La France manque-t-elle de rigueur face aux CV truqués ?
Selon Mediapart, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, aurait triché pour obtenir son doctorat en fabricant un faux diplôme. Une manœuvre courante qui n'est pas appréciée de la même façon chez les Anglo-saxons.
Qui n'a jamais légèrement embelli son CV ? Mais gare à ne pas passer du simple maquillage au gros truquage. Le premier secrétaire du PS, en fait l'amère expérience. Jean-Christophe Cambadélis est épinglé mercredi 17 septembre par Mediapart pour avoir passé en juin 1985 un doctorat sans avoir les diplômes nécessaires : "Ni licence, ni maîtrise, ni DEA", précise le site.
En mai 2013, le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim avait dû démissionner après des accusations de plagiat et s'être indûment prévalu d'une agrégation de philosophie, rappelle L'Express.
Les Français seraient-ils, comme l'affirme l'hebdomadaire, les champions du CV truqué ? L'Express cite, en effet, une étude de 2013 de l'institut Florian Mantione "faisant état de 75% de CV trompeurs (intitulé volontairement flou ou diplôme carrément inventé, exagération sur les postes occupés précédemment, durée des contrats étirée ou encore compétences linguistiques exagérées)." Deux exemples montrent en tout cas que ce type de fraude semble plus sévèrement contrôlé et puni chez nos voisins.
En Allemagne, des embauches plus rigoureuses
Plusieurs cabinets de recrutement se montrent, en effet, plus rigoureux en Europe, comme c'est le cas en Allemagne, par exemple, où la procédure d'embauche fait preuve d'une attention particulière. "Les CV, qui comportent plusieurs pages, sont souvent assortis des copies des diplômes et certificats de travail", détaille l'Express.
L'Etudiant précise que lorsqu'un candidat souhaite postuler à un emploi outre-Rhin, il doit envoyer un document de plusieures pages. "Car le CV n’est qu’un élément d’un véritable dossier de candidature. Ce dossier comprend les copies des diplômes obtenus par les candidats, des justificatifs des formations continues suivies ainsi que des certificats de travail détaillés, ou des lettres de référence d’enseignants ou de maîtres de stages pour les débutants", précise le site.
Et quand une imposture est démasquée, comme ce fut le cas en 2011 pour le très populaire ministre de la Défense d'Angela Merkel, Karl-Theodor zu Guttenberg, accusé de plagiat concernant sa thèse de doctorat de droit, la sanction est rapide : il est contraint à la démission.
Aux Etats-Unis, une sanction rapide
La culture américaine s'accommode mal du mensonge. Le Figaro rappelle qu'en mai 2012, Scott Thomson, directeur général du groupe Yahoo!, a dû démissionner. "Le fonds d'investissement Third Point, qui est monté à 5,8 % du capital de Yahoo! en quelques mois, a dénoncé dans une lettre au conseil d'administration une anomalie sur le CV de Scott Thompson, directeur général de YahooDans les documents financiers de Yahoo!, le successeur de Carol Bartz est présenté comme diplômé en comptabilité et sciences informatiques du Stonehill College. Or cette université n'a commencé à proposer ce cursus qu'en 1983, soit quatre ans après que ScottThompson y a fini ses études!"
Et de souligner que le fonds d'investissement "tacle aussi le conseil d'administration, qui n'aurait pas correctement enquêté et examiné les candidatures pour le poste".
Scott Thompson a entraîné dans sa chute Patti Hart, administratrice du groupe américain et directrice générale d'International Game Technology (IGT). "Elle avait déclaré détenir une licence en économie et en marketing alors qu'elle détient en fait une licence en gestion", indique encore Le Figaro. Comme Scoot Thompson qu'elle avait contribué à faire embaucher, elle a pris la porte.
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