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Quand le gouvernement se congratule alors que le chômage monte

Alors que le chômage continue de progresser au mois de mars, établissant de nouveaux records, le ministre du Travail y voit "une phase d’amélioration de la tendance". Francetv info revient sur les remarques gouvernementales les plus notables.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
François Rebsamen, ministre du Travail, à l'Assemblée nationale, à Paris le 25 mars 2015. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

De l'art de voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. Alors que le chômage est encore en hausse au mois d'avril, avec 26 200 demandeurs d'emploi en plus en catégorie A, selon les chiffres publiés lundi 1er juin par le ministère du Travail, le gouvernement tente coûte que coûte de relativiser cette nouvelle progression. Une véritable gymnastique sémantique et statistique déjà vue ces derniers mois...

Mai 2014, + 24 000 demandeurs d'emploi : 
"Le chômage au sens du BIT se stabilise"

En 2014, le chômage enregistre une forte hausse entre les mois d'avril et de mai : +24 800 demandeurs d’emploi en catégorie A, soit +0,7%. "Ces chiffres ne sont pas bons", concède François Rebsamen.

Mais, pour le ministre du Travail, l'échec n'est pas total. Le chômage est mesuré de différentes manières. Et, si les chiffres retenus par le ministère ne lui sont pas favorables, François Rebsamen souligne qu'il existe d'autres cadres de référence. "Le chômage au sens du BIT se stabilise, traduisant l’efficacité des dispositifs encourageant la formation, l’investissement et l’embauche comme le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et les emplois d’avenir", écrit-il.

Juillet 2014, + 9 400 demandeurs d'emploi : 
"Des signes positifs sont visibles"

En juillet 2014, le chômage augmente à nouveau. Pôle emploi comptabilise 9 400 demandeurs d'emploi supplémentaires en catégorie A. Une hausse de 0,3% par rapport au mois précédent.

"Cependant, des signes positifs sont visibles", écrit le ministère du Travail, en observant que le nombre de jeunes en catégorie A diminue sensiblement. "Les efforts que le gouvernement déploie depuis deux ans ont permis de contenir la progression" du chômage, insiste-t-il. La preuve : "Au second trimestre 2012, la progression mensuelle moyenne du nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A était de 18 700 ; au second trimestre 2013, de 17 200 ; au second trimestre de 2014, de 16 300."

Septembre 2014, + 19 200 demandeurs d'emploi : 
"La progression mensuelle moyenne ralentit"

Entre août 2014 et septembre 2014, la France enregistre 19 400 demandeurs d'emploi de catégorie A supplémentaires. Ce n'est pas si dramatique, selon le ministre du Travail. "La progression mensuelle moyenne du chômage ralentit cependant ce trimestre : +11 400/mois, contre +16 300/mois au T2 et +14 000 au T1", écrit François Rebsamen dans un communiqué.

Et il faut laisser du temps au temps. D'après le ministre, si les résultats des mesures adoptées par le gouvernement ne sont pas encore visibles, c'est parce qu'il est encore trop tôt. "Les réformes ont besoin de temps pour produire leurs effets ; c’est pourquoi les mesures, comme la garantie jeunes, mises en œuvre pour insérer et qualifier les personnes peu qualifiées ou déqualifiées doivent être poursuivies et amplifiées", écrit le ministre.

Octobre 2014, + 28 400 demandeurs d'emploi :
"L'impact positif des politiques de l'emploi"

En octobre 2014, le nombre de demandeurs d'emploi augmente de 0,8% par rapport à septembre (+28 400) en catégorie A. "La hausse est plus limitée pour les plus jeunes et les plus âgés, montrant l'impact positif des politiques de l'emploi, se réjouit le ministère du Travail dans son communiqué mensuel, citant "notamment les 150 000 emplois d'avenir qui ont été signés ou les mesures en faveur des seniors".

Décembre 2014, + 8 100 demandeurs d'emploi :
"La progression ralentit"

François Rebsamen avait reconnu en octobre 2014 que le gouvernement était "en échec" sur la question du chômage. "A titre personnel, devoir annoncer chaque mois une augmentation du chômage, c’est une souffrance", avait-il déclaré. Peut-être est-ce pour cette raison que le ministre se contorsionne pour trouver des signaux encourageants.

Entre les mois de novembre 2014 et de décembre 2014, le chômage enregistre une hausse de 0,2%. Un nouvel échec, donc. Mais le ministre du Travail souligne dans un communiqué que "la progression ralentit : elle est deux fois inférieure à la moyenne mensuelle des douze derniers mois". "Le plein déploiement du Pacte de responsabilité et de solidarité et une amélioration de l’environnement économique, dynamiseront l’emploi en 2015", prédit-il.

Mars 2015, + 15 400 demandeurs d'emploi :
"Une phase d’amélioration de la tendance"

Après une légère embellie en janvier, le nombre de demandeurs d'emploi sans aucune activité est reparti à la hausse en février. Une tendance confirmée en mars. Qu'importe, François Rebsamen estime dans un communiqué que "le début d’année 2015 demeure une phase d’amélioration de la tendance".

"Sur les trois premiers mois de l'année, l'augmentation du nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A a avoisiné 3 000 chaque mois en moyenne. Ce rythme de progression est près de quatre fois moins élevé que celui observé en 2014 et le plus faible enregistré depuis début 2011", se targue le ministre du Travail.

A peine François Rebsamen accepte-t-il de reconnaître que cette "phase (...) ne suffit pas à obtenir, pour le moment, une baisse régulière du nombre de demandeurs d’emploi". Reste qu'il note un "signe positif : les déclarations d’embauches de plus d’un mois depuis le début de l’année progressent (+1,6% selon l’Acoss), en particulier dans les TPE [très petites entreprises]". En somme, même si le chômage continue de progresser, "les mesures adoptées commencent à porter leurs fruits", se réjouit le ministre, en guise de conclusion.

Avril 2015, + 26 200 demandeurs d'emploi : 
"Notre politique a permis de limiter les effets de la crise"

En avril, le nombre de demandeurs de chômeurs de catégorie A continue de grimper, de +0,7%, soit la plus forte hausse depuis novembre. Une hausse généralisée, qui concerne toutes les catégories de demandeurs d'emploi : difficile, donc, pour François Rebsamen, de trouver un chiffre auquel se raccrocher. Ce qui ne l'empêche pas d'affirmer, dans un communiqué, que "la politique de l’emploi [du gouvernement] a permis de limiter les effets de la crise pour de très nombreux Français". Et d'annoncer un renforcement de cette politique, avec notamment 100 000 emplois aidés supplémentaires.

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