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Pouvoir d'achat : retraites, loyers, "prime Macron"... Ce que contient le projet de loi adopté en premiÚre lecture à l'Assemblée

A partir de jeudi prochain, ce sera au tour des sĂ©nateurs de se pencher sur ce texte qui doit attĂ©nuer les effets de l'inflation et de la crise Ă©nergĂ©tique.

Article rédigé par franceinfo
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L'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 18 juillet 2022. (STEPHANE MOUCHMOUCHE / HANS LUCAS / AFP)

AprÚs quatre jours de discussions et une nuit de débats houleux, les députés ont adopté en premiÚre lecture le projet de loi d'urgence pour le pouvoir d'achat, par 341 voix pour, 116 contre et 21 abstentions, vendredi 22 juillet. A partir de jeudi 28 juillet, ce sera au tour des sénateurs de se pencher sur ce texte qui doit atténuer les effets de l'inflation et de la crise énergétique.

En attendant, les députés examinent à partir de vendredi aprÚs-midi le projet de loi de finances rectificative, qui doit permettre de compléter et financer le projet de loi sur le pouvoir d'achat. Il comporte lui aussi des mesures pour le portefeuille des Français, comme un chÚque alimentaire pour les foyers modestes, la hausse de la rémunération des fonctionnaires ou la suppression contestée de la redevance audiovisuelle. Voici quelques mesures emblématiques du texte adopté.

Le triplement du plafond de la "prime Macron"

Les employeurs pourront verser jusqu'au 31 dĂ©cembre 2023 une prime exceptionnelle d'un montant maximal de 3 000 euros (ou 6 000 euros en cas d'accord d'intĂ©ressement), exonĂ©rĂ©e d'impĂŽt sur le revenu et de cotisations et contributions sociales, pour les salariĂ©s dont le revenu Ă©quivaut Ă  moins de trois fois la valeur du smic. Dans le privĂ©, la prime pourra ĂȘtre pĂ©rennisĂ©e sous la forme d'une "prime de partage de la valeur", qui sera exonĂ©rĂ©e de cotisations sociales.

Cette mesure a fait l'objet de vifs débats avec la gauche, la Nupes estimant que "les primes viennent se substituer aux salaires" et qu'elles dépendent "du bon vouloir du patron". Plusieurs élus de gauche ont aussi dénoncé une "volonté de contourner le financement de la Sécurité sociale et des caisses de retraite" avec cette mesure.

Le plafonnement de la hausse des loyers Ă  3,5%

Les députés ont voté le plafonnement de la hausse des loyers à 3,5% dans l'Hexagone (2,5% pour l'outre-mer) pendant un an. Ce "bouclier loyer", qui sera en place de juillet 2022 à juin 2023, doit permettre de limiter l'impact de la forte inflation sur les hausses de loyer et de rendre prévisible les dépenses que les ménages consacrent à leur logement. Jusqu'ici, l'indice de référence des loyers était indexé sur l'inflation.

Cette hausse pourra par ailleurs ĂȘtre limitĂ©e par le reprĂ©sentant de l'Etat Ă  1,5% en zone de revitalisation rurale, selon un amendement LR adoptĂ© par les dĂ©putĂ©s de l'opposition. La Nupes a dĂ©fendu en vain un gel des loyers jusqu'Ă  fin 2023 ou a minima une hausse limitĂ©e Ă  1%. 

Une revalorisation des retraites et des prestations sociales

Les députés ont voté la revalorisation de 4% des retraites et des prestations sociales, qui prendra effet dÚs le mois de juillet de façon rétroactive, sans attendre la date de revalorisation annuelle automatique. Sont notamment concernées : les pensions de retraite et d'invalidité des régimes de base, qui avaient déjà augmenté d'un peu plus de 1% en janvier. Les allocations familiales, le revenu de solidarité active (RSA), l'allocation adulte handicapé (AAH), l'allocation de solidarité aux personnes ùgées (Aspa) et les bourses sur critÚres sociaux pour les étudiants seront également revalorisées. Certaines de ces prestations sociales avaient déjà été augmentées de 1,8% en avril.

Par ailleurs, les APL versées à compter du 1er juillet seront, elles, revalorisées de 3,5%, pour aider à compenser les potentielles hausses de loyer. "Une revalorisation bien insuffisante au regard des coupes répétées" sur cette allocation, selon le député RN Nicolas Meizonnet. 

Les groupes de l'alliance de gauche Nupes se sont largement abstenus sur ces revalorisations, car, selon le député LFI Adrien Quatennens, elles "entérinent des baisses de pouvoir d'achat" car "en dessous de l'inflation".

