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Places de parking, réservations au restaurant : quand des start-up vendent ce qui est gratuit

Un nouveau site internet qui "vend" des réservations au restaurant scandalise les habitants de San Francisco, en Californie.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le site ReservationHop vend des réservations dans des restaurants de San Francisco (Californie) sans que ceux-ci aient donné leur accord. (MICHELE CONSTANTINI / PHOTOALTO / GETTY IMAGES)

Les start-up américaines se croient-elles tout permis ? C'est le sentiment des habitants de San Francisco, lassés de servir de cobayes aux pires inventions de l'industrie numérique américaine, dans un contexte de fort rejet local de la Silicon Valley. En ligne de mire, un service lancé jeudi 3 juillet, ReservationHop. Le principe est simple : le site réserve votre table dans les restaurants les plus courus de la ville.

Sauf que, bien entendu, ce service a un coût, de 5 à 12 dollars la réservation. ReservationHop n'a aucun accord avec les restaurants dont il vend les couverts. L'entreprise réserve sous de faux noms avant de vous vendre votre identité d'un soir. Que se passe-t-il si la ruse est découverte ? Et comment réagiront les restaurants dont les tables resteront vides car les réservations n'ont pas été vendues ? Le créateur de ReservationHop assure qu'il annulera les réservations qui n'ont pas trouvé preneur quelques heures auparavant.

Mais sur Twitter, l'idée a du mal à passer.

"C'est irresponsable, de mauvais goût, et c'est exactement ce pourquoi les gens estiment que les start-up pourrissent la vie à San Francisco", s'insurge un internaute. "Je me demande si les start-up vont se mettre à squatter les salles d'attente des urgences et faire payer les gens pour une place au début de la queue", renchérit une autre.

Le site spécialisé Techcrunch (en anglais) dénonce l'avènement de la Jerk Tech (la technologie faite par des pauvres types) et l'égoïsme de certaines start-up qui se font de l'argent sur le dos des internautes ou des restaurateurs, "juste parce qu'il est possible de vendre ce qui est normalement gratuit". Dans la même veine, deux services, Monkey Parking et Sweetch, proposent aux habitants qui quittent leur place de parking - dans la rue, donc publiques - de vendre au plus offrant le privilège de s'y garer, contre une part des bénéfices.

Des méthodes douteuses 

Sur son site internet (en anglais), le fondateur de ReservationHop ne fait même pas semblant de se défendre. "Est-ce éthique ? Est-ce légal ? Les restaurants vont-ils me détester ? Pour être honnête, je n'ai pas beaucoup réfléchi à ces questions." Sa logique : les gens sont prêts à payer pour éviter les désagréments de la recherche de réservations. Il cite l'exemple d'Uber, le service de voitures de tourisme avec chauffeur, qui augmente les prix de ses trajets aux heures de pointe.

Mais les jours de ReservationHop sont peut être comptés. Face à la monétisation de places de parking publiques, la ville de San Francisco a commencé à distribuer des amendes aux conducteurs utilisant le service, et a demandé à Apple le retrait de l'application Monkey Parking. C'est peut être le sort qui attend ReservationHop. A moins que les restaurants ne choisissent de riposter en vendant eux-mêmes leurs réservations.

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