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Comment Paris veut aller plus loin dans son bras de fer avec Airbnb

Francetv info a interrogé Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris en charge du logement, à propos des locations touristiques.  

Article rédigé par Julie Rasplus - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Panomara des toits de Paris, photographiés le 18 février 2016. (MAXPPP)

Berlin s'attaque à Airbnb. La capitale allemande va renforcer sa réglementation pour limiter la location touristique via la plate-forme américaine. C'est ce qu'explique RFI, lundi 25 avril. Faute d'autorisation préalable de la mairie, louer son logement sur Airbnb sera interdit à partir du 1er mai. De quoi donner des idées à Paris, qui réfléchit à contraindre les propriétaires lors de la mise en ligne de leurs annonces. Francetv info a interrogé Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris, en charge du logement.

Francetv info : Airbnb n'aura bientôt plus le droit de cité à Berlin. Et à Paris ? 

Ian Brossat : La problématique à laquelle nous sommes confrontés est la même. Madrid, Barcelone, New York, San Francisco... Toutes les grandes villes font face à un développement des meublés touristiques alors qu'elles connaissent une tension sur le marché de l'immobilier. On essaie, par des moyens divers, d'endiguer ce phénomène pour éviter que ce développement ne se fasse au détriment du logement durable. 

Pourquoi Airbnb pose problème à Paris ? 

On se focalise beaucoup sur Airbnb, mais il y a une centaine de plateformes actives dans la capitale. Il faut bien distinguer deux cas. Un propriétaire qui part en vacances et loue son logement via une plateforme, cela ne nous pose aucun problème. Il ne s'agit pas de s'attaquer à cela car cette pratique ne réduit pas les surfaces de logement. Elle est utile : les touristes peuvent venir à Paris à des tarifs attractifs et cela permet aussi aux petits propriétaires de mettre du beurre dans les épinards. 

Le vrai souci, c'est le développement des meublés touristiques, plus rentables que la location traditionnelle. Là, on a affaire à de l'hôtellerie clandestine avec des multi-propriétaires qui achètent cinq, dix appartements et les louent à l'année. Du coup, ce sont des logements en moins pour les Parisiens. On estime à 30 000 le nombre de meublés touristiques à Paris, sur un peu plus d'un million de logements. 

Que faites-vous aujourd'hui pour combattre ce phénomène ? 

La réglementation interdit à quiconque de louer une résidence secondaire plus de 120 jours par an, sans autorisation préalable de la Ville de Paris. Des contrôles sont réalisés régulièrement en ce sens et nous avons multiplié les actions coups de poing. A Paris, 25 agents s'en occupent. Souvent, le propriétaire, pris en flagrant délit, finit par remettre le logement en location traditionnelle. Mais, comme à Berlin, nous souhaitons aller plus loin. 

De quelle manière ? 

La maire Anne Hidalgo a demandé que des amendements soient adoptés dans le cadre de la loi République numérique, qui passe en ce moment au Sénat. Nous voulons la mise en place d'un numéro d'enregistrement, pour tout le monde, qui agirait comme un permis de louer. Dès lors qu'un propriétaire voudra louer un meublé touristique, il devra faire une demande d'autorisation à la Ville, qui délivrera ce numéro. Le but est que les plateformes ne mettent en ligne que les annonces légales.

Nous souhaitons aussi multiplier le prix des amendes par quatre. Comme à Berlin, on aurait donc 100 000 euros d'amende par logement illégalement loué. Vingt-cinq mille euros comme aujourd'hui, c'est insuffisant au regard de la rentabilité des meublés. 

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