Cet article date de plus de deux ans.

Election présidentielle : pourquoi Xavier Bertrand a finalement décidé "tout seul" de participer au congrès des Républicains

La garde rapprochée du président de la région Hauts-de-France raconte les coulisses de sa volte-face, annoncée lundi soir sur le plateau du journal télévisé de TF1. 

Article rédigé par Charles-Edouard Ama Koffi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Xavier Bertrand sur le plateau de France 2, à Paris, le 30 septembre 2021. (THOMAS SAMSON / AFP)

C'est la fin d'un long suspense. Lundi 11 octobre, sur le plateau de TF1, Xavier Bertrand a décidé de se soumettre au congrès du parti Les Républicains, destiné à désigner le candidat qui représentera la droite à l'élection présidentielle. Dans une interview au Figaro publiée le 30 septembre, le président des Hauts-de-France voyait pourtant dans cette option "une primaire déguisée"

Avant d'assumer cette volte-face, Xavier Bertrand a beaucoup hésité. "Il a demandé l'avis de chacun, y compris sur la boucle Telegram de ses soutiens", avance son entourage auprès du service politique de France Télévisions. "Nombreux sont celles et ceux qu'il a consultés, mais il a pris sa décision seul", souligne Pierre-Henri Dumont, secrétaire général adjoint de LR et soutien de l'ancien ministre, joint par franceinfo. "Parmi son équipe, nous avons donné chacun notre point de vue et il est resté très silencieux, commente aussi François Durovray, l'un de ses porte-parole et président du conseil départemental de l'Essonne. On a tous découvert son choix en regardant le journal télévisé.

Objectif : "rassembler le plus vite possible"

"Je n'étais au courant de rien avant l'interview, assure la sénatrice LR Dominique Estrosi-Sassone. Il a nourri sa réflexion à partir de dimanche soir après avoir fait remonter plusieurs avis." En fin de compte, sa décision a "ravi" toute le monde dans son entourage, rapporte François Durovray. Et pour cause, elle a le mérite d'envoyer un message de "rassemblement", le mot d'ordre au sein de son équipe de campagne, afin de pouvoir partir unis en cas de victoire et défier Emmanuel Macron. C'est d'ailleurs ce qu'a justifié l'intéressé lors de son passage sur TF1 : "Je veux rassembler l'ensemble des Français, alors il faut que je commence par ma famille politique", a assumé Xavier Bertrand.

"L'inquiétude de Xavier Bertrand par rapport à une primaire était de passer des semaines à montrer les différences entre nous plutôt que les points de rassemblement, estime François Durovray. A partir du moment où les différences restent dans le cadre d'un congrès, elles sont sans doute moins exposées." Même analyse du côté de Pierre-Henri Dumont, qui voit dans la participation de Xavier Bertrand au congrès du 4 décembre "la seule manière de rassembler le plus vite possible".  

A en croire sa garde rapprochée, Xavier Bertrand a tenté jusqu'au bout de rallier les autres candidats à sa cause. "Il est le seul en capacité à rassembler pour gagner cette élection présidentielle, estime François Durovray. On aurait pu espérer que certains se rendent à cette évidence..." Dans un sondage publié fin septembre, commandé par le parti Les Républicains auprès de 15 000 sympathisants de droite, Xavier Bertrand arrive ainsi en tête des candidats les mieux placés pour accéder au second tour de la présidentielle avec 45% de réponses favorables. Mais malgré une volonté de la part du président des Hauts-de-France de rassembler autour de sa candidature avant le congrès, "il n'y a pas eu de rendez-vous avec les autres candidats", regrette François Durovray. 

"La survie de la droite" en jeu

Autre argument de poids, mentionné par son équipe et qui peut expliquer la décision de Xavier Bertrand : le risque, en faisant l'impasse sur ce mode de désignation, de ne pas avoir de candidat de la droite au second tour de l'élection présidentielle. "Si Xavier Bertrand n'est pas candidat, le parti LR court un risque de disparition, tranche ainsi Pierre-Henri Dumont. Si la droite n'est pas au second tour, le parti explose, c'est aussi simple que ça." 

Selon lui, les sondages et la dynamique de campagne semblent favorables à Xavier Bertrand. "Pour la première fois, un sondage de l'Ifop paru lundi a donné Xavier Bertrand en position d'être au second tour, à égalité avec Marine Le Pen. C'est le premier sondage depuis février 2017 qui donne la droite au second tour", s'enthousiasme-t-il. Dans ce sondage, son poulain est crédité à 16% des intentions de vote au premier tour, soit autant que la candidate du Rassemblement national. Ils y sont au coude-à-coude derrière Emmanuel Macron (25%).

"Xavier Bertrand a conscience qu'à partir du moment où il y a plusieurs candidats LR, on peut être rayé de la carte", appuie le président du conseil départemental de l'Essonne. Pour Dominique Estrosi-Sassone, dont l'avis rejoint celui de Pierre-Henri Dumont, la participation au congrès LR de Xavier Bertrand était tout simplement une question de vie ou de mort pour sa famille politique. "C'est la survie en 2022 qui se joue."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.