Réforme des retraites : l'ancienne ministre Marisol Touraine craint que la réforme "vienne nourrir le populisme d'extrême droite"
"Je crains que" la réforme des retraites "vienne nourrir le populisme d'extrême droite", lance lundi 30 janvier sur France Inter Marisol Touraine, ancienne ministre socialiste des Affaires sociales et de la Santé, à la veille d'une deuxième journée de mobilisation interprofessionnelle contre le projet de réforme du gouvernement.
Celle qui fut à l'origine de la dernière réforme des retraites, sous le quinquennat de François Hollande, en 2014, juge la réforme "injuste". "Nous avons besoin d'une loi qui rassemble et pas d'une loi qui risque de se transformer en passeport pour le populisme d'extrême droite", estime Marisol Touraine. Elle redoute que le texte vienne "renforcer la défiance dans le pays". L'ancienne ministre socialiste, aujourd'hui présidente d'Unitaid appelle donc le gouvernement et les organisations syndicales à retrouver "la voie du compromis et de la négociation" après la journée de grève de mardi.
Des mesures coercitives sur l'emploi des seniors
L'ancienne ministre socialiste pointe notamment du doigt la question de l'emploi des séniors, qu'elle qualifie "d'angle mort" de la future réforme. Elle salue l'idée d'un index, mais le juste "insuffisant". "Il vaut quand même mieux qu'il y ait des mesures coercitives", plaide Marisol Touraine. Elle est favorable notamment à l'instauration d'une "politique publique très incitative qui impose par exemple que les plus de 55 ans aient accès à la formation professionnelle et qu'il y ait obligatoirement des parcours de reconversion au sein des entreprises".
Marisol Touraine n'est cependant pas hostile sur le principe à l'idée d'une nouvelle réforme des retraites, et donc à l'idée "de travailler plus longtemps", évoquant la situation démographie. Elle rappelle par ailleurs avoir fait voter en 2014 "la dernière réforme des retraites avec la majorité socialiste", à savoir l'allongement de la durée de cotisations. Mais si l'ancienne ministre assume sa position "réformiste", elle rappelle cela dit que "tout le monde ne peut pas travailler plus, ni de la même manière", citant là les critères de pénibilité et les carrières longues. Marisol Touraine voit par ailleurs une différence notable entre un allongement de la durée de cotisations et un relèvement de l'âge légal de départ à la retraite : "L'allongement de la durée de cotisation impacte d'abord ceux qui ont commencé à travailler plus tard, puisqu'ils ont fait des études" tandis que "le relèvement de l'âge pèse davantage sur ceux qui ont commencé à travailler tôt". Cette différence est loin d'être technique, s'indigne Marisol Touraine. Au contraire, "elle relève d'un choix éminemment politique : c'est une vision de l'avenir, de l'unité du pays, du rapport au travail, de la sécurité sociale et de la protection sociale", ajoute-t-elle.
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