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Parti animaliste, Alliance royale, Parti pirate… Qui sont ces petits partis qui se présentent aux législatives ?

Une soixantaine de partis présentent ou soutiennent des candidats au scrutin des 11 et 18 juin. Et certains défendent des programmes très particuliers.

Article rédigé par Camille Adaoust - Geoffrey Lopes
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Une affiche du Parti animaliste pour les élections législatives, à Nantes (Loire-Atlantique), le 4 juin 2017.  (LOIC VENANCE / AFP)

Défense des animaux, dépersonnification, lutte contre la colonisation régionale… Il y en a pour tous les goûts. Parmi les 7 877 candidats déclarés aux élections législatives des 11 et 18 juin, le ministère de l'Intérieur recense 1 415 "divers", c'est-à-dire sans appartenance partisane reconnue et financée par l'État. Et parmi eux, certains ont dû attirer votre attention par leur affiche osée, leur slogan insolite ou leur projet atypique. Franceinfo vous en présente quelques-uns.

Le Parti animaliste

Signe particulier Sur les affiches du Parti animaliste, pas de portrait humain mais la photo d'un chaton. "Notre stratégie est de montrer que nous sommes désintéressés à titre individuel. Une affiche identique sur tout le territoire national nous permet aussi d'optimiser notre visibilité", confie la coprésidente du parti, Hélène Thouy, à Libération.

Nombre de candidats Le parti revendique une présence dans 147 circonscriptions. Les deux tiers des candidats animalistes sont des femmes, plutôt jeunes (42 ans en moyenne), qui viennent d'horizons divers (étudiants, chefs d'entreprise, avocats, commerçants, etc.) Le Parti animaliste mise sur la diversité et dit réunir des personnes de toutes sensibilités politiques. Le mode de scrutin majoritaire à deux tours ne devrait pas lui permettre d'égaler les cinq députés du parti des animaux néerlandais.

Côté programme Il peut arriver d'entendre des cris d'animaux de mauvais goût dans l'hémicycle. Les candidats du Parti animaliste, eux, se donnent pour objectif de faire entendre la voix des animaux, les vrais. Ils défendent la création d'un ministère de la Protection animale et veulent interdire l'utilisation des animaux pour divertir, abolir la chasse de loisir et les pratiques génératrices de souffrance.

A noter Un autre parti, le Parti antispéciste citoyen pour la transparence et l'éthique, appelle de son côté "l'humanité à se réconcilier avec elle-même et avec les animaux".

#MaVoix

Signe particulier Sur ses affiches, pas de visage. Le mouvement #MaVoix propose aux passants de se regarder… dans un miroir, au-dessus duquel est inscrit : "Qui me représente le mieux ?" 

Nombre de candidats Lara, Göran, Vincent, Aïcha, Jean-Philippe… Le mouvement #MaVoix présente 43 candidats aux élections législatives, sur les 577 circonscriptions. La région parisienne et les Français de l'étranger sont bien représentés, les zones rurales un peu moins. "#MaVoix n'est pas représentatif de la société française, note Anaïs Théviot, spécialiste du militantisme en ligne interrogée par l'AFP. Ce type de mouvement s'adresse à une population urbaine et jeune."

Côté programme Si le mouvement, qui prône "la dépersonnalisation de la politique", refuse de désigner un porte-parole, son site internet en dit plus sur son objectif : "Prendre place à la table des décisions" et "hacker l'Assemblée". #MaVoix veut faire élire ses candidats, tirés au sort le 6 mai dernier parmi 490 volontaires, pour siéger "100% du temps législatif dans l'hémicycle" et voter selon les consignes données par les Français sur une plateforme en ligne. Une utopie ? Le mouvement l'admet facilement. "Mais tellement de changements dans l'histoire sont partis d'utopies", justifie-t-il sur son site.

577 pour la France

Signe particulier Pour les législatives, les mouvements se qualifiant de "citoyens" sont légion. Celui-ci trouve sa source dans le nombre de sièges à l'Assemblée nationale : 577 pour la France affiche dans son slogan une "indépendance de la droite et du centre". C'est Jean-Christophe Fromantin, député-maire divers droite de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), qui en est l'instigateur. Lui-même ne se présente pas aux législatives. 

Nombre de candidats Le mouvement présente 71 candidats. 

Côté programme Le mouvement, pro-européen, demande une réforme des territoires, de l'organisation politique et de la gouvernance. Le cœur de ses revendications porte sur la défense des villes moyennes, précise Le Point. Exhaustif, le programme du mouvement aspire aussi à modifier l'accès à la croissance, l'innovation, l'éducation, la formation, et veut réformer le modèle social. 

