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Réformes des retraites : pourquoi Emmanuel Macron a reporté à janvier la présentation du projet

Le président a-t-il reculé devant l'obstacle en choisissant de repousser la présentation de la réforme au début de l'année 2023 ? Cette décision veut plutôt temporiser, en attendant le positionnement de la droite et du nouveau président de LR, Eric Ciotti.
Article rédigé par franceinfo - Paul Barcelonne
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Emmanuel Macron et Elisabeth Borne pendant la deuxième session du Conseil national de la refondation, à l'Elysée, le 12 décembre 2022. (GONZALO FUENTES / POOL)

C'était une annonce surprise d'Emmanuel Macron, lundi 12 décembre : prévue initialement jeudi 15 décembre, la présentation de la réforme des retraites aura finalement lieu après les fêtes de fin d’année, le 10 janvier 2023. Pour comprendre ce qui a motivé ce report, il faut revenir au week-end précédant l'annonce et à une alerte lancée par la Première ministre. Élisabeth Borne a mis en garde le président de la République contre la colère des syndicats, avec ce constat : les négociations n’ont pas vraiment été jusqu’au bout. Il faut donc, selon elle, prendre le temps de discuter encore un peu.

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Plusieurs sources au sein de l’exécutif estiment aujourd’hui qu’il reste des marges de manœuvre, notamment autour de la mesure la plus emblématique et la plus sensible : celle de l’âge de départ à la retraite. 65 ans est toujours la base de départ, promesse initiale de campagne d’Emmanuel Macron. Mais toute la stratégie de l’exécutif pourrait être de baisser le curseur à 64 ans, avec une augmentation de la durée de cotisations. Avec pour but de donner l’impression que l’exécutif a entendu les revendications des syndicats, même si ceux-ci sont complètement opposés à une mesure d’âge – ce qui promet une rentrée sociale bouillante, en janvier prochain. 

Espérer des soutiens à droite, lisser les réticences de la majorité

Derrière ce report, il y a aussi un appel du pied à la droite. L’exécutif estime qu’une alliance de circonstances est encore possible avec Les Républicains. Charge à eux de se positionner, estime en creux Emmanuel Macron dans le contexte de l’élection, dimanche 11 décembre d’Éric Ciotti à la présidence du parti. "On les laisse atterrir pour éventuellement trouver une ligne commune", anticipe un important conseiller. Histoire, le cas échéant, de mieux justifier le recours au 49.3, en prenant à témoin l’opinion, devant "l’irresponsabilité" des LR sur cette réforme totem. 

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Mais au sein même de la majorité, certains grincent aussi des dents devant les 65 ans. Certains, notamment au MoDem, seraient même prêts à ne pas voter un report de l’âge de départ. Dimanche, le patron du parti, François Bayrou, allié historique d’Emmanuel Macron, a estimé que la réforme manquait de la "pédagogie nécessaire" et que les Français n’étaient pas assez informés. En clair, il ne faut surtout pas se précipiter selon lui, pour ne pas braquer la société. 

C’est donc la conjonction de tous ces paramètres qui a conduit Emmanuel Macron à repousser la présentation de la réforme des retraites de près d’un mois, au risque d’être accusé de reculer devant l’obstacle. LÉlyséee estime toutefois que le calendrier ne change pas : l'entrée en vigueur de la réforme des retraites est toujours prévue cet été, comme promis durant la dernière campagne présidentielle. 

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