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"C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase" : les ex-salariés d'Arjowiggins organisent une journée "Sarthe morte" pour défendre leur usine

Les ex-salariés appellent notamment les pouvoirs publics à étudier rapidement la possibilité de poursuivre l'activité de la papeterie.

Article rédigé par franceinfo, Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des banderolles des salariés sont accrochées sur la grille d'entrée de la papeterie Arjowiggins à Bessé-en-Braye. (GREGOIRE LECALOT / RADIO FRANCE)

Des photos de ses voyages à moto trônent au dessus du comptoir de vente. Franck Collet est cordonnier maroquinier depuis 30 ans à Bessé-sur-Braye. Il y a six mois, il a vu fermer la papeterie Arjowiggins et ses 650 emplois, dernière usine du secteur. "C'était un bassin d'emploi florissant et mainenant il n'y a plus d'emplois, soupire-t-il. Pour que le gens travaillent, il faut qu'ils partent. Malheureusement on est condamnés à terme à la désertification".

Environ 80 entreprises touchées sur le secteur

Le maire de Bessé-sur-Braye, Jacques Lacoche, redoute d’ici quelques mois l’impact de la disparition de cette usine parfois surnommée "Notre-Dame-de-Bessé". "Cela va avoir un impact sur les commerces, les artisans, les industries, raconte le maire, puisqu'il faut aussi penser aux sous-traitants pour lesquels il a une ardoise qui est restée. Ils perdent de plus en plus l'espoir de retrouver leurs fonds." Sur le secteur, environ 80 entreprises sont touchées de près ou de loin par la fermeture d’Arjowiggins. Un risque d’effondrement général. "C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", déplore Nadia Mattia, de l’association Action citoyenne pour l’intérêt général et organisatrice de la journée "Sarthe morte".

Les enfants sont obligés de partir, ils vont dans d'autres bassins d'emploi. Donc il n'y a plus que des vieux. Ça ne nous va pas du tout !

Nadia Mattia, organisatrice de la journée "Sarthe morte"

à franceinfo

Un sentiment partagé par Laurent Trudel, élu CGT Arjowiggins. "Quand il n'y a pas d'emplois au niveau local, c'est terrible, indique-t-il. Quand il y a trois usines qui ont fermé sur Bessé avant nous, à chaque fois on a réussi à absorber, nous à la papeterie, les fermetures. C'est important parce que ce sont des gens qui ne restaient pas sur le carreau." À l’usine, l’après-midi est consacré à la visite du préfet. La région et le département ont accordé des aides et l’État veut monter une cellule de revitalisation du bassin d’emploi. Insuffisant, selon l’intersyndicale d’Arjowiggins. Pour faire revivre le secteur, il faut ranimer l’usine, défend Christophe Garcia, délégué syndical de la CFE-CGC.

Il faut se battre. C'est vraiment tout l'écosystème économique qui état drainé ici.

Christophe Garcia, délégué CFE-CGC

à franceinfo

"Il existe aujourd'hui un projet pour refuser de liquider cette usine, explique l'élu syndical. On voudrait qu'une étude mette des chiffres sur cette idée pour dire si c'est rentable ou non et si c'est rentable, à quel horizon." Pour financer cette étude de la dernière chance, ils ont besoin de 45 000 euros. Ils en appellent aux politiques sans quoi, au 31 octobre, date butoir, les machines risquent d’être démontées. Et la "papet’" ne sera plus qu’un souvenir.

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