L'Alliance royale 

Signe particulier Ses tracts sont ornés de fleurs de lys. 

Nombre de candidats Seulement 16 candidats portent les couleurs du parti. L'Alliance royale se présente dans plusieurs circonscriptions de Paris, dans les Hauts-de-Seine, dans le Nord ou encore dans le Rhône. Elle défend une liste de "citoyens français considérant que la solution royale est la seule réponse possible à la profonde crise institutionnelle, politique, sociale et morale que traverse notre pays".

Côté programme L'Alliance royale réclame une refonte du système politique. Au centre de son projet ? Un roi "sacré" et "indépendant du jeu politique", sans lequel, selon le mouvement, la France "se défait". L'Alliance royale se définit, sur son site, comme "inspirée de l'esprit capétien". Parmi ses propositions, d'importantes modifications de la société. Elle parle par exemple de la reconnaissance du statut de "mère au foyer", qualifie la parité d'"absurde discrimination irrespectueuse des femmes" ou réclame l'ajout "des armes de la France" au centre du drapeau bleu-blanc-rouge.

La France qui ose

Signe particulier Le mouvement a été créé sous l'impulsion de Rama Yade, ancienne secrétaire d'État de Nicolas Sarkozy.

Nombre de candidats La France qui ose revendique des "talents de la société civile", issus de tous les courants politiques, pour "rebâtir la France". Elle présente des candidats dans 31 circonscriptions. 

Côté programme Le mouvement envisage de "sortir le pays de cette prise d'otage de notre démocratie qu'est devenu le front républicain". Dans une vidéo, Rama Yade compte sur "la mobilisation des invisibles de la République, des sacrifiés de la démocratie" et promet de "remettre en marche l'ascenseur social pour ceux qui n'ont hérité de rien". Le parti s'appuie sur un manifeste pour les ruralités, un plan d'action pour l'outre-mer, une croissance "bleue" autour de la mer...

Régions et peuples solidaires

Signe particulier Les TGV qui mènent tous à Paris et l'hégémonie de la capitale dans la vie économique et politique française, ça suffit ! Le mouvement Régions et peuples solidaires veut en finir avec le centralisme parisien.

Nombre de candidats RPS présente 202 candidats, venus de partis régionalistes divers, mais qui ont signé une déclaration de rattachement au mouvement.

Côté programme  Créé en 1994, le mouvement fédère des partis régionalistes occitans, bretons ou alsaciens. Pro-européen, il souhaite "développer le travail au Pays, le fédéralisme et imposer le développement économique soutenable et raisonné". Son directeur de campagne, Pèire Costa, affirme à franceinfo se battre pour les collectivités locales. "On peut élaborer telle ou telle politique, c'est l'organisation institutionnelle qui l'applique. En France, les collectivités locales ne peuvent pas agir correctement sur le territoire et on leur supprime sans cesse des subventions." 

Pèire Costa ne cache pas ses ambitions : "Nous cherchons à atteindre 1% des voix dans plus de 50 circonscriptions pour toucher des subventions publiques. Nous espérons une dizaine de candidats au second tour, en particulier en Corse et en Bretagne. Christian Troadec, par exemple, se présente face à Richard Ferrand dans le Finistère."

Le Parti pirate

Signe particulier Le Parti pirate repose sur une première proposition simple : "partager fraternellement les savoirs culturels et scientifiques de l’humanité", et ce surtout sur internet. Les adeptes du téléchargement se retrouveront donc dans leur ligne de défense : "Notre crime ? Vouloir partager la culture."

Nombre de candidats Le Parti pirate présente 58 candidats, deux fois moins que lors des élections législatives de 2012. Beaucoup sont jeunes et geeks, certes, mais pas seulement. Certains cherchent un emploi, d'autres enseignent à l'ENA, rapporte Le Monde.

Côté programme Les pirates sont pointilleux, mais difficile de connaître leur programme concret. Il se discute à travers des "outils internes" favorisant l'échange entre les membres du parti. Si le parti a établi son code des pirates, il octroie à ses membres une importante liberté de conscience. Les pirates prônent l'horizontalité. "Ils chérissent la liberté, sont indépendants, autonomes, et refusent toute forme d'obédience aveugle", peut-on lire dans le premier point. Les pirates écrivent noir sur blanc "protéger la vie privée". Ils se disent "créatifs, curieux et ne se satisfont pas du statu quo". Ils assurent "défier les systèmes, chercher des points faibles" et certifient "trouver des façons de les corriger". Car les pirates "apprennent de leurs erreurs". 

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