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Les jours de Mathias Echène, Français détenu et en grève de la faim en Indonésie, sont "comptés", alertent ses avocats

Cet ancien trader, reconverti dans la construction de villas de luxe, est emprisonné depuis 2017 pour un litige commercial et en grève de la faim depuis le 1er avril. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Mathias Echène est incarcéré en Indonésie depuis plus de deux ans à la suite de litiges commerciaux et un mandat d'arrêt émis depuis Hong Kong (Chine). (FRANCE 3)

"J'ai du mal à respirer à fond, j'ai de plus en plus fréquemment de forts picotements au cœur comme des aiguilles plantées. Et j'ai des nausées et des vertiges à chaque fois que je me lève." Voici le message alarmant reçu mercredi 29 mai par les avocats de Mathias Echène. Ce Français de 49 ans leur a écrit depuis sa prison de Bali, en Indonésie, où il est détenu depuis juillet 2017. Cet ancien trader reconverti dans la construction de villas de luxe est en grève de la faim depuis le 1er avril, soit 59 jours, pour protester contre sa "détention arbitraire", dénoncée avec vigueur par ses conseils, Clémence Witt et Victor Champey

Pour comprendre cette affaire complexe, il faut remonter en 2006, à l'époque où cet homme originaire de Rodez (Aveyron) s'installe à Bali avec sa femme et ses enfants pour se lancer dans un projet de promoteur immobilier. Six ans plus tard, en avril 2012, ses associés originaires de Hong Kong, de puissants financiers, s'estiment victimes de surfacturations frauduleuses de la part de Mathias Echène sur deux projets immobiliers. Ils initient à la fois des poursuites civiles et pénales pour les mêmes faits. Arrêté à l'aéroport de Hong Kong, le couple est rapidement remis en liberté en échange d'une caution et rentre en France.

"Mes conditions de détention sont épouvantables"

Mais les autorités hongkongaises n'en restent pas là et délivrent à leur encontre deux mandats d’arrêt internationaux le 10 octobre 2013, assortis d’une notice rouge Interpol, le 16 septembre 2014. 

En mars 2015, Mathias Echène est condamné en son absence par le tribunal de Hong Kong à payer à ses ex-associés près de trois millions de dollars pour les deux projets immobiliers. Deux ans plus tard, le tribunal de grande instance de Paris rejette la demande d'exécution de ces décisions sur le territoire français, au motif qu'elles ont été rendues en violation du droit à un procès équitable. Confiant, Mathias Echène retourne en vacances à Bali. Sa notice rouge clignote et il est arrêté à l'aéroport, le 29 juillet 2017. 

Depuis, ce chef d'entreprise est incarcéré au centre de détention de Denpasar, réputé pour sa rudesse. Comme l'indique France 3 Occitanie, il vit dans une cellule de 60 m2 dans laquelle quatre-vingts détenus s'entassent. "Mes conditions de détention sont épouvantables, sans jamais sortir, sans jamais voir la lumière du jour", témoigne-t-il dans une vidéo qu'il a fait parvenir en avril, depuis le fond de sa cellule.

Les nombreux recours intentés par ses avocats n'y ont rien fait. Toutes les demandes de remise en liberté sont restées sans réponse, malgré les arrêts de la cour d'appel de Paris, fin mars, confirmant que les condamnations prononcées à Hong Kong ne respectent "pas le droit à un procès équitable et ne sauraient être reconnues en France".  

Un risque d'extradition vers Hong Kong

Mathias Echène risque toujours d'être extradé vers Hong Kong et les autorités indonésiennes restent sourdes au tout récent recours de ses avocats auprès des Nations unies pour dénoncer sa "détention arbitraire". "Le blocage des autorités indonésiennes met en péril la survie d'un ressortissant français pour un simple litige commercial", dénonce Me Clémence Witt, estimant que les jours de son client sont désormais "comptés".

Il est incarcéré dans des conditions inhumaines et dégradantes alors qu'il devrait être hospitalisé.

Clémence Witt, avocate de Mathias Echène

à franceinfo

Mathias Echène, qui a perdu dix-huit kilos depuis le début de sa grève de la faim, souffre par ailleurs d'arthrose à la hanche et de problèmes cardiaques. "On lui donne de la morphine pour sa hanche, qui est contre-indiquée pour son cœur", s'insurge son avocate.   

Du côté des autorités françaises, elles "sont mobilisées au titre de la protection consulaire, mais la situation n'évolue pas", constate Clémence Witt. Sollicité par franceinfo, le Quai d'Orsay n'avait toujours pas réagi mercredi soir. 

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