Reportage Au cœur de la réserve opérationnelle, ces soldats à temps partiel qui "ont tous cette volonté d'être utiles à la défense nationale"

"Pour le groupe, en ligne, à 75 mètres, en direction de la butte, en avant !" C'est sur le champ de tir du 2e RIMa – régiment d'infanterie de marine – que progresse le groupe de combat conduit par le sergent Mathieu. Une longue plaine terminée par un talus, devant lequel posent quelques cibles à figure humaine : tous les 30 mètres, les soldats tirent à balle réelle. Ils sont tous affectés à la 12e compagnie, l'une des deux compagnies du régiment formées exclusivement de réservistes, basée à Champagné, près du Mans. 

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Des réservistes certes, mais pour le chef de corps, le colonel Thomas Rousseau, il n'y a pas de différence de nature avec les soldats d'active. "J'ai l'habitude de les considérer comme les militaires d'active à temps partiel et donc ils viennent compléter mes effectifs quand j'ai besoin de fournir des missions supplémentaires." Il cite par exemple le cas des "opérations Sentinelle sur lesquelles ils prennent une part importante."

"Un autre monde, une autre vie"

L'examen de la loi de programmation militaire 2024-2030, qui régit le budget des armées pour les sept prochaines années, commence lundi 22 mai. Sur le budget de 413 milliards d'euros, qualifié d'historique, sont prévus la commande de nombreux matériels d'armements, le lancement de programmes majeurs – comme le futur porte-avion de Nouvelle Génération – mais aussi un doublement de la réserve opérationnelle. Actuellement, la réserve compte 40 000 hommes et femmes, soldats au même titre que les engagés, mais à temps partiel. C'est le cas du sergent Mathieu, chef de groupe de combat, qui exerce dans la vie civile la profession de "chef de projet dans un groupe aéronautique spécialisé dans le matériel pour les armées".

"Avec mon métier, j'arrive à me libérer une centaine de jours par an. Je prends beaucoup sur mes vacances pour venir ici, mais je suis hors de mon bureau."

Sergent Mathieu, réserviste du 2e RIMa

à franceinfo

Il y voit de vrais avantages : "Je n'ai pas mon ordinateur, je n'ai pas 12 000 mails qui tombent par jour. C'est un autre monde, une autre vie. Et je suis très content d'être là !" Le commandant de la 12e compagnie, le capitaine Emmanuel, est lui aussi réserviste : en temps normal, il est professeur de SVT, sciences et vie de la Terre. Les motivations pour s'engager dans la réserve sont variées, explique-t-il, mais beaucoup d'étudiants y souscrivent : "Pour certains, c'est effectivement un job étudiant, mais qui leur présente aussi des activités qui leur plaisent et c'est rémunéré, ce sont des professionnels à temps partiel. Nous sommes des contractuels et c'est vrai que par rapport à un travail étudiant, ils ont tous cette volonté d'être utile à la Défense nationale. C'est important dans leur motivation."

Des moyens financiers supplémentaires

Le doublement de la réserve, prévue par la loi de programmation militaire, donnera au régiment des moyens financiers supplémentaires "sous la forme de jours d'emplois possibles supplémentaires", explique le chef de corps, le colonel Rousseau.

"Soit j'ai davantage de réservistes qui viennent, soit les réservistes qui sont déjà là sont encore plus employés, et ça se fera d'ailleurs sans doute sous ces deux biais."

Colonel Rousseau, chef de corps du 2e RIMa

à franceinfo

Quant à organiser des recrutements, tout le monde s'y collera, jure le colonel : les 1 500 hommes et femmes du 2eme RIMa, du soldat jusqu'au chef de corps, ont tous vocation à jouer les sergents recruteurs pour grossir les rangs de la réserve opérationnelle.