Reportage "Unis, on aurait été la première liste" : la frustration de militants de gauche à l'approche des élections européennes

Alors que la liste emmenée par Raphaël Glucksmann grimpe dans les sondages, des militants de gauche restent amers face à l'absence de liste commune.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Raphael Glucksmann cherche à se présenter comme le vote "utile" à gauche contre le RN et les macronistes. (REMY GABALDA / MAXPPP)

En dynamique dans les sondages - entre 11 et 13% -, Raphaël Glucksmann, tête de liste socialiste (PS-Place publique) aux européennes, cherche à se présenter comme le "vote utile" à gauche contre le RN et les macronistes. Mais le pari n'est pas gagné, à en croire des militants de gauche qui ont débattu au micro de franceinfo : une adhérente de Générations, un écologiste et un socialiste.

Trois jeunes autour d'un sirop à l'eau à quelques pas de l'Assemblée, déçus de la tournure que prend l'union à gauche. Sirine milite chez Générations, le micro-parti de Benoît Hamon. Elle en veut à Raphaël Glucksmann de ne pas avoir défendu une liste commune aux européennes et se dit "frustrée que même s’il grimpe dans les sondages, on se grappille encore des miettes. Le RN est encore très loin devant. Alors qu'avec une liste unie on aurait été la première liste. Moi je suis frustrée de ça. Ce ne sera jamais la même chose qu'une liste unique qui était prévue à 35% et là on se grappille des 8%, 7%, 5%. Moi c'est ça qui me frustre et qui me met extrêmement en colère."

"En 2027, on ne peut pas faire l'union autour du PS"

En face d'elle, Clovis fait oui de la tête. C'est, pour ce militant écologiste, une histoire de calculs, de stratégie politique de la part des partis, du sien aussi il l'avoue. Mais surtout, en ce moment, des socialistes : "Ce qu'ils veulent c'est devenir la première force de gauche à la suite des élections européennes. Et s’ils le sont effectivement - parce qu'il va y avoir un jeu de ralliement derrière eux - pour moi c'est extrêmement dangereux parce que l'union, en 2027, on ne peut pas la faire autour du PS. On a besoin d'une union qui soit beaucoup plus radicale." 

"Le PS aujourd'hui représente pour beaucoup trop de monde la déception, la trahison de François Hollande, la trahison de Manuel Valls ou des choses comme ça."

Clovis, militant écologiste

à franceinfo

Pour lui, la tête de liste PS-Place publique cherche à diviser : "Quand Glucksmann dit, par exemple, 'Moi je suis sérieux sur les questions internationales.' On sait très bien qu'il sous-entend que derrière il y aurait eu des listes - insoumis ou écolos - qui seraient moins sérieuses. Rien que de faire ça, pour moi c'est hyper dangereux. Taper sur les autres, c'est ce qui va nous diviser et nous coûter super cher en 2027."

À côté, Jérémie, le socialiste, tire sur sa cigarette, un peu agacé : "Je trouve ça assez triste qu'on remue le spectre de la Nupes tout au long de cette discussion car malheureusement il n'y en a pas dans cette élection européenne. Et qu'on s'intéresse déjà à l'après, ça montre que finalement il n'y a peut-être pas autant d'intérêt que ça pour les européennes. L'objet aujourd'hui n'est pas de dire 'Nupes, Nupes' même si nous sommes pour la Nupes. L'objet est de dire 'Que faisons-nous pour cette élection?' Et je crois qu'il est essentiel de reconnaître qu'il y a une véritable envolée pour Raphaël Glucksmann. Et qu'elle est très importante pour le scrutin." L'argument que mettent en avant les socialistes est le poids de leur groupe au Parlement européen : le plus à même selon eux, à gauche, de peser dans les décisions.

Des militants de gauche frustrés par l'absence d'une liste commune aux européennes : reportage de Victoria Koussa

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