Cet article date de plus de quatorze ans.

L'Irlande finira vraisemblablement par accepter un prêt de l'Union européenne et du Fonds monétaire international

C'est ce qu'a déclaré jeudi Patrick Honohan, gouverneur de la banque centrale du pays."Il n'y a pas de risque d'éclatement de la zone euro", a affirmé Christine Lagarde jeudi sur France Inter. "Il est clair que l'Irlande est dans une situation difficile" mais le mécanisme de financement européen existe désormais, a-t-elle ajouté.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le premier ministre irlandais, Brian Cowen (AFP - GEORGES GOBET)

C'est ce qu'a déclaré jeudi Patrick Honohan, gouverneur de la banque centrale du pays.

"Il n'y a pas de risque d'éclatement de la zone euro", a affirmé Christine Lagarde jeudi sur France Inter. "Il est clair que l'Irlande est dans une situation difficile" mais le mécanisme de financement européen existe désormais, a-t-elle ajouté.

La perspective d'une aide à l'Irlande rassure les marchés
L'euro poursuivait sa nette hausse jeudi, se maintenant au-dessus du seuil de 1,36 dollar, les cambistes étant rassurés par la perspective d'une aide importante à l'Irlande, en cours de discussion entre Dublin et ses partenaires européens.

Vers 14h GMT (15h à Paris), l'euro valait 1,3643 contre 1,3530 dollar mercredi soir, se reprenant fortement après être tombé mardi à 1,3447 dollar, un nouveau plus bas depuis fin septembre.
L'euro progressait aussi nettement face à la devise nippone à 113,61 yens contre 112,51 yens mercredi vers 22h GMT.

Les craintes sur la zone euro se détendaient légèrement après l'annonce de discussions sur l'Irlande, qui se débat pour juguler un déficit colossal évalué à 32% du PIB cette année, provoqué notamment par le renflouement des banques du pays et susceptible de menacer l'équilibre de la zone euro.

Une mission conjointe de l'Union européenne et du FMI entame ce jeudi une visite à Dublin pour définir les mesures les plus urgentes à prendre pour soutenir le secteur bancaire irlandais.

"(...) On espère, en tout cas aussi bien eux (le FMI et l'UE) que moi, que les négociations ou discussions porteront leurs fruits et qu'un prêt sera rendu disponible et utilisé dès que nécessaire", a affirmé le patron de la banque centrale irlandaise. "Il s'agira sans nul doute d'un prêt très important (...) sûrement des dizaines de milliards", a ajouté Patrick Honohan.

L'Irlande a-t-elle le choix ?

Le premier ministre irlandais, Brian Cowen, avait affirmé mardi que son pays n'avait "déposé aucune demande en vue d'une aide extérieure". Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a indiqué que le gouvernement irlandais déciderait dans les "prochains jours" de faire ou non appel à une aide financière extérieure.

Reste à savoir si ce dernier a vraiment le choix. Les banques de l'ancien "tigre celtique" sont au bord du gouffre. Le commissaire de l'UE en charge des Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a ainsi évoqué "un très grave problème du secteur bancaire irlandais". Ce "très grave problème" a fait grimper les taux d'intérêt des emprunts d'Etat du pays mais aussi d'autres nations comme le Portugal ou l'Espagne.

Signe de la gravité de la situation : comme au moment de la crise grecque, les Etats-Unis commencent à s'impatienter et à faire pression sur l'UE. Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a ainsi conseillé aux gouvernements de la zone euro d'agir "très, très vite" contre la crise des finances publiques qui menace la stabilité économique de ladite zone.

Les tractations ont d'ores et déjà débuté à Bruxelles mardi soir entre les ministres des Finances de la zone euro sur les modalités d'une telle aide en lien avec le FMI.

Mercredi matin, la Grande-Bretagne s'est déclarée prête à y participer. "L'Irlande est notre voisin le plus proche et il relève de l'intérêt national britannique que l'économie irlandaise rencontre le succès", a déclaré le chancelier de l'Echiquier, George Osborne, en marge d'une rencontre des ministres des Finances européens. "Les banques britanniques ont une exposition significative en Irlande. Il y a de très fortes interconnexions dans le secteur bancaire", a rappelé le commissaire européen aux Affaires économiques.

Quel type d'aides ?
Concrètement, selon Le Wall Street journal cité par Les Echos, deux types d'aides se trouvent sur la table: "l'une destinée au système bancaire d'un montant de 45 à 50 milliards d'euros et une aide plus large, qui pourrait représenter entre 80 et 100 milliards d'euros, destinée au gouvernement pour restaurer la confiance dans les finances publiques du pays". Le FMI y participerait à hauteur de 50 %.

A la suite de la crise grecque, la zone euro avait mis en place au printemps dernier un Fonds de stabilisation financière doté de 440 milliards d'euros. Le responsable de ce
Fonds, Klaus Regling, a précisé qu'il serait en mesure de mobiliser "des sommes significatives" de prêts si nécessaire. Et cela "rapidement", dans un délai de 5 à 8 jours.

Reste à savoir ce que l'Irlande est prête à accepter... Car un soutien du Fonds européen de stabilisation financière impose des "conditions budgétaires drastiques", rappelle le quotidien Les Echos. Bruxelles pourrait ainsi demander à Dublin des réformes "comme le relèvement de son impôt sur les bénéfices des entreprises". Lequel, "à 12,5 %, est le plus bas d'Europe et est régulièrement dénoncé comme faisant une connaissance déloyale aux autres Etats membres". Conséquence: l'Irlande préfèrerait n'utiliser qu'une aide uniquement destinée aux banques...

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.