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Que se passe-t-il à "Libération" ?

La période de conciliation prend fin ce mercredi. Le titre pourrait être renfloué ou placé en redressement judiciaire, à moins que les négociations ne soient prolongées. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Journée portes ouvertes à "Libération", le 15 mars 2014, en pleine crise financière.  (MAXPPP)

La crise à Libération s'éternise. La période de conciliation, lancée le 9 janvier pour permettre de trouver un accord avec les créanciers, prend officiellement fin, mercredi 9 avril. Le tribunal de commerce de Paris peut décider de la prolonger, d'y mettre fin si le journal est renfloué ou de le placer en redressement judiciaire.

Miné par des ventes en baisse, le quotidien connaît depuis des années une crise financière, qui s'est peu à peu muée en bras-de-fer entre salariés et dirigeants. Francetv info en refait la chronologie.

En février, la direction propose un plan pour sauver le journal

Vue de l'entrée des locaux de "Libération", le 20 février 2014. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Pour faire sortir Libération des difficultés, et alors que les salariés font grève, les hommes d'affaires Bruno Ledoux, Edouard de Rothschild et le groupe italien Ersel imaginent les grandes lignes d'un plan pour sauver le journal. Avec un objectif : faire du quotidien "un Flore du XXIe siècle". Concrètement, Libération deviendrait un groupe multimédia et accueillerait "un plateau télé, un studio radio, une newsroom digitale, un restaurant, un bar, un incubateur de start-up". Ce projet, développé dans un mail de Bruno Ledoux adressé aux autres actionnaires, est révélé par BFM le 7 février.

Excédés, les journalistes font entendre leur voix

"Nous sommes un journal", revendique la rédaction de "Libération" sur la une publiée le 8 février 2014. (PIERRE ANDRIEU / AFP)

Le projet et le fait que les dirigeants ne leur aient pas présenté directement leurs intentions provoquent l'ire des salariés du journal. Dès le lendemain, ils crient leur rage à la une du quotidien, en faisant paraître un numéro intitulé Nous sommes un journal, le 8 février. Le ton est donné. La rédaction lance un Tumblr et fait paraître, chaque jour, une page consacrée à la crise.

La situation provoque le départ de Nicolas Demorand

Nicolas Demorand pose au siège de "Libération", le 4 setembre 2013. (FRED DUFOUR / AFP)

Autre sujet de discorde : Nicolas Demorand. Le directeur de la publication et coprésident du directoire de Libération, arrivé en mars 2011, avait déjà subi quatre motions de défiance de la part de la rédaction. Le 13 février, il annonce sa démission pour "redonner des marges de manœuvre et de négociation aux différentes parties".

Mais l'arrivée de Pierre Fraidenraich ne change rien

Pierre Fraidenraich, nommé nouveau directeur opérationnel de "Libération", pose le 7 avril 2014 dans les locaux du journal.  (PATRICK KOVARIK / AFP)

Le départ de Nicolas Demorand ne parvient pas à faire retomber la pression. D'autant que l'actionnaire Bruno Ledoux nomme Pierre Fraidenraich, ancien d'i-Télé, pour le remplacer. Aucune annonce à la rédaction ; c'est l'AFP qui a la primeur de l'info. La réplique ne se fait pas attendre : les salariés signent un portrait au vitriol de leur nouveau "directeur opérationnel", pointant sa proximité avec Nicolas Sarkozy, son goût pour les filles et ses méthodes brusques. Le 2 avril, Pierre Fraidenraich passe son grand oral, face aux 200 salariés, dans un climat houleux, raconte Le Monde.

Et l'avenir financier et éditorial de "Libé" reste flou

Les salariés de "Libération" se réunissent en assemblée générale, le 20 février 2014. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Alors que le 9 avril approche, Bruno Ledoux annonce un plan de recapitalisation de 18 millions d'euros pour Libération. Quatre millions ont d'ores et déjà été placés sous séquestre auprès du conciliateur du tribunal de commerce de Paris. Si le plan est validé par la justice, l'actionnaire se dit prêt à injecter 14 millions supplémentaires, indiquent Les Inrocks. Autrement, Libé risque la cessation de paiement et un potentiel redressement judiciaire. Peut-il s'en sortir, malgré tout ? Derrière la crise financière, la crise éditoriale semble malheureusement plus profonde et longue à résoudre, écrivent les salariés dans leur dernier manifeste.

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