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Nomination de François Lecointre chef d'état-major des armées : "C'est un excellent choix, il n'y a pas d'erreur de casting"

Le général Bertrand Soubelet, ancien numéro trois de la gendarmerie, a applaudi la nomination de François Lecointre au poste de chef d'État-major des armées, après la démission de Pierre de Villiers. 

Article rédigé par franceinfo
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François Lecointre (à gauche), en compagnie des ministres de la Défense malien (centre) et allemand (droite), au Mali, le 18 mars 2013. (OLIVER LANG / MAXPPP)

François Lecointre a été nommé chef d'état-major des armées, mercredi 19  juillet, lors du compte rendu du Conseil des ministres, en remplacement de Pierre de Villiers, démissionnaire. Le général Lecointre était jusque là chef du cabinet militaire du Premier ministre.

Le général Bertrand Soubelet, ancien numéro trois de la gendarmerie, a estimé sur franceinfo que cette démission du général de Villiers n'était "pas une affaire d'État". "Quand un Président arrive, souvent, il change ses principaux collaborateurs, et là c'est le cas", a-t-il ajouté. Le choix de François Lecointre "est un excellent choix". "C'est aussi un grand chef, et il n'y a pas d'erreur de casting".

franceinfo : Le chef de l'État est-il allé trop loin dans cette crise avec son chef d'État-major des armées ?

Bertrand Soubelet : Je ne sais pas si l'on peut qualifier cela de crise. Il y a eu un débat et une agitation médiatique avant le 14-Juillet sur les questions budgétaires pour les armées. Le chef d'État-major des armées a pris position devant la commission de l'Assemblée nationale. Il est resté parfaitement dans ses prérogatives de chef d'état-major des armées.

Il y a manifestement eu quelques désaccords d'analyse avec le président de la République. Il en a tiré les conséquences, il s'en va. Ça n'est pas une affaire d'État.

général Bertrand Soubelet

à franceinfo

C'est cependant inédit parce qu'il y a eu une agitation médiatique autour de l'annonce des 850 millions d'euros en moins sur le budget. Cette annonce a été faite, à mon avis, à contre-temps car on ne fait pas une annonce comme ça à quelques jours du 14 Juillet. Il y a aussi une contradiction avec le programme que le président avait annoncé, soit une augmentation du budget de la Défense. Le chef d'état-major en tire les conclusions, il considère qu'il n'est plus en accord avec la mission qu'il a reçue, donc il dépose sa démission au président de la République. Quand un Président arrive, souvent, il change ses principaux collaborateurs, et là c'est le cas.

Fallait-il publiquement recadrer le chef d'État-major des armées le 14-Juillet ?

Je ne sais pas si le recadrage s'adressait uniquement au chef d'État-major des armées, c'était plutôt fléché, mais je ne pense pas que ce soit le fond du problème. Ça fait partie des ajustements qui doivent être faits quand un nouveau pouvoir arrive. François Lecointre arrive comme chef d'état-major des armées. Je le connais très bien, c'est un excellent choix. C'est aussi un grand chef, et il n'y a pas d'erreur de casting. Je pense qu'il n'y aura pas beaucoup de réactions négatives à la nomination de François Lecointre.

Comment va-t-il restaurer ce lien de confiance ?

François Lecointre est un très grand professionnel, il a l'habitude de gérer les situations de crise, et je pense qu'il saura gérer cela de main de maître. J'espère que le lien de confiance entre le président de la République et les armées va se stabiliser car, lorsqu'on est dans les forces armées, on a besoin qu'il y ait une harmonie entre les grands chefs et le président de la République. Les soldats qui sont déployés sur des terres extérieures espèrent avoir les moyens de leurs missions, que leurs équipements soient remplacés et qu'ils aient la certitude de pouvoir travailler en sachant que leurs épouses sont en base arrière, et qu'ils vont être payés malgré la baisse de 850 millions d'euros. Cette baisse pose un problème, le président avait annoncé vouloir porter le budget des armées à 2% du PIB, c'est-à-dire à 50 milliards d'euros en 2025, ce qui suppose un effort annuel de +2 milliards d'euros par an. Tout ça n'est pas cohérent. (...) On a effectivement un déficit, on a des problèmes budgétaires, mais il y a, à mon avis, des ministères dans lesquels on ne peut pas aller prendre de l'argent, notamment celui de la Défense.

"Il y a une contradiction avec le programme que le président avait annoncé", général Bertrand Soubelet, à franceinfo.

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