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"Le champagne, c'est français !" : deux ministres montent au créneau pour défendre une appellation protégée que la Russie veut s'approprier

Franck Riester et Julien Denormandie se sont rendus vendredi à Epernay auprès des producteurs de champagne pour les soutenir face à la tentative de la Russie de contourner l'appellation géographique contrôlée.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une nouvelle loi russe réserve l'appellation "champagne" écrite en cyrillique aux seuls vins produits en Russie et oblige les producteurs français de champagne à apposer une contre-étiquette qui mentionne "vin mousseux" ou "vin pétillant". Photo d'illustration.  (LIONEL VADAM / MAXPPP)

Ils sont tous là autour d'une table ronde. Mobilisation générale des maisons de champagne dans leur fief d'Epernay. Deux ministres en visite coordonnent les grandes manœuvres : Franck Riester pour le commerce extérieur et Julien Denormandie pour l'agriculture. En effet, une loi russe interdit aux producteurs français d'utiliser le nom champagne en russe et en caractères cyrilliques sur les grandes étiquettes qui figurent sur la face des bouteilles. Elle réserve ce droit aux producteurs russes de vins mousseux.

"Le champagne, c'est français, et cela vient de la Champagne", lancent les ministres. Pour donner plus de force au propos, ils sont attendus dans les caves d'une prestigieuse maison de champagne : le champagne Pol Roger, le favori de Winston Churchill. "Si vous alignez toutes les caves, je crois qu'on est à près de 9 kms de caves", lance le directeur Laurent d'Harcourt qui ouvre les plus secrètes des galeries.

Une "question de principe"

La visite express se poursuit : dégorgeage, embouteillage, jusqu'aux quais de stockage pour l'envoi. Sur une palette, les cartons marqués Russie ont été stoppés, exportations interrompues comme dans les autres maisons de champagne. "J'ai demandé à ce qu'on les mette ailleurs pour que ça nous laisse de la place pour les autres commandes, explique Laurent d'Harcourt. Là, vous avez l'étiquette en russe avec écrit "Champanskoïe", mais c'est champagne !"

Les cartons du champagne Pol Roger ont été stoppés à l'exportation, le 9 juillet 2021 à Epernay. (GREGOIRE LECALOT / RADIO FRANCE)

Le temps des tsars où la Russie était le premier marché d'export est loin. Aujourd'hui, le pays est au 15e rang, avec tout de même deux millions de bouteilles vendues par an. Pas de catastrophe économique, mais la nouvelle loi russe est inacceptable pour David Châtillon, directeur de l'union des maisons de champagne : "Ce n'est pas une question de coût, c'est une question de principe puisque ça fait plus de 20 ans que nous cherchons à faire reconnaître l'appelation champagne en Russie. Champagne en caractères latins et en caractères cyrilliques."

"Il ne s'agit pas de partir en guerre contre les Russes qui sont des amis du champagne."

David Châtillon, directeur de l'union des maisons de champagne

à franceinfo

Des discussions vont débuter avec la Russie car derrière l'appellation champagne, d'autres sont menacées. "Ça n'est pas simplement une problématique pour le champagne mais pour d'autres appellations comme par exemple le cognac, explique Franck Riester, le ministre du commerce extérieur. Nous sommes déterminés à protéger les intérêts de ces filières. Fermeté mais main tendue pour pouvoir avoir le respect de quelque chose d'essentiel que sont les indications géographiques." En attendant l'ouverture de négociations, verre de champagne pour tout le monde. La méthode champenoise pour s'imprégner du dossier.

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