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"La baisse du chômage ne bénéficie pas à tous", relativise l'association Territoires zéro chômeur

Selon Antonin Gregorio, directeur de l'association, "il y a un changement de regarde à opérer" sur les chômeurs de longue durée, particulièrement éloignés du marché de l'emploi.

Article rédigé par franceinfo
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Une femme pousse la porte d'une agence Pôle emploi, en Alsace, le 8 octobre 2020 (illustration). (VANESSA MEYER / MAXPPP)

L'année 2021 a vu une baisse record du chômage, avec un recul de 12,6%% de celui-ci pour les demandeurs d'emploi sans aucune activité (catégorie A). Cependant, cela "ne bénéficie pas à tous", a relativisé ce mercredi soir sur franceinfo Antonin Gregorio, directeur général de l'association Territoires Zéro Chômeur de longue durée. Il a expliqué que les chômeurs de longue durée "sont les premiers frappés par les crises et souvent les derniers à bénéficier de la reprise".

franceinfo : Quelle est la situation des chômeurs de très longue durée ?

Antonin Gregorio : On peut se satisfaire de la baisse [du chômage] mais, malheureusement, la reprise ne bénéficie pas à toutes les personnes privées durablement d'emploi. Les chômeurs depuis plus d'un an et surtout de très longue durée, sont plus de 2 millions dans le pays. Ils sont les premiers frappés par les crises et souvent les derniers à bénéficier de la reprise. C'est ce qu'on constate encore aujourd'hui avec ces chiffres et ça traduit un constat : le manque d'emplois. Il est urgent que l'on crée des emplois de qualité supplémentaires. C'est d'ailleurs ce à quoi nous nous employons avec "Territoires zéro chômeur de longue durée". Je rappelle que l'expérimentation, c'est déjà plus de 1 300 personnes qui ont retrouvé un CDI sur les territoires. Ce sont des emplois utiles.

Qu'est-ce qui coince pour leur retour à l'emploi ?

Hier, on a publié un livre blanc, intitulé Paroles de chômeurs avec 19 autres organisations. On y constate que 87% des chercheurs d'emploi que nous avons interrogés se voient comme des personnes persévérantes et 5,4% reconnaissent qu’elles n’y croient plus. Leur activité principale demeure la recherche de travail, qui prend parfois certaines périodes jusqu'à un temps plein. Privé d'emploi, ça ne veut pas dire privé d'activité. Il y a un ensemble de facteurs, territoriaux ou liés à l'âge. C'est en faisant venir l'emploi à la personne et pas la personne à l'emploi, que nous y arriverons pour mettre en œuvre le droit à l'emploi.

C'est plus difficile pour les "seniors", ceux qui ont 45 ou 50 ans ?

Oui, on le constate. Les chiffres sont assez clairs sur cet aspect. Territoires Zéro Chômeur, c'est une personne en moyenne de 45 ans, qui a quatre ans de chômage de longue durée derrière elle. Les chiffres sont là. Il y a aussi un changement de regard à opérer. Des choses sont en train d'être faites. Il faut que nous poursuivions dans ce sens.

Faut-il développer le démarchage des chômeurs au plus près d'eux ?

Il faut travailler avec les entreprises locales, où les acteurs de l'emploi sont imaginatifs. Ça ne comblera pas le fait que nous avons 2,5 millions de chômeurs de longue durée mais il est temps de coordonner les différentes actions avec les entreprises des territoires, et nous développerons une méthode pour développer ce droit à l'emploi, dont je rappelle qu'il est dans la Constitution française.

Quand on parle de créer des emplois de qualité pour récupérer les chômeurs de longue durée, qu'est-ce qu'on vise ?

C'est du CDI, parce que le CDI apporte tous les autres droits, notamment sur les questions de surendettement, de logement et autres. C'est aussi un emploi. Aujourd'hui, nous développons territorialement des emplois sur des travaux utiles au territoire. Au total, 43% de nos activités sont liées à la transition écologique. Ce sont ces emplois de qualité qui ont du sens et qui apportent des droits avec par ailleurs une rémunération décente. Tout l'enjeu d'adapter l'emploi aux personnes et pas toujours les personnes à l'emploi.

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