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"Des Marseillais se sentent un peu dupés" : l'opposition réagit à la démission de Michèle Rubirola

La maire de Marseille Michèle Rubirola a démissionné de son fauteuil de maire. Les élus de l'opposition s'interrogent sur la suite.

Article rédigé par franceinfo
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La salle du conseil municipal à Marseille, le 4 juillet 2020, lors de l'élection de la maire Michèle Rubirola. (GUILLAUME ORIGONI / HANS LUCAS)

Les réactions s'accumulent après la démission de Michèle Rubirola de la mairie de Marseille, six mois après sa victoire aux élections municipales. Elle l'a annoncé lors d'une réunion de crise du Printemps marseillais organisée mardi 15 décembre, et souhaite que le socialiste Benoît Payan "devienne maire""Je suis bien plus attachée à notre projet qu'à un titre. Pour que nous soyons plus efficaces tout de suite, ce n'est plus à moi de mener ce collectif", a déclaré Michèle Rubirola. Une décision qui fait réagir l'opposition.

LR : "Les Marseillais peuvent être déçus"

Interrogé sur franceinfo, le député Les Républicains Éric Diard estime que "les Marseillais peuvent être déçus" de l'équipe de Michèle Rubirola. L'élu LR n'appelle pas à un nouveau vote des Marseillais dans l'immédiat, sauf "si ça ne se règle pas au conseil municipal", explique-t-il. Michèle Rubirola, 64 ans, a plutôt une "image bienveillante", souligne Éric Diard. Une image opposée à celle de Benoît Payan, qui "ne fait pas l'unanimité". Un premier adjoint à la mairie "aux dents longues (...) apparatchik du Parti Socialiste", estime Éric Diard. Les Marseillais ont été "dupés", conclut Éric Diard.

"Michèle Rubirola a été dévorée par sa majorité. C'est la première victime du Printemps marseillais", juge Renaud Muselier, le président LR de la région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur."C'est grave pour la ville", ajoute-t-il. Michèle Rubirola, qui va devenir première adjointe, "a eu la confiance des Marseillais, et cinq mois après elle démissionne. Je suis bras ballants", se désole le patron de la région.

La fonction de premier adjoint n'est pas un poste de planqué. Je l'ai été pendant trois mandats. On est là à 300%.

Renaud Muselier

à franceinfo

Si Michèle Rubirola "estime qu'elle est fatiguée", Renaud Muselier lui souhaite "un prompt rétablissement. Mais elle ne peut pas être première adjointe. Il faut qu'elle prenne de la distance."

Une classe politique "qui ne donne pas l'exemple" pour LREM

Cette démission "donne encore une image de la classe politique marseillaise particulièrement délétère, et ça n’est pas acceptable" ajoute de son côté sur franceinfo, Alexandra Louis, députée LREM des Bouches-du-Rhône. Selon les informations de franceinfo, Benoît Payan, actuel premier adjoint, est candidat au fauteuil de maire. Michèle Rubirola, elle, deviendrait alors première adjointe. "Ça me fait penser à l’ancien monde avec les petits arrangements entre amis", clame la députée.

"On se croirait encore dans un mauvais remake de la série 'Marseille' ou de 'House of Cards'."

la députée Alexandra Louis

L’élue LREM estime que "la classe politique marseillaise ne donne pas l’exemple. Tous ces petits arrangements entre amis donnent l’idée d’une politique un peu loin des exigences démocratiques, d’autant plus que la période est difficile." Elle ajoute que "beaucoup de ses concitoyens se sentent un peu dupés." La députée des Bouches-du-Rhône "attend des explications" et promet "d’être attentive cet après-midi, comme les Marseillaises et Marseillais pour comprendre ce qui l’a motivée".

Selon Saïd Ahamada, député LREM de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhone, des "rumeurs brussaient" dès la campagne des municipales "d'un accord scellé entre le premier adjoint, Benoît Payan, et la maire de Marseille". Celle-ci devait lui "céder son poste au bout de quelques mois". C'est aujourd'hui ce qui arrive et Saïd Ahamada ne "croît pas aux coïncidences". "S'il y a eu un arnaque électorale sur le dos des Marseillais, il y a un vrai souci démocratique", estime le député LREM.

Le RN appelle à de nouvelles élections municipales

Du côté du Rassemblement nationale, on fustige cette décision. "Il se sont moqués de nous", réagit Stéphane Ravier, sénateur RN. Contrairement au député LR, l'élu souhaite qu'il n'y ait pas d'arrangement de partis "dans le dos des Marseillais". "J'en appelle à un nouveau vote, j'en appelle à un retour aux urnes. Cela mérite une véritable clarification." Pour Stéphane Ravier, la démission annoncée de Michèle Rubirola est liée à un "ras-le-bol" de l'élue. 

"Un ras-le-bol de la politique marseillaise, elle veut servir autrement qu'en étant maire, mais visiblement elle n'arrive pas à l'assumer."

Stéphane Ravier

Michèle Rubirola "a menti dès le départ" aux électeurs marseillais, accuse Stéphane Ravier. Procéder à une nouvelle élection municipale est la seule solution pour "redorer le blason de la démocratie qui en prend un sacré coup aujourd'hui à Marseille", poursuit l'élu.

Âgée de 64 ans, Michèle Rubirola était auparavant médecin dans les quartiers populaires. Le dernier conseil municipal de l'année se tiendra lundi à Marseille.

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