La déconjugalisation de l'allocation adultes handicapés

L'Assemblée nationale a voté à l'unanimité (moins une voix) la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé (AAH), en adoptant des amendements déposés par tous les groupes, aprÚs plusieurs refus de l'exécutif lors de la précédente législature. Les revenus du conjoint ne seront donc plus pris en compte pour le calcul de cette prestation, à compter d'octobre 2023 au plus tard.

Créée en 1975, l'AAH est destinée à compenser l'incapacité à travailler. D'un montant maximal de 904 euros mensuels, elle est versée selon des critÚres médicaux et sociaux.

La facilitation de la résiliation en ligne des abonnements

Les contrats d'abonnements devront pouvoir ĂȘtre rĂ©siliĂ©s électroniquement Ă  partir du 1er aoĂ»t 2023, charge aux professionnels de mettre en place une fonctionnalitĂ© le permettant. Cette mesure va au-delĂ  du texte initial du gouvernement, qui n'avait prĂ©vu cette possibilitĂ© que pour les contrats conclus en ligne. La ministre dĂ©lĂ©guĂ©e au Commerce, Olivia GrĂ©goire, a estimĂ© qu'une telle extension du dispositif allait "imposer des coĂ»ts pour tous les acteurs Ă©conomiques qui proposent des abonnements", y compris les artisans ou PME qui ne disposent souvent pas de site web permettant une rĂ©siliation en ligne. 

Les dĂ©putĂ©s ont Ă©galement adopté un article qui oblige ceux proposant la souscription de contrats d'assurance en ligne à prĂ©voir une rĂ©siliation par la mĂȘme voie.

Des mesures pour la "souveraineté énergétique"

Afin de parer Ă  une possible fermeture du robinet de gaz russe, le projet de loi introduit des mesures qui ont fait des remous de part et d'autre de l'hĂ©micycle. Les dĂ©putĂ©s de gauche se sont notamment Ă©levĂ©s contre l'instauration de dĂ©rogations au droit de l'environnement afin d'accĂ©lĂ©rer la mise en service d'un terminal mĂ©thanier au Havre, annoncĂ© par le gouvernement pour septembre 2023, et qui sera Ă  mĂȘme d'acheminer du gaz en provenance d'autres pays que la Russie.

Une telle décision est "suicidaire", a tonné l'écologiste Delphine Batho. "Si la décision, c'est de remplacer le gaz de Poutine par du gaz de schiste américain, c'est une pure folie". "On parle de remplacer une énergie fossile par une autre énergie fossile. Pas d'émettre plus de CO2", a lancé la ministre de la Transition énergétique, AgnÚs Pannier-Runacher, mais sans convaincre la gauche.

En cas de "menace sur la sĂ©curitĂ© d'approvisionnement en Ă©lectricitĂ©", le texte adoptĂ© autorise Ă©galement le redĂ©marrage de la centrale Ă  charbon de Saint-Avold, mise Ă  l'arrĂȘt en mars dernier. Les Verts, mais aussi les dĂ©putĂ©s LR et RN y vont vu la consĂ©quence "dĂ©sastreuse" de la politique Ă©nergĂ©tique du gouvernement. "Ce retour au charbon n'est pas une bonne nouvelle", a convenu la rapporteure LREM Maud Bregeon, qui a toutefois dĂ©fendu un recours "temporaire" pour rĂ©pondre Ă  une "situation exceptionnelle".

L'utilisation des huiles usagées comme carburant

Au milieu des tensions, l'examen du texte a réservé une petite surprise : l'autorisation, avec l'aval du gouvernement, de l'utilisation des huiles usagées comme carburant. "En France, on n'a a pas de pétrole mais on a de l'huile de friture", a plaisanté Julien Bayou (EELV), à l'origine de cet amendement.

Pour ĂȘtre utilisĂ©es comme carburant, ces huiles alimentaires usagĂ©es doivent ĂȘtre "dĂ©cantĂ©es et filtrĂ©es" en amont, prĂ©cise l'amendement dĂ©posĂ© par les Ă©cologistes. Selon ce texte, dix litres d'huiles usagĂ©es peuvent donner huit litres de carburant. Elles peuvent ensuite ĂȘtre utilisĂ©es en mĂ©lange Ă  hauteur de 30% avec un carburant classique.

Alors que les prix des carburants frÎlent les 2 euros le litre, l'huile de friture s'avÚre moins onéreuse. Par ailleurs, "ce carburant rejette jusqu'à 90% de gaz à effet de serre en moins qu'un diesel classique et émet beaucoup moins de particules fines".

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