Violences à Paris : le "gilet jaune" Benjamin Belaïdi se dit "consterné" et estime que l'exécutif "diabolise" le mouvement
Le "gilet jaune" Benjamin Belaïdi était l'invité de franceinfo dimanche pour réagir aux violences qui ont marqué la mobilisation de la veille, à Paris notamment. Il dénonce une volonté du gouvernement de diaboliser le mouvement.
Au lendemain de scènes de violences et de pillages sur les Champs-Elysées, le "gilet jaune" Benjamin Belaïdi, militant associatif à Compiègne (Oise) et présent à la manifestation parisienne, s'est dit "consterné", dimanche 17 mars sur franceinfo, par les violences mais aussi par la réponse des forces de l'ordre, qu'il a estimé étonnamment désorganisées. "En tant que militant associatif et pacifique, je me dis qu'il y a une volonté politique de diaboliser le mouvement et de l'éteindre", a estimé Benjamin Belaïdi.
franceinfo : Quelle est votre réaction après les nouvelles scènes de violences et les dégradations hier sur les Champs-Elysées ?
Benjamin Belaïdi : Je suis d'abord consterné parce que les Champs-Elysées sont devenus un paysage de désolation. Je ne suis pas allé manifester pour cela, pour qu'on laisse un tel paysage. Hier, c'était la guerre, et on en garde un très mauvais souvenir. On ne va pas manifester pour tout casser.
Pensez-vous que les casseurs confisquent le mouvement ?
Ils viennent se faire plaisir, ils n'ont pas de revendications positionnées comme les "gilets jaunes". Maintenant, quand je vous dis que je suis consterné, c'est aussi vis-à-vis de la réponse politique et de la réponse des forces de l'ordre puisqu'on s'est rendu compte que, sur des actes précédents, notamment sur l'acte 2 et l'acte 3, les forces de l'ordre avaient su prendre des dispositions pour interdire l'accès aux Champs-Elysées et à l'Arc-de-Triomphe. Et là, hier, j'ai pu me garer à 200 mètres, avenue de la Grande Armée, et j'ai pu me rendre sur l'Arc-de-Triomphe sans aucun problème, sans barrage filtrant. Comment des groupuscules qui viennent en masse, à 30, 40, 50 personnes, ont pu infiltrer les "gilets jaunes" et se faire plaisir tout au long de la journée sans qu'il n'y ait de réaction derrière contre ces personnes ? Il y a eu des réactions parce que nous avons été "nassés", gazés de manière intempestive. Cela participe aussi à radicaliser les personnes qui sont venues de manière pacifique. On envoie un très mauvais message. En tant que militant associatif et politique, je me dis qu'il y a une volonté politique de diaboliser le mouvement pour essayer de l'éteindre.
Les "gilets jaunes" pacifiques qui étaient sur place sont-ils "complices" de ces casseurs, selon vous ?
Mais non, ça c'est scandaleux ! Je ne me sens absolument pas responsable ni complice. Chacun est comptable de ses propos et de ses actes, ce n'est pas parce qu'Emmanuel Macron ou Édouard Philippe tiennent ces propos-là qu'ils détiennent la vérité. À partir du moment où on est convaincu que notre combat est noble et légitime, il n'y a aucune raison de l'arrêter. On ne va pas l'arrêter parce qu'il y a des violences.
Pourquoi continuer à manifester à Paris en sachant que la manifestation va être confisquée par les casseurs ?
La plupart des "gilets jaunes" pense que le président veut gagner du temps en repoussant les échéances de la fin du grand débat. Qu'en est-il de ce qui va se passer en termes de réponses pour les "gilets jaunes" ? Et les gens veulent continuer de se mobiliser à Paris parce qu'il y a des lieux de symbole, des lieux de pouvoir. Pour la suite du mouvement, est-ce qu'il vaut mieux continuer d'aller à Paris ou est-ce qu'on reste en région, ou on fait les deux ? Ce n'est pas à moi de décider pour eux mais je pense que les mobilisations à Paris vont continuer. C'est clair et net, tant qu'il n'y aura pas de réponses apportées. Surtout quand on voit que le président était au ski : il y avait un tel contraste dans les images que ça en est scandaleux. La seule réponse à ce mouvement, c'est la répression policière. Il faut que le président, le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur prennent des dispositions et prennent leurs responsabilités. Il faut que monsieur Castaner démissionne, il ne faut pas rester dans ces conditions-là, quand le pays est à feu et à sang, c'est pas possible.
Que pensez-vous du grand débat ?
J'ai participé à certains débats et je me suis rendu compte de la mascarade. On avait quatre thèmes qui étaient posés, quand on voulait poser une question sur un autre sujet, on n'avait pas le droit de le faire. C'était très, voire trop, encadré. On avait l'impression d'être à l'école, il fallait limite répondre à un QCM. On le sait très bien, on n'est pas bête. Le président a dit qu'il avait été élu sur un programme et qu'il ne changerait pas, donc, à partir de là, on se dit que c'est de l'enfumage !
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