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Black Friday : "N'achetez rien !", implorent des ONG

Pour ménager la planète, Greenpeace et d'autres associations demandent aux consommateurs de ne pas se jeter sur les promotions de ce "vendredi noir". 

Article rédigé par franceinfo
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Des clients dans un magasin de Hambourg (Allemagne), le 22 novembre 2018, pendant la période de promotion du Black Friday.  (BODO MARKS / DPA)

A la radio, dans la rue, dans les boîtes mail... Les publicités pour le Black Friday sont partout, vendredi 23 novembre. Les marques mettent le paquet pour casser les prix (et faire craquer les clients). Sauf que cette consommation de masse n'est pas sans conséquences sur l'environnement. Des ONG ont donc choisi de prendre le contre-pied. Leur credo : "pour sauver la planète, n'achetez rien". Franceinfo vous explique ce qu'est l'alternative du "Green Friday". 

Que dénonce le "Green Friday" ?

Selon ce mouvement, qui a démarré l'an dernier en France, le Black Friday ne ferait qu'inciter à la surconsommation. "On avait le sentiment qu'il fallait lancer l'alerte sur cette journée du Black Friday, qui prend malheureusement de l'importance en France", explique la coordinatrice Anémone Berès dans les colonnes de Libération

La surconsommation est complètement déraisonnable. Il existe des alternatives responsables, on peut consommer sans gaspiller.

Anémone Berès, coordinatrice de l'opération "Green Friday"

à l'AFP

Chez Greenpeace, on ne dit pas autre chose. "Nous croulons déjà sous les affaires – dans nos penderies, nos garages, nos cuisines – et on nous incite à acheter toujours plus de vêtements, de gadgets, de nourriture, de plastiques à usage unique, de jouets, de voitures", explique Robin Perkins, coordinateur de la campagne pour Greenpeace, dans un communiqué. Et tout cela contribue à la "pollution, au changement climatique, à la destruction de l'habitat local et de l'environnement".

Le "Green Friday" est trop récent pour que son effet réel soit mesuré. Mais l'événement alternatif semble refléter un rejet du consumérisme débridé d’une partie de la société. "Année après année, les consommateurs se lassent", estime Heikki Väänänen, PDG de la société spécialiste de la satisfaction client HappyOrNot. Selon son institut, les taux de satisfaction des consommateurs américains pendant le Black Friday ont chuté de 7,5% en 2017.

Comment les associations agissent-elles ?

Greenpeace, qui a lancé une campagne de manifestations dans 34 pays, propose de "ne rien acheter" à l'occasion du Black Friday et de plutôt utiliser ses mains pour apprendre à créer et réparer. 

Si nous partagions, prenions soin et réparions nos affaires, nous pourrions aider la planète à faire une pause.

Robin Perkins, coordinateur chez Greenpeace

dans un communiqué

Pendant le Black Friday, l'association de défense de l'environnement organise des ateliers de créations de cadeaux de Noël "durables" ou des bourses d'échange de vêtements et de livres. "Acheter ne nous rend pas heureux alors qu'être avec des gens, apprendre à leurs côtés des trucs et astuces pour valoriser ce que nous possédons déjà, ça oui". De son côté, Emmaüs propose des ateliers de couture afin de sensibiliser à la durée de vie des vêtements. L'association Zero Waste France, qui lutte contre le gaspillage, se retrousse aussi les manches pour l'occasion. Elle invite à découvrir des alternatives au neuf, comme la location, l'occasion, le troc, la réparation, l'emprunt, le fait-maison... 

D'autres associations ont fait le choix de reverser 15% des ventes de vendredi à diverses associations. Quant à la mairie de Paris, qui soutient le mouvement "Green Friday", elle organisera mi-décembre un "marché de Noël solidaire". 

Les ONG sont-elles les seules à se mobiliser ?

Non. Environ 150 entreprises françaises se sont aussi engagées à ne pratiquer aucun rabais vendredi. Parmi elles, beaucoup de structures sont déjà sensibilisées sur les questions du commerce équitable ou de l'insertion sociale, comme Café Michel, Ordi solidaire, Prêt à pousser, Lamazuna, Ressourcerie créative, la Textilerie, Extramuros ou SoliCycle...

La Camif, elle aussi, dit non au Black Friday. Comme en 2017, l'enseigne de meubles a carrément fermé son site de vente pour l'occasion, dans le but de donner "un signal très fort". "On s'est dit qu'il fallait réveiller les consciences, passer à l'action. On n'est pas dans la 'déconsommation' mais dans la consommation responsable, a expliqué Emery Jacquillat, PDG de l'enseigne, sur BFMTVC'est à la hauteur des enjeux et au cœur de la mission de la Camif, qui est de développer une consommation plus responsable". Au lieu de travailler à leurs postes habituels, les employés ont la possibilité de donner de leur temps à des associations. 

Capture d'écran du site marchand www.camif.fr, le 23 novembre 2018.  (CAMIF.FR / FRANCEINFO)

Chez Drivy, la plateforme d'autopartage, on propose 50 euros aux utilisateurs qui bouderont le Black Friday. Chez Naturalia, on a détourné avec humour le concept de Black Friday en lançant... un Vrack Friday pour initier les Français au zéro déchet.

L'association UFC-Que choisir tape elle aussi du poing sur la table. Dans une étude publiée mercredi, elle démontre que les rabais pratiqués pendant le Black Friday ne sont pas si avantageux. Ils ne correspondent en réalité qu’à 2% de réduction en moyenne. "Non seulement les marchands ont toujours tendance à appliquer des ristournes sur les produits les moins en vue ou à afficher des 'jusqu'à -50%' alors que cette réduction ne concerne qu'une toute petite partie des produits. Mais surtout, ils continuent, pour afficher les rabais les plus importants possibles, à s'appuyer sur des prix d'origine élevés, qui ne correspondent pas à la réalité", peut-on lire.

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