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Prix de l'alimentaire : "Les distributeurs ont des niveaux de marges extrêmement serrés", affirme un consultant distribution et alimentation

Les négociations commerciales entre distributeurs et industriels pour fixer les prix de l'agroalimentaire doivent s'achever mercredi soir.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dans un supermarché de Bordeaux, le 2 décembre 2022. Photo d'illustration. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

"Tout le monde dans la chaîne a la capacité de faire des efforts. Mais il ne faut pas non plus se tromper. Les distributeurs ont des niveaux de marges extrêmement serrés", explique mardi 28 février sur franceinfo Philippe Goetzmann, consultant distribution et alimentation alors que les négociations commerciales entre les acteurs du secteur doivent s'achever mercredi soir.

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D'après ce consultant, l'année 2022 a été "extrêmement évolutive" et le contexte actuel est "tendu" avec un pouvoir d'achat restreint pour les Français et une inflation "de l'ordre de 14% sur les produits alimentaires sur un an, ce qui est inédit depuis 40 ans".

franceinfo : Les distributeurs peuvent-ils accepter d'acheter des produits 10% plus cher ?

Philippe Goetzmann : Tous les maillons de la filière connaissent des hausses de leurs coûts liées aux matières premières, à l'énergie, à la logistique par rapport à il y a un an ou deux ans. Oui, c'est tendu. Le pouvoir d'achat n'a pas augmenté dans de telles proportions. C'est ce qui fait que les distributeurs sont très attentifs aux prix dans les négociations parce qu'ils connaissent très bien le comportement des consommateurs dans les magasins et leurs difficultés.

Est-ce qu'il y a du bluff du côté des producteurs et des distributeurs ?

C'est de la négociation et dans une négociation il y a toujours une part de bluff. Vous annoncez un tarif en sachant que vous ne l'aurez pas et que vous aurez un peu moins. Il y a donc toujours une part de bluff mais il y a une réalité, c'est que les coûts ont augmenté et que les Français ont un pouvoir d'achat tendu.

"Ce qui est différent des autres années, c'est que la situation dans l'année qui vient de s'écouler a été extrêmement évolutive. Elle a démarré avec des négociations déjà tendues sur fond de guerre en Ukraine qui venait de démarrer et d'une période post-Covid."

Philippe Goetzmann, consultant distribution et alimentation

à franceinfo

Il y a eu trois à quatre cycles de renégociations dans l'année. Contrairement à ce qui se fait d'habitude, elles ont été rouvertes à plusieurs reprises avec des hausses tarifaires, ce qui a amené l'inflation de l'ordre de 14% sur les produits alimentaires sur un an, ce qui est inédit depuis 40 ans.

Est-ce que les industriels peuvent davantage rogner leurs marges ?

L'Insee a sorti des chiffres mardi matin qui montrent qu'en 2022 le premier trimestre a été extrêmement difficile mais que le troisième s'est redressé et que lors du quatrième le taux de marge de l'industrie a été le plus élevé depuis une bonne dizaine d'années. Ça ne veut pas dire que c'est trop élevé.

L'industrie a besoin de marges pour investir et pour se développer. Au niveau de la rentabilité des entreprises, on est plutôt sur une situation qui se rétablit. Tout le monde dans la chaîne a la capacité de faire des efforts. Mais il ne faut pas non plus se tromper. Les distributeurs ont des niveaux de marges extrêmement serrés. Carrefour a publié ses résultats la semaine dernière : 1,7% de résultat net tandis que d'autres affichent des résultats nets de l'ordre de 15% du chiffre d'affaires. Je n'oppose pas les deux mais demander à un distributeur qui fait 1 à 2% de marge nette de baisser significativement ses prix, économiquement mais aussi politiquement, il ne peut pas.

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