Reportage "C'est comme une échographie" : en région parisienne, des camions vibreurs recherchent des sources géothermiques en sous-sol

La géothermie, une énergie propre, est un moyen efficace pour se chauffer tout en réduisant notre dépendance énergétique. Des camions vibreurs essaient de trouver de nouvelles sources en Île-de-France.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des camions vibreurs servent à identifier des sources géothermiques. (BORIS HALLIER / RADIO FRANCE)

Une source d'énergie décarbonée, disponible sept jours sur sept, 24 heures sur 24 et située sous nos pieds ? La géothermie est présentée comme un moyen efficace pour se chauffer l'hiver tout en réduisant notre dépendance au gaz ou à l'électricité. Mais cette ressource reste encore peu exploitée. Pour favoriser le développement de nouveaux projets, des camions bien particuliers, appelés camions vibreurs, sillonnent les routes d'Île-de-France depuis un mois, en pleine nuit. Leur mission : cartographier le sous-sol pour identifier les réserves d'eau chaude.

Chaque nuit jusqu'au 4 avril prochain, trois camions vibreurs sont mobilisés ainsi qu'une vingtaine d'opérateurs pour l'opération "Geoscan". Cette nuit-là, à Meudon dans les Hauts-de-Seine, quand le camion vibreur entre en action, cela fait l'effet d'un petit tremblement de terre. "On sent les vibrations, décrit Alexandre Stopin, géophysicien au Bureau de recherche géologique et minière (BGRM). Le camion est en train de se monter sur sa plaque vibrante et il est en train de vibrer. Il est parti pour huit heures de travail." Des vibrations se produisent ainsi tous les dix mètres pendant 40 secondes, jusqu'au bout de la nuit. 

En un mois, les opérateurs vont collecter des données sur plus de 280 km, dans une centaine de communes. "Les vibrations qui sont émises par ce camion vont se propager dans le sous-sol et chaque fois qu'on a un changement de roche, il y a une partie de cette vibration qui va remonter à la surface comme un écho", explique le géophysicien.

Les vibrations produisent un écho qui permet ensuite de créer des images du sous sol. (BORIS HALLIER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Cet écho est enregistré par les capteurs placés en surface et les données permettent ensuite d'obtenir des images du sous-sol. "Ce qu'on voit au milieu, c'est l'endroit où il y a eu la vibration, détaille encore Alexandre Stoppin, et toutes les autres traces, ce sont les enregistrements qui ont été faits par les capteurs. C'est un peu comme une échographie."

Des réserves d'eau chaude jusqu'à 3 000 m de profondeur

Avec cette opération, les géologues espèrent identifier de nouvelles sources géothermiques dans l'ouest et le sud de l'Île-de-France. Ces zones ont jusque-là été peu explorées. "Il y a différentes profondeurs. Donc là, les ressources sur lesquelles on s'intéresse, elles sont situées entre 500 mètres de profondeur et elles peuvent aller jusqu'à 3 000 mètres de profondeur, souligne Camille Maurel, hydrogéologue au Bureau de recherche géologique et minière. Donc on va vraiment imager la totalité du sous-sol et caractériser les différentes formations d'intérêt."

L'enjeu est important à l'heure de la décarbonation et de la souveraineté énergétique. Il faut miser sur la géothermie, insiste Norbert Bommensatt, de Ademe, l'Agence de la transition écologique : "Là sous nos pieds, on a une nappe d'eau à 1 500 mètres de profondeur, qui est entre 50 et 65 degrés. Si on arrive à la valoriser, c'est vraiment intéressant, on a une énergie qui n'est pas sensible à la volatilité des énergies fossiles."  

"C'est une énergie vraiment d'avenir pour décarboner les villes."

Norbert Beumannzatt, ingénieur à l'Ademe

à franceinfo

En France, 59 réseaux de chaleur urbains sont alimentés par la géothermie profonde. Mais l'Île-de-France reste la principale région où la géothermie profonde est utilisée avec 54 installations et près d'un million de Franciliens qui en bénéficient. Cela permet d'éviter l'émission de 400 000 tonnes de CO2 par an par rapport à une chaufferie au gaz. L'objectif est maintenant de doubler voire tripler le nombre de projets.

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