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"C'est un mode de vie qui tombe à l'eau" : les abonnés à IDTGV Max en colère après la disparition de l'offre illimitée de la SNCF

La carte IDTGV Max doit disparaître fin mai. Elle offrait des voyages illimités sur le réseau IDTGV pour une soixantaine d'euros mensuels.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
L'application mobile liée au forfait de train illimité IDTGV Max, dont la SNCF a annoncé la fin de la commercialisation, le 25 février 2017. (MAXPPP)

L'offre avait-elle dépassé son créateur ? La SNCF a annoncé, le 25 janvier, la fin de son abonnement IDTGV Max. Lancée deux ans plus tôt, et ouverte à un nombre limité d'usagers – 10 000 personnes –, cette carte permettait de voyager de manière illimitée sur le réseau d'IDTGV, une filiale de la SNCF, pour une soixantaine d'euros par mois.

L'annonce a provoqué le désarroi des abonnés, qui ont lancé une pétition, signée plus de 6 000 fois, et ont organisé plusieurs rassemblements, dont un a réuni des dizaines de participants, à la gare de Lyon, mardi 7 février. Franceinfo a demandé à plusieurs d'entre eux d'expliquer pourquoi la disparition de cette carte risquait de bouleverser leur quotidien.

"Je faisais un aller-retour par semaine"

Amélie a fait partie des premiers adeptes de la carte IDTGV Max. Elle raconte à franceinfo s'être ruée dessus dès son lancement, en février 2015. Originaire du Havre, elle travaille depuis trois ans à Marseille, loin de son fils de neuf ans. Le train illimité lui a permis "de ne pas rater les rentrées scolaires, les anniversaires, et d'être flexible, pour aller le voir si jamais il a un coup de mou". Et ce même si le trajet Paris-Le Havre, pas couvert par IDTGV, lui coûte déjà 80 euros.

Fabienne, elle, a pris la carte après son divorce. Directrice d'une école de musique à Fuveau, près d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), elle part à Paris "tous les week-ends, du jeudi soir au lundi matin", pour y retrouver son nouveau compagnon et son fils étudiant. "La deuxième année, j'ai aussi pris une carte à ma mère", pour qu'elle puisse rendre visite à son petit-fils deux fois par mois.

Guillaume, consultant en stratégies et communication basé à Hyères (Var), a, lui, profité de cette carte pour développer une clientèle à Paris. "Cela m'a permis d'accepter des missions intéressantes, chez des clients qui auraient pu être découragés s'ils avaient dû prendre en charge mes déplacements", explique-t-il à franceinfo. "Depuis novembre, je fais un aller-retour chaque semaine."

"Ça m'a fait sortir ma calculette"

Tous sont tombés des nues quand ils ont découvert, fin janvier, que l'offre allait disparaître. Dans son mail, la SNCF assure avoir conçu IDTGV Max, dès le départ, "comme une expérimentation dans le domaine de l'illimité". Un statut éphémère dont les usagers assurent qu'ils n'avaient jamais été informés. Son arrêt coïncide avec le lancement d'une nouvelle offre illimitée, TGV Max. Mais celle-ci est bien différente : elle concerne un réseau plus étendu, mais exclut les horaires les plus fréquentés, et elle est réservée aux 16-27 ans. Une limite d'age qui exclut un grand nombre des abonnés à IDTGV Max.

"Ça m'a tout de suite fait sortir la calculette", témoigne Fabienne. Elle explique s'être demandé si elle pouvait "faire une formation pour trouver un travail à Paris", mais n'envisage pas sérieusement de quitter son école de musique. "Je commence à regarder les tarifs de l'avion", qui pèserait peut-être un peu moins sur son budget. La situation d'Amélie semble plus compliquée : "C'est un mode de vie qui tombe à l'eau. Je ne pourrais pas mettre 300 à 400 euros de plus par mois." Elle estime avoir trouvé, à Marseille, un travail qui lui convient beaucoup mieux qu'au Havre. Mais ne peut pas y faire venir son fils.

Soit je perds mon enfant, soit je perds mon emploi. C'est la peste ou le choléra.

Amélie, abonnée à IDTGV Max

à franceinfo

Sur internet, la disparition prochaine d'IDTGV Max a rapproché les "max trotters", le nom donné par la SNCF aux 10 000 abonnés du service. En plus de la pétition lancée pour protester contre la fin du service, plusieurs groupes Facebook ont été créés, dont le plus important compte près de 2 700 membres. Des rassemblements ont été organisés dans plusieurs gares et une délégation d'une quarantaine d'usagers a été reçue par la SNCF le 1er février.

La SNCF promet des solutions "d'ici la fin du mois"

Selon Guillaume, qui participait à cette réunion, la compagnie leur a expliqué que son offre était destinée, au départ, à des personnes désirant faire du tourisme, l'usage en pratique ayant pris des formes inattendues. Contactée par franceinfo, la compagnie refuse de communiquer sur l'affaire, mais explique qu'elle discute de solutions avec les usagers, et promet des propositions "d'ici la fin du mois" de février.

Les "max trotters" contactés par franceinfo plaident tous pour un maintien de l'offre pour les usagers qui en bénéficient déjà. "On a tous des situations différentes, et la seule solution est de conserver les choses telles quelles, estime Amélie. On restera déterminés, c'est un besoin vital pour nous." Des avocats prépareraient une action collective contre la SNCF.

En attendant, le paiement des abonnements a cessé, et les abonnés peuvent voyager gratuitement jusqu'à fin mai. Un cadeau qui, pour les usagers en colère, met surtout à mal l'argument du manque de rentabilité avancé par la SNCF.

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