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"Gilets jaunes" : une information judiciaire ouverte sur les pratiques de maintien de l'ordre de Didier Lallement

Les organisateurs de la manifestation du 16 novembre 2019 reprochent au préfet de police de Paris de l'époque d'avoir nassé des milliers de manifestants pendant plus de trois heures sur la place d'Italie.

Article rédigé par franceinfo - Armêl Balogog
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Lors d'une manifestation à l'appel du mouvement des "Gilets jaunes", le 20 avril 2019 à Paris. Photo d'illustration. (ZAKARIA ABDELKAFI / AFP)

Une information judiciaire est ouverte sur les pratiques de maintien de l'ordre de l'ancien préfet de police de Paris Didier Lallement, lors d'une manifestation des "gilets jaunes" le 16 novembre 2019 à Paris, a appris franceinfo de sources concordantes jeudi 8 septembre, confirmant une information de l'AFP.

Les deux organisateurs de la mobilisation, Priscilla Ludovsky et Faouzi Lellouche, reprochent à Didier Lallement, alors préfet de police de Paris, d'avoir nassé des milliers de manifestants pendant plus de trois heures sur la place d'Italie, alors que la manifestation n'avait pas été interdite, les empêchant de manifester mais aussi de quitter les lieux.

Une nasse "source de situations dangereuses" selon les plaignants

Ils ont déposé une première plainte en juin 2020 que le parquet de Paris a classé sans suite. Ils ont donc déposé une plainte avec constitution de partie civile le 16 novembre 2020 pour "atteinte arbitraire à la liberté individuelle", "entrave à la liberté d'expression et de manifestation" et "mise en danger de la vie d'autrui". Dans cette plainte, ils estiment que la nasse a été "la source de situations dangereuses" pour les manifestants et qu'elle a favorisé "la montée des tensions entre les personnes rassemblées et les forces de l'ordre, en créant de la confusion au sein des manifestants et en entraînant des mouvements de foule et de panique". Ce jour-là, le manifestant Manuel Coisne a été éborgné par un tir de grenade lacrymogène.

Le 31 août, le juge d'instruction a estimé, contre l'avis du parquet de Paris, qu'il y avait bien lieu d'enquêter sur les faits dénoncés par les deux figures des "gilets jaunes" Priscilla Ludovsky et Faouzi Lellouche. L'ouverture de cette information judiciaire était néanmoins prévisible car les plaintes avec constitution de partie civile permettent de lancer des investigations de façon quasi-automatique.

"Il n'y a pas de cadre légal ni règlementaire qui entoure la nasse"

"On est extrêmement satisfaits de l'ouverture de cette information judiciaire", s'est félicité Me Guillaume Martin, l'avocat des deux plaignants, à franceinfo, "c'est une décision qui est extrêmement positive, cela étant, on reste prudent parce que s'ouvre une phase qui va être très longue et on n'a pas du tout de certitude sur son issue, a-t-il nuancé. Nous, on est très certains du fait que la pratique du nassage est illégale parce que, de fait, il n'y a pas de cadre légal ni règlementaire qui l'entoure. Il nous reste à convaincre le magistrat instructeur de cette position-là" pour qu'il y ait un procès.

"Il faut comprendre que cette nasse grandeur nature a été ordonnée s'agissant d'une manifestation bien particulière", a-t-il souligné, rappelant qu'il s'agissait de la manifestation célébrant le premier anniversaire du mouvement des "gilets jaunes".

"La pratique de la nasse a pour effet sans doute recherché d'empêcher les gens de manifester ou en tout cas de les en dissuader."

Me Guillaume Martin

à franceinfo

"Ce jour-là, il y a une manifestation qui était parfaitement déclarée, à l'occasion de laquelle au départ il n'y avait aucun trouble. On a nassé des milliers et des milliers de personnes pendant des heures et, évidemment, au bout d'un moment des troubles se sont produits et on s'est servi de cela comme prétexte pour interdire une manifestation qui au départ était parfaitement régulière. Chacun en tire les conclusions qu'il souhaite mais le fait est que ce jour-là, il n'y a pas eu de manifestation", a continué l'avocat.

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