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Après trois années "parfois rudes", Demorand s'explique sur son départ de "Libération"

Le directeur de la publication a démissionné, après plusieurs mois de conflit avec les équipes du quotidien. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Nicolas Demorand, alors directeur de la publication de "Libération", dans son bureau au siège du quotidien à Paris, le 17 juin 2013. (FRED DUFOUR / AFP)

Il a finalement décidé de jeter l'éponge. Nicolas Demorand, directeur de la publication de Libération et coprésident du directoire du journal, a annoncé, jeudi 13 février, sa démission du quotidien dans une interview au site du Monde. Dans un communiqué, Fabrice Rousselot, directeur de la rédaction de Libé, "salue le geste, alors que la rupture avec l'équipe semblait consommée".

Cette démission intervient en pleine crise entre les actionnaires et la rédaction. Francetv info détaille les raisons de la décision de Nicolas Demorand. 

Pourquoi partir maintenant ? 

"Ma décision est d'abord dictée par la situation de ces derniers jours. 'Libération' vit désormais une crise ouverte, je cristallise une partie des débats et j'estime qu'il est de ma responsabilité de patron de redonner des marges de manœuvre et de négociation aux différentes parties", déclare Nicolas Demorand au Monde.fr.

Il explique ne pas être retourné au siège du quotidien depuis une assemblée générale vendredi dernier, au cours de laquelle un de ses textes a été "censuré". "Dès lors, la messe était dite." "J'ai été confronté, pendant mes trois ans passés à 'Libération', à des crises sévères, mais c'est la première fois qu'il m'apparaît clair que je dois bouger", ajoute-t-il. Nicolas Demorand a subi quatre votes de défiance depuis son arrivée au journal en mars 2011.

Qu'est-ce qui a échoué, selon lui ? 

Le journaliste assure avoir encore reçu mercredi "le soutien plein et entier des actionnaires", mais affirme avoir pris cette décision à la suite "d'une divergence stratégique profonde". Il indique qu'il souhaitait faire prendre à Libération "le virage numérique", mais que le journal reste "une entreprise dominée par le papier"A titre d'exemple, il cite le fait que "la rédaction papier ne produit en moyenne que 0,1 article par semaine et par journaliste pour le site".

Le manque d'argent est aussi invoqué : "Les projets que j'ai présentés pour réformer la rédaction étaient à enveloppe fermée. (...) Cela implique de faire porter aux membres de l'équipe l'essentiel de l'effort." Or, "l'essentiel des forces est encore consacré au quotidien papier, auquel l'équipe est, à juste titre, extrêmement attachée"

 Que retient-il de son passage à "Libération" ?

"Des souvenirs qui marqueront ma vie de journaliste, par exemple la campagne présidentielle de 2012", répond-il. Nicolas Demorand se dit fier, également, d'avoir "pu mettre à de nombreuses reprises la culture à la une du journal". "Libération est et reste un endroit où on peut faire un journalisme qu'on ne peut pas faire ailleurs", constate-t-il.

Mais diriger ce quotidien, c'est aussi "passer son temps à chercher de l'argent pour faire les fins de mois, payer les salaires et les fournisseurs".  "Ça a été l'essentiel de mon activité et c'est très chronophage", souligne le journaliste, estimant avoir "fait tout ce qui était en [son] pouvoir" pour le journal. 

Dans un court mail adressé à la rédaction jeudi matin pour annoncer son départ, il résume en quelques lignes ses trois ans passés à Libération : "J'ai passé à vos côtés trois années enrichissantes, enthousiasmantes et parfois rudes, écrit-il. Je ne les oublierai pas." Le journaliste conclut en souhaitant "le meilleur" aux équipes du quotidien.

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