, blanc, rouge sur un produit, méfiez-vous, ce n'est pas forcément français. C'est en ce sens que la certification Origine France Garantie, que j'ai créée il y a 11 ans, a sa valeur.

Notez-vous un changement de comportement des consommateurs français ?

Ils sont plus intéressés par l'origine des produits. On voit que cet item "quand vous achetez quelque chose, l'origine vous intéresse" monte dans toutes les études qui sont faites depuis une dizaine d'années. Après, l'achat reste un arbitrage entre la qualité, le prix et ce qu'on peut s'acheter ou ce que l'on ne peut pas acheter. Je profite d'ailleurs pour dire qu'acheter français ce n'est pas forcément plus cher. Ce n'est pas un luxe. D'abord parce que c'est de plus grande qualité, puis quand vous avez des produits durables, vous ne les payez pas trois fois. Vous les gardez plus longtemps. Souvent, quand vous achetez un produit qui vient de l'étranger, ce n'est pas vous qui avez le bénéfice du low-cost de sa fabrication, c'est l'importateur ou la marque. Le fameux maillot de l'équipe de France de football est un scandale absolu : un maillot aux deux étoiles qui est fabriqué en Thaïlande pour 5 euros dans des conditions sociales, environnementales épouvantables, est vendu 80 euros et était en pénurie parce qu'on n'arrivait pas à se faire livrer. Si on l'avait fabriqué en France, ce qui était parfaitement possible, il coûtait peut être 20 euros à la sortie de l'usine, mais il pouvait être vendu 80 euros et chacun s'y retrouvait.

Vous êtes passé d'homme politique à chef d'entreprise dans l'ameublement. Est-il difficile de faire du made in France ?

Oui, ce n'est pas simple. Il y a 50 milliards d'euros qui seraient disponibles pour l'achat français qui sont les marchés publics. Les marchés publics, c'est 200 milliards. J'ai une proposition à faire, c'est que les candidats à la présidentielle s'engagent à ce que 25% des marchés publics soient réservés aux produits français. Cela ferait 50 milliards par an d'achats français. Ce serait considérable. Depuis 1933, les Américains font ça avec le Buy American Act. Les produits achetés par les acheteurs publics américains sont des produits américains. On a beaucoup de retard. Il faut s'y mettre. C'est la proposition que je mets sur la table.

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