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Perte du pouvoir d'achat : "On voit un affaissement global du niveau de vie en France depuis 2008"

Mathieu Plane, de l'OFCE, réagit sur franceinfo après la publication par son Observatoire d'une étude indiquant que les ménages ont perdu en moyenne près de 500 euros de revenu entre 2008 et 2016.

Article rédigé par franceinfo
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Mathieu Plane, économiste et directeur adjoint du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le 28 juillet 2017. (FRANCEINFO)

"On voit un affaissement global du niveau de vie en France depuis 2008", a indiqué mardi 20 novembre sur franceinfo Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyses et prévisions de l'Observatoire français des conjonctures économiques.

Entre 2008 et 2016, les ménages ont perdu en moyenne près de 500 euros de revenu disponible, a révélé l'OFCE mardi. Cette baisse de revenus concerne une grande partie de la classe moyenne (67%) et s'explique par les réformes fiscales et sociales.

franceinfo : C'est une forme d'appauvrissement de la classe moyenne ?

Mathieu Plane : Oui. Il y a plusieurs éléments assez spectaculaires dans cette étude, mais c'est vrai qu'une des leçons que l'on peut retenir c'est que, finalement, on voit que le niveau de vie moyen est inférieur à celui de 2008. On voit un affaissement global du niveau de vie en France depuis 2008 et ça concerne l'ensemble des catégories. C'est quelque chose d'extrêmement marquant. Ça veut dire qu'à la fois, la crise économique, par les effets qu'elle a pu avoir sur le marché du travail, l'évolution de l'emploi, les salaires, associés aux mesures socio-fiscales et notamment les mesures qui ont conduit à réduire les déficits entre 2011 et 2014 avec un choc fiscal majeur, ont conduit à un appauvrissement généralisé. Quand on regarde les dix années avant 2008, on avait une augmentation du niveau de vie moyen qui était importante, de l'ordre de 400 à 500 euros par an. Donc on voit bien qu'il y a eu à la fois une baisse du niveau de vie, et une forte rupture par rapport à la tendance que l'on avait connue lors des dix années avant la crise.

Est-ce une explication de fond du ras-le-bol fiscal évoqué par les "gilets jaunes" ?

Je pense qu'il y a un ensemble d'éléments, c'est-à-dire que l'on peut considérer que les ménages ont payé lourdement le prix de la crise, que ce soit en impact sur le marché du travail, mais aussi dans le cadre du redressement des comptes publics. On voit l'augmentation importante des prélèvements fiscaux et sociaux sur les ménages. Tout ça condensé fait que cela conduit à une situation de ras-le-bol, surtout dans un climat qui est quand même meilleur aujourd'hui. 2017, 2018 sont des années où l'on retrouve quand même de la croissance. Pourtant, un certain nombre de ménages n'ont pas l'impression de bénéficier beaucoup des fruits de cette croissance en termes de pouvoir d'achat. Notamment sur les choix fiscaux sur 2018, ils ont l'impression que la priorité n'est pas donnée à la classe moyenne qui a subi les effets de la crise de façon assez importante.

Cette pression fiscale a-t-elle permis une forme de redistribution, de diminution des inégalités ?

On va dire que c'est l'élément positif de l'étude. Dans les choix qui ont été faits, dans les arbitrages fiscaux sur la période 2008/2016, la priorité a été donnée plutôt à des éléments de redistribution. L'augmentation des prélèvements a quand même pesé plutôt sur les plus hauts revenus que les bas revenus et que les bas revenus ont été soutenus, notamment sur la dernière période, 2012/2016, par des revalorisations de certaines prestations, notamment en direction des plus pauvres. Ça a limité la casse en termes d'inégalités. Il y a un affaissement moyen global, mais les choix fiscaux, sociaux, visent à créer de la redistribution, de façon à limiter la casse de la crise économique.

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