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Le spectre d'une pénurie mondiale d'engrais inquiète les professionnels

Pour maintenir leur rentabilité, plusieurs fabricants européens d'engrais cessent leur production d'ammoniac, obtenu en combinant l'azote de l'air et l'hydrogène provenant du gaz naturel.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Déchargement d'engrais dans le port de Colombo (Sri Lanka), le 22 août 2022 (PRADEEP DAMBARAGE / NURPHOTO / AFP)

Ils sont indispensables aux agriculteurs. Les engrais deviennent pourtant inabordables, alertent industriels et analystes du marché, conséquence de l'augmentation du prix du gaz avec la guerre en Ukraine. Jamais les engrais de synthèse dits NPK – fabriqués à partir d'azote, de phosphore ou de potasse – n'ont été aussi chers : les prix internationaux ont triplé entre début 2021 et mi-2022. En Europe, les engrais NPK s'inscrivent à un niveau "historique", car indexés sur les prix du gaz – qui constituent 90% des coûts de production des engrais azotés comme l'ammoniac et l'urée. 

Pour maintenir leur rentabilité, plusieurs fabricants européens d'engrais cessent leur production d'ammoniac, obtenu en combinant l'azote de l'air et l'hydrogène provenant du gaz naturel. Ce qui n'était pas arrivé depuis la crise financière de 2008. "On a un gros problème : ça ne passe plus pour tous ceux qui fabriquent de l'ammoniac, car le gaz est 10 à 15 fois plus cher qu'avant", explique à l'AFP Nicolas Broutin, patron de la filiale française du producteur norvégien Yara, numéro un européen des engrais azotés. Yara a annoncé jeudi qu'il allait encore réduire sa production d'ammoniac en Europe du fait du prix du gaz, en n'utilisant plus que 35% de sa capacité de production sur le vieux continent.

Un risque de crise alimentaire mondiale en 2023

Cette semaine, le premier producteur polonais Azoty a annoncé qu'il suspendait 90% de sa production d'ammoniac, et le premier producteur lituanien Achema a aussi annoncé l'arrêt de son usine le 1er septembre. En Hongrie, Nitrogenmuvek est à l'arrêt, et l'usine Borealis de Grandpuits en France doit s'arrêter en septembre et octobre, selon une publication du cabinet d'analystes Argus.

"Le risque de pénurie, si toute l'Europe s'arrête, est réel, il peut y avoir un problème de ressource car on fabrique les engrais l'hiver en prévision du printemps 2023", ajoute M. Broutin. Le patron de l'ONU a rappelé que les engrais et produits agricoles russes étaient exemptés des sanctions et devaient pouvoir librement accéder aux marchés mondiaux "sans entrave", au risque d'une crise alimentaire mondiale en 2023.

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