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Reportage Réforme des retraites : après les débordements à Bordeaux, des commerçants confient leurs craintes face aux "manifestations sauvages"

A la veille de la dixième journée de mobilisation, les patrons de restaurants et magasins bordelais redoutent de nouvelles violences et dégradations dans le centre-ville. Certains ont perdu 40% de leur chiffre d'affaires.
Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Dans le centre-ville de Bordeaux, lors d'une manifestation spontanée contre la réforme des retraites, le 18 mars 2023. (THIBAUD MORITZ / AFP)

Dans le centre-ville de Bordeaux, les commerçants s'apprêtent à baisser le rideau mardi 28 mars pour la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Tous ont en tête l'image de jeudi dernier, quand la porte de l'hôtel de ville a été incendiée lors d'une manifestation spontanée marquée par des violences.

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Dans les restaurants de la place de la Victoire où des poubelles ont brûlé, et où des manifestants ont fait face aux forces de l'ordre, les serveurs comme Carla se tiennent prêts à ranger les tables et les chaises : "On a une grande terrasse qui est très exposée, donc on va la protéger au maximum et puis, nous, on va faire attention. Mais après, on sert au maximum comme d'habitude. On n'a pas envie de perturber nos clients".

Carla garde le sourire avant tout, mais l'inquiétude est bien réelle chez les restaurateurs et gérants de boutiques bordelais, explique Georges Simon, le président de l'association "Bordeaux mon commerce" : "Il y a des échanges entre commerçants où on se demande ce qui va nous arriver. C'est difficile puisque tout est un peu imprévisible. On a déjà vécu des manifestations très violentes la semaine dernière".

"On a eu des coupures d'électricité, des jets de pierres, des violences assez manifestes. Ça a été compliqué. On va voir ce qui se passe, mais on arrive vraiment à la limite de ce que peuvent supporter les commerces". 

George Simon, président de "Bordeaux, mon commerce"

à franceinfo

Ces commerces ont déjà été fragilisés par la crise sanitaire et l'inflation liée à la guerre en Ukraine. Et au-delà des fermetures ponctuelles au moment des manifestations, la clientèle se fait plus rare les jours de mobilisation. Cela se voit déjà sur les chiffres d'affaires, assure Georges Simon, qui lui-même tient un magasin de vêtements : "Dans notre magasin, on le ressent bien sûr. On regardait les chiffres en fin de semaine, on est à -20 à -25 %. Des commerces vont jusqu'à - 40% sur ce mois-ci par rapport à l'année dernière".

"Les gilets jaunes, c'était uniquement le samedi"

Les manifestations spontanées, notamment le soir, perturbent la gestion du personnel dans un secteur qui emploie 38 000 personnes à Bordeaux. Adrien Gay, manager d'un café à l'angle de deux rues très passantes du centre-ville, compare la situation au mouvement des "gilets jaunes" : "Les 'gilets jaunes', c'était uniquement le samedi. Là, c'est un peu l'effet surprise. Les manifestations dites sauvages prévues un peu à la va-vite... C'est vrai que là, on nous prend de court, constate le commerçant. Un soir, une manifestation ici, et sur toute la terrasse rue Sainte-Catherine, on n'aura personne. Donc, du coup, c'est un salarié qui ne travaille pas. Si ça déborde cour Victor Hugo, là où on a une grande terrasse, ce sont deux salariés qu'on est obligés de libérer plus tôt. Il faut s'adapter plus rapidement que quand c'était la crise avec les 'gilets jaunes'", glisse-t-il.

Des salariés qui ont aussi parfois du mal à rentrer chez eux après le travail, quand les rassemblements ou débordements bloquent le tramway.

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