: Témoignages Coups de spatules sur les fesses, caresses, insultes... Des étudiants de l'école Vatel dénoncent des violences par des professeurs
"Le chef patissier m'a mis un coup de poing dans le ventre et m'a plusieurs fois répété 't'es qu'une merde, tu n'arriveras jamais à rien'". Comme l'intégralité de sa promotion en management hôtelier dans la célèbre école parisienne Vatel, cet étudiant dénonce des violences. Les faits décrits par ces élèves sont accablants nombreux et répétés. Ils concernent quatre professeurs : le chef pâtissier, le chef de salle et deux chefs cuisiniers.
"J'ai des amis qui se sont fait tirer les cheveux, on m'a également dit 'je peux descendre à la cave avec toi'", indique une étudiante de Vatel, qui se revendique comme le premier groupe mondial de l'enseignement du management de l'hôtellerie, avec 52 écoles dans 32 pays et un chiffre d'affaires de 90 millions d'euros.
"Briser l'omerta" qui règne depuis plusieurs années
En parallèle des violences et du harcèlement moral et sexuel, cette promotion dénonce aussi des propos homophobes. "Je me suis fait traiter de 'PD' à plusieurs reprises, se souvient un étudiant. On ne parle pas de le dire une fois simplement mais une dizaine de fois pendant cinq jours par semaine".
Certains disent également avoir souvent "récupéré des filles de première année en pleurs après des propos obscènes chuchotés à l'oreille ou après des coups de spatules sur les fesses".
"Toute la semaine, ça a été des caresses dans le dos, sur le bras, à m'appeler 'ma belle, ma chérie'"
Une étudiante de l'école hôtelière Vatelà franceinfo
"J'en ai entendu dans toutes les classes, que ce soit de la première à la cinquième année", regrette l'un des étudiants de l'école hôtelière. Ces futurs cuisiniers et chefs de salles témoignent de façon anonyme, car ils passent leur bachelor dans un plus d'un mois et craignent des représailles de la part de l'établissement. Ils veulent désormais "briser l'omerta" qui règne selon eux depuis plusieurs années dans cette école prestigieuse et onéreuse. "Si on fait cela, c'est pour rendre justice à des personnes qui ont subi ces choses-là, mais aussi pour les personnes à qui ça pourrait arriver prochainement. C'est pour protéger ces gens-là qu'on le fait."
"Un dispositif de prise en charge" d'ici septembre
Ces élèves ajoutent que ces faits concernent toutes les promotions de l'école. "Personne ne réagissait par peur de se dire 'on a investi dans une école qui coûte cher et on ne va rien dire parce qu'on est trop proche du zéro', explique une étudiante. Et avoir zéro dans une école qui, je rappelle, coûte encore 12 000 euros, ce n'est pas possible".
Depuis plus de trois semaines, la soixantaine d'élèves est en grève, refuse d'aller en cours de cuisine et déserte le restaurant d'application de l'école Vatel. Dans la première des trois lettres envoyées à la direction, ils pointent le fait que la direction était au courant de certains problèmes sans réagir. "Cette inaction est tout simplement inacceptable", écrivent-ils.
"Nous sommes extrêmement déçus de constater que le siège de Vatel était au courant de ces problèmes depuis un certain temps et n'a rien fait pour y remédier."
La promotion gréviste de l'école hôtelière Vateldans une lettre à leur direction
Car, au début de la grève, Dov Sebban, le fils du directeur général de l'école, a affirmé dans un courrier aux élèves avoir pour la première fois, en mai 2022, été "alerté par des étudiants accusant deux enseignants de propos et gestes dégradants" et avoir "pris des mesures à leur encontre". Ils n'ont depuis "pas fait l'objet de nouvelle alerte en interne".
La direction de l'école n'a pas souhaité répondre aux questions de franceinfo. Elle indique simplement qu'un "dispositif d'alerte et de prise en charge d'éventuels risques psycho-sociaux" sera "opérationnel" en "septembre, (...) dans le cadre de cette démarche, une enquête est lancée dès la semaine prochaine auprès des étudiants, des enseignants et des écoles Vatel en France".